"Femmes voilées : laissons-les en paix !" Voilà le titre sous lequel est parue, ce mardi 27 octobre 2009, une Carte Blanche dans le Soir. Signatures : Fabienne Brion Centre de recherches interdisciplinaires sur la déviance et la pénalité, UCL ; Philippe Van Parijs Chaire Hoover d’éthique économique et sociale, UCL. On peut la lire sur
http://www.lesoir.be/forum/cartes_blanches/2009-10-27/femmes-voilees-laissons-paix-734864.shtml . Elle mérite quelques remarques.
Le texte cultive un flou artistique sur l'enjeu réel du débat actuel : "Des femmes et des jeunes filles musulmanes portent le foulard. Cela gêne, irrite, enrage même pas mal de monde (...) réclamer à l’unisson l’interdiction du voile à l’école et en d’autres lieux". "Et en d'autres lieux" ? On n'est pas plus vague. Faut-il rappeler qu'il s'agit uniquement de l'interdiction des signes religieux ostentatoires à l'école et dans certains secteurs de l'administration ? Et que seul le premier de ces deux points est concrétisé par une proposition de loi ? Oui, il faut le rappeler, puisque grâce à pareil flou, beaucoup de gens l'ignoreront et croiront (comme c'est souvent déjà le cas, notamment bien sûr parmi des musulmans) qu'il est question d'une interdiction de porter le foulard dans la rue, ce qui serait inimaginable et liberticide.
Les auteurs négligent quelques détails. Par exemple, puisqu'ils comparent les règles de la pudeur d'une société à l'autre, et le foulard au soutien-gorge, ils négligent que les seins sont un caractère sexuel - les cheveux pas -. Ils semblent ignorer que, nonobstant, le topless ne suscite depuis longtemps plus guère d'émotion sur nos plages, et est admis dans les piscines suédoises. Il est vrai qu'il a été découragé à Bruxelles-Bains mais c'était, expliquent les organisateurs, ... pour ne pas heurter certaines cultures. Ils oublient également que la longue marche des féministes s'accompagna en Occident de tensions portant également sur les vêtements : il y a peu de temps que chez nous, une femme portant autre chose qu'une jupe autour de ses jambes se faisait traiter, comme le rappelle Vian dans "Les instanfataux", de "singe en pantalon" (parallèlement, un homme à cheveux longs se faisait traiter de "sale pédé"). Est-ce un hasard si cette évolution vers plus d'égalité dans la vêture fut parallèle à celle - encore loin d'être satisfaisante - vers plus d'autonomie et plus d'égalité ? Oui,"les critères de décence varient d'une culture à l'autre". Justement. Est-ce une raison pour en accepter, des critères, qui correspondent à plus d'aliénation (encore) que ce que nous vivons généralement dans nos sociétés ?
"L’obsession actuelle pour le foulard (...) viole l’idéal de respect mutuel impartial dont se revendiquent nos démocraties libérales". "L’idéal de respect mutuel impartial dont se revendiquent nos démocraties libérales", (s'il existe, et si tant est que nos démocraties sont libérales), impose-t-il que tout soit "impartialement" considéré comme également acceptable ? Face à la violence envers les femmes, la tolérance zéro a enfin été officiellement imposée chez nous. Mais certaines cultures acceptent beaucoup plus que la nôtre aujourd'hui la violence conjugale. Devons-nous dès lors, au nom d'une impartialité qui me paraîtrait très partiale, renoncer à nos récents acquis et nous calquer sur elles ? Confrontés à la xénophobie, au racisme, à l'intolérance, faut-il les traiter avec "respect mutuel impartial" ? Une modeste mais importante évolution a installé dans les sociétés occidentales - ou plutôt dans certaines - un accord minimum, au moins théorique, sur l'égalité des sexes. Faut-il faire marche arrière au nom de l'impartialité parce que la situation n'est pas la même dans les sociétés musulmanes, auxquelles les auteurs se réfèrent explicitement ?
"Remplacer une obligation héritée d’un père ou d’une mère par une interdiction imposée par un directeur ou un ministre ne peut être jugé libérateur que par ceux qui se font de la liberté une conception bien particulière. " Sous son air d'anarchisme bravache, cette phrase est une bêtise. La vision que les auteurs jugent "bien particulière", c'est la célèbre conception de Lacordaire : "Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit". Si l'on prenait les auteurs au mot, on devrait rejeter les lois qui ont aboli l'esclavage, puisqu'elles étaient édictées par des ministres. Bien sûr, il existait un mouvement pour l'émancipation, et il existait des fuites ou des révoltes d'esclaves - loi et mouvement de base ont opéré leur jonction, comme dans beaucoup d'autres luttes - . De même il existe aujourd'hui un courant féministe au sein du monde musulman, et dont les membres souhaitent souvent que le législateur soutienne leurs efforts. Mais cette pirouette selon laquelle une loi ne pourrait pas émanciper permet aux auteurs de négliger les tristes conclusions auxquelles est parvenu le Centre d'Action Laïque, « Les témoignages qui remontent des écoles (...) font de plus en plus état du harcèlement que subissent certaines jeunes filles musulmanes, quand elles ne portent pas le foulard islamique », ou les constatations émises par les directrices de deux écoles anversoises, qui avaient d'abord refusé d'interdire le foulard, et ont dû changer de cap en constatant que leurs élèves subissaient dès lors des intimidations pour qu'elles le portent, ou encore les témoignages des professeurs parlant de la surveillance exercée sur les filles par leurs frères. Curieusement, les auteurs argumentent néanmoins "La liberté, c’est avoir le droit de poser des choix. " On voit mal quelle liberté de poser des choix peut être exercée dans pareil contexte. Et l'on comprend mal pourquoi les auteurs n'intiment pas leur "Laissez-les en paix !" à ceux qui pratiquent pareilles pressions.
Bien entendu, nous lisons que "Bien plus cruciale est la question de savoir comment fournir aux élèves musulmanes comme à tous les adultes de demain une formation scolaire qui augmente leur marge de choix dans tous les domaines". Cela devient un grand classique de nous affirmer que décidément, il faut choisir, poire ou fromage : impossible, nous dit-on, de mener une politique positive dans deux domaines à la fois, la qualité de la formation et l'émancipation. Il me semble au contraire que les deux sont complémentaires, qu'une personne à qui on a donné la possibilité de faire ses choix en connaissance de cause aura plus de possibilités de bien guider sa barque dans la vie. Car oui, une loi sera un pas vers une meilleure possibilité de faire ses choix. Si une fillette est conditionnée dès son plus jeune âge à se sentir coupable quand sa tête n'est pas couverte, qu'on ne me dise pas qu'elle sera plus tard en état de choisir en toute indépendance psychologique. Il importe donc de tenir la balance, si pas égale, du moins aussi peu inéquitable que possible. Et pour cela, il est nécessaire que cette fille puisse goûter une autre situation, celle où elle a autant le droit d'aller tête nue, ou de pratiquer l'exercice physique, que les garçons de la classe, et ceci sous l'autorité de l'école - et de la loi - . Seule la protection de la loi le lui permettra. Etre voilée à la maison, non voilée à l'école, me paraît bien plus préparer au libre choix qu'une unique vision de soi , imposée et intériorisée en permanence depuis l'enfance - les fillettes concernées par le dossier "voile" de Dison avaient neuf ans.
Une loi "foulard - école" pousserait à la radicalisation, nous dit-on encore. Les auteurs fantasment "cent Antigone" qui "arboreront le foulard ailleurs avec d’autant plus d’ardeur, voire d’extravagance". Cette menace fut brandie en France. Or, si l'on parcourt les forums Internet musulmans de France aujourd'hui, cinq ans et demi après la loi foulard-école, on y trouve, au lieu de cent Antigone échevelées (si l'on ose dire en l'occurrence), beaucoup de musulmans qui s'interrogent prudemment, d'autant que la remarque "L'obligation du voile sur les cheveux ne figure pas dans le Coran" fait son chemin malgré les polémiques. Ces musulmans se demandent si pareil enjeu mérite tant de remous qui risquent de les isoler du reste de la société où ils vivent. Et les discussions sur les droits des femmes vont bon train. De même, la menace, évidemment brandie dans cette Carte Blanche, d'assister à une ruée vers les écoles musulmanes ne s'est pas concrétisée en France, comme nous l'avons exposé ici , les parents musulmans donnant la priorité à un enseignement préparant efficacement leurs enfants à la vie active.
Les auteurs s'inquiètent de voir dans les remous autour du voile une atteinte au droit à la foi. "La foi serait-elle un nouveau pudendum ? Et la manifestation d’une conviction religieuse, une forme d’attentat à la pudeur ? (...) cacher non seulement ce sein, mais cette croyance que l’on ne saurait voir ?". C'est ici - comme dans le reste - faire bon marché de la spécificité du voile, de ce qu'il implique comme conception des rapports entre hommes et femmes, et ne pas mentionner qu'en plus le foulard ne voyage pas seul : ses compagnons sont la polygamie toujours explicitement autorisée, un droit à l'héritage réduit (1) ou une fiabilité de témoignage égale à la moitié de celle d'un homme (2) (pour ne pas parler de pratiques infiniment plus brutales dont les musulmans répondront avec raison qu'elles sont des dévoiements de leur religion, qui a représenté une amélioration du sort des femmes par rapport aux pratiques antéislamiques) (3). J'ajoute ce triste paysage, dans mon quartier, de rues où le soir on ne voit plus que des hommes. Et je me demande, si l'on admet que le respect de la religion impose d'accepter le port du voile à l'école, comment on refusera ensuite que l'hypothèse créationniste ait officiellement droit de cité dans l'enseignement.
La polémique autour et alentour du voile a d'ailleurs d'intéressantes retombées dans les forums musulmans, où des interrogations sont nombreuses sur les rapports homme-femmes, avec des réponses d'une grande variété de ton... Mais si le voile relève d'une volonté d'obéir à sa religion, qu'on m'explique pourquoi, comme des témoignages me le rapportent, un certain nombre de jeunes filles le portent en Belgique, mais le retirent lors de leurs vacances au Maroc. (4) Est-ce la Belgique dont le sol exalte la foi, ou est-ce simplement la pression du milieu qui s'exerce plus fortement ? Cette même pression accrue dont me parlent des personnes issues de l'immigration, et qui fait que je vois dans les rues voisines fleurir bien plus de foulards et de djellabas qu'il y a 25 ans ? Ce n'est pas en aidant cette pression à s'exercer que les auteurs rendront un service à celles qu'ils prétendent défendre.
(1) "au fils, une part équivalente à celle de deux filles", dit le Coran. Même s'il existe des exceptions, "Il est vrai qu'en règle générale, dans la plupart des cas, la femme hérite d'une part deux fois moindre que celle de l'homme". http://islammedia.free.fr/Pages/islam-heritage.html .
(2) "Le Coran rend le témoignage de l’homme égal à celui de deux femmes. De plus, la majorité des juristes soutiennent que le témoignage de la femme n’est pas recevable dans le cas de crimes majeurs et dans des affaires faisant intervenir la loi du talion." lit-on sur http://www.islamophile.org/spip/La-position-de-l-Islam-quant-au.html , qui explique que cette distinction n'est pas contraire à l'égalité mais est plutôt due, concernant la femme, "à ses dispositions naturelles et à ses inclinations spécifiques qui peuvent exclure son implication dans de telles affaires, alors même que son attention est focalisée sur sa qualité de mère et de maîtresse de maison". Néanmoins, "le témoignage de la femme doit être pris en compte dans les cas relevant des compétences de la femme telles que les relations familiales, la menstruation, l’accouchement, et autres affaires dont la connaissance était exclusivement réservée aux femmes au cours des siècles précédents et qui l’est probablement encore. »
(3) "En général, l'arrivée de L'islam a apporté une énorme amélioration à la position des femmes en Arabie antique, les dotant de propriétés et d'autres droits, et leur donnant une mesure de protection contre le mauvais traitement de leurs maris ou propriétaires. Le massacre des filles, sanctionné par la coutume arabe païenne, a été proscrit par l'islam. Cependant, la position des femmes est demeurée pauvre et s'est aggravée en plusieurs aspects quand le message initial de l'islam a perdu sa force et a été modifié sous l'influence des habitudes et des coutumes préexistantes". (Bernard Lewis, The Middle East, Weidenfeld&Nicolson, Londres, 1995, p. 210)
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Mots-clef : voile, foulard, islam, laïcité, loi, école
9 commentaires:
C'est lumineux (en tout cas bien plus que ce que j'ai répondu sur FB Nadia Geerts) où je me suis plus laissé aller... comme d'hab.
Totalement en phase (même si je suis plus anticlérical)
Merci pour la didactique
Laurent Quadflieg
"Les seins sont un caractère sexuel, pas les cheveux"
= proposition totalement absurde ; le "caractère sexuel" d'une partie du corps n'est pas une donnée naturelle mais une construction culturelle.
"le "caractère sexuel" d'une partie du corps n'est pas une donnée naturelle mais une construction culturelle". ??? Merci de me montrer une culture au sein de laquelle les femmes ont un pénis (caractère sexuel primaire) ou une pomme d'Adam (caractère sexuel secondaire) et les hommes un vagin ou un clitoris. Les seins des femmes, caractère sexuel secondaire, se développent au moment de la puberté, à la suite de modifications hormonales liées à l'appartenance sexuelle.
Vous confondez visiblement avec des constructions culturelles telles que "les garçons ont des cheveux courts", "les femmes portent des jupes" , "les hommes ne se maquillent pas"..., qui n'ont rien à voir avec mon propos ici.
Désolé, j'avais mal compris votre propos, mais je ne vois toujours pas ce que ça vient faire dans ce débat. Que les seins ne soient présents que chez les femmes n'enlève rien au fait que les cultures développent un rapport très différent avec cette partie du corps. De ce point de vue, la culture occidentale en fait une zone "à cacher" (sauf dans certains contextes très particuliers), comme l'islam le fait avec les cheveux. Notre manière de définir la pudeur est restrictive pour certains (les musulmans) mais extensive pour d'autres (des peuplades souvent en voie de disparition, malheureusement pour elles).
Je précise :
argument des auteurs de la Carte Blanche : "Vous ne respectez pas la pudeur des autres, puisque vous voulez leur imposer d'enlever leur foulard ; cela montre à quel point vous êtes injustes, car vous voulez attenter à la pudeur d'autrui, mais vous voulez qu'on respecte la vôtre, puisque vous respectez l'obligation du soutien-gorge, qui est équivalente à l'obligation du foulard. "
Je réponds : 1. Cette équivalence n'existe pas. Les cheveux ne sont pas un caractère sexuel, leur structure est identique pour les deux sexes, leur longueur dépend des époques, des modes et des choix personnels. Les seins sont un caractère sexuel, donc sont plus propres à réveiller les pulsions sexuelles, propices aux désordres (même si ce n'est pas vécu ainsi chez certaines peuplades d'Amazonie ou d'Afrique, qui ne sont pas partie à ce débat - et encore, l'on pourrait épiloguer sur le sens des mouvements de poitrine de danseuses africaines, sens qui ne me paraît pas purement esthétique, et dès lors sur la place de la sexualité dans certaines cultures africaines qui l'intègrent beaucoup plus que l'Occident ou l'islam). Vous verrez plus bas que le Coran me donne raison !
2. Mais malgré cette donnée, et vu une évolution de notre société envers la sexualité, la vue de la poitrine féminine y est de plus en plus acceptée et de moins en moins éveilleuse d'émotions et de polémiques (la grande majorité des plages me paraît autre chose que "certains contextes très particuliers"). Donc l'argument des auteurs : "Vous n'osez pas ôter les soutiens-gorges" tient encore moins la route : il s'ôte de plus en plus.
3. Ce qui montre effectivement les différences culturelles. Et donc l'argument des auteurs (c'est eux et non moi qui ont lancé ce débat) nous place devant cette question : l'école (car c'est uniquement d'elle qu'il s'agit ici) doit-elle accepter une conception de la pudeur rétrograde (au sens littéral : retour, même pas au 8è siècle, mais en fait aux sociétés antéislamistes - j'y reviens plus bas) par rapport à celle qui domine dans notre société ? Et bien sûr cette question ne peut être posée qu'en tenant compte de ce qu'en plus de la vision de la femme - proie sexuelle potentielle - que cette conception de la pudeur implique, elle ne peut se concevoir sans ses compagnons, refus de l'éducation physique, refus d'excursions mixtes, créationnisme, acceptation de la polygamie, différence dans l'héritage et le témoignage, et en pratique prière à la maison et pas à la mosquée, absence de la rue dès le début de la soirée... (La suite plus bas)
Enfin, ce jusqu'où je n'ai pas prolongé le débat : l'argument des auteurs tient d'autant moins que l'obligation de cacher ses cheveux ne figure nulle part dans le Coran. Elle provient d'interprétations qui s'inspirent d'une coutume arabe très largement antérieure à l'islam. Le texte inlassablement cité pour justifier l'obligation dit simplement "Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Sourate 33 - Al-Ahzâb : Les Coalisés verset 59) . De plus en plus de théologiens (et à leur suite, de simples fidèles) constatent que comme le dit Mohamed Talbi, musulman pratiquant, ancien recteur de l'Université de Tunis, il n'y a pas un mot dans le Coran pour parler des cheveux. On trouve par contre dans le Coran - qui peut donc être précis quand il le veut - une injonction concernant ... la poitrine (nous y revoilà) : "Dis aussi aux croyantes de retenir leurs regards, de préserver leur sexe, de n’exhiber de leur beauté que ce qui habituellement en apparaît, et de rabattre leurs voiles sur leurs décolletés (li-yadhribna bikhumûrihinna ‘alâ juyûbihinna). " (Coran XXIV : 30-31).
Comme quoi la différence entre la lettre du Coran et la pratique dominante de notre société est bien moindre que ce qu'affirment les auteurs.
D'autant que si nous revenons sur cette dernière citation , "Exhiber de leur beauté que ce qui habituellement en apparaît" : voilà qui est fort peu précis, et même sans signification, sauf à s'appuyer sur les critères dominants de la société dans laquelle vit la croyante - car il s'agit à l'évidence ici d'un conseil qui vise à ne pas être provoquante, à ne pas attirer l'attention de façon contraire aux bonnes moeurs, donc à respecter la décence telle qu'elle est conçue dans le contexte social. Dans la société où vivent les musulmanes de Belgique, de France, ... la chevelure fait bien partie de ce qui, de la beauté, habituellement apparaît.
Je pense que la question de la présence ou non de l'obligation du voile dans le Coran ne concerne que les musulmans. En tant que citoyens belges, nous n'avons pas à la prendre en compte pour nous prononcer sur son autorisation ou son interdiction à l'école. Je regrette de voir autant de laïcs se perdre dans les dédales de l'exégèse d'un texte auquel, de toutes façons, ils ne croient pas. Philosophiquement, c'est une démarche absurde.
Socialement, c'est une démarche hautement recommandée, si l'on préfère la discussion et une atmosphère de respect mutuel . Et si l'on juge utile d'informer les musulmans de l'existence d'un débat et des prises de position adoptées par d'autres musulmans, vu que ce débat est extrêmement important pour notre société. J'ai parfois l'impression que certaines personnes seraient ravies si tous les musulmans étaient belliqueux, intégristes, et sont frustrées par tout ce qui pourrait encourager les musulmans à un aggiornamento... Cela donnerait un prétexte pour être aussi rentre-dedans que possible à leur égard. Or, malgré l'écho de la poussée fondamentaliste, une étude Gallup de juillet, menée à Paris, Londres et Berlin montre la grande adhésion de la majorité des musulmans d'Europe aux valeurs de leur société d'accueil. Leur degré d'adhésion aux institutions démocratiques s'avère supérieur à la moyenne. Par ailleurs, les réponses à d'autres enquêtes sur des points précis (peine de mort, adultère) varient fortement d'un pays à l'autre, les immigrations étant originaires de régions différentes selon les pays. J'aime donc faire le pari d'une évolution favorable d'une religion avec laquelle nous devrons coexister et dont les options sont importantes aux niveaux belge comme international.
L'enquête Gallup
Autres sources
Ne laissons personne en "paix"! Porteurs/porteuses de la kipa, du voile, d'une croix, de dreadlocks et de rien, ne laissons personne en "paix"! La tolérance est un poison dont seuls l'accueil et la rencontre peuvent nous guérir. Il est important que tous nous puissions "goûter une autre situation". Pour autant, la loi, si elle affranchit, ne libère pas. Les dictatures ont des lois. On ne peut que se libérer, poser des actes nous permettant d'apprendre de nous même et d'autrui. Par contre, je ne comprends pas très bien pourquoi le soutien-gorge, s'appellant ainsi car on ne pouvait à l'époque parler de poitrine, n'évoque pas chez nous ce qu'il fut longtemps, un instrument de contrôle des femmes, une véritable ceinture de chasteté. Pourquoi le voile ne pourrait-il se libérer ? Pensant ce voile, qui est bien souvent "notre" voile, même en affirmant l'intérêt de nos structures éducatives et légales, pense-t-on les dynamiques poussant à le porter ? Il me semble que nous les esthétisons. Mais l'article de Tom ne sous estime pas la perte de nos libertés et une loi de plus en plus coercitive ainsi que liberticide. A quand une loi interdisant le port de marques à l'école? J'en ai souffert... Allé, tous à poils! ;-)Car si nous attendons que la joie de vivre nous mette à nu... Prenez soin de vous, Olivier Hofman (avec un prénom sexué imposé à l'âge de quelques mois seulement...)
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