samedi 27 février 2010

Pub : Lennon Et Les Nains (Vidéo)


John Lennon fait de la pub. Bien sûr, il n'en saura rien, puisqu'il a été assassiné en 1980. Mais il fait quand même de la pub, pour la DS3 de Citroën. Une agence de publicité a retrouvé des images du musicien, tournées peu avant le meurtre. Lennon y dit quelques phrases, en gros : "Pourquoi cette nostalgie, ce retour aux années '60 et ''70 ? Faites quelque chose d'original !". Et hop, on insère ces quelques secondes, on colle ensuite trois plans de la bagnole, musique : "W.A.R.R.I.O.R" des Ebony Bones, et passez muscade ! L'agence H a également retrouvé trois phrases de Marylin Monroe, mises à la même sauce. Que certains trouvent indigeste.

La Suite De L'Article :

Les fans britanniques de l'ex-Beatle sont enragés, et lancent une campagne de protestation. Certains veulent appeler au boycott de Citroën. La firme se défend en soulignant qu'elle a obtenu les autorisations nécessaires des ayants droit, c'est à dire, concernant Lennon, de Yoko Ono, qu'on applaudit bien fort (elle serait déjà la cible de 80.000 messages furieux sur Twitter).

Il me semble que cette colère est justifiée, et digne, ce que le spot n'est pas. Si Lennon avait voulu jouer l'homme sandwich dans des pubs, ce n'est pas l'occasion qui lui aurait manqué de son vivant. Et qu'un conseil qu'il lançait aux artistes soit transformé en réclame pour une automobile, cela ne ressemble pas à ce qu'aimait l'auteur de "Imagine" ou "Woman Is The Nigger Of The World". Ce genre de procédé permet - à qui en a les moyens - de mettre n'importe qui au service de n'importe quelle cause, de modifier l'image que cette personne aurait voulu laisser. Je trouve d'ailleurs anormal qu'une autorisation des ayant droits puisse le permettre : ceci me semble d'une autre nature que ce qu'on entend généralement par ce genre de droits. Mettre quelqu'un dans pareille situation après sa mort, cela n'a plus rien à voir avec par exemple une adaptation d'une oeuvre, une interprétation d'un morceau. C'est tout aussi respectueux que déterrer un cadavre.

Enfin, "ça se fait, coco". Donc, "If you can't beat them, join them", je suis le mouvement, et je fonde illico l'agence P.M.P. (Post Mortem Pub), qui vous annonce d'ores et déjà les premiers produits de sa ligne "S'ils l'avaient su !" :

- Jacques Brel dans un spot du Vlaams Belang ;
- Igor Stravinski annonçant le prochain Tokyo Hotel ;
- Baudouin 1er recommandant un Centre Extrahospitalier pratiquant des avortements ;

et notre triomphe assuré :

- Jean-Paul II bénissant les préservatifs Durex.



Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : lennon, ono, citroën, publicité, droit d'auteur

jeudi 25 février 2010

Le Café De La Rue Vous Invite


Bruxelles n'est pas trop riche en lieux de musique et de contes, raison de plus pour connaître et faire connaître ceux qui existent, comme le Café de la Rue. Café des années 30, qui a gardé toute son authenticité, situé dans le bas Molenbeek, près du canal, on y organise depuis 1981 des "dîners spectacles" de qualité : Claude Semal, Bruno Coppens, Jacques-Ivan Duchesne, Pierrette Laffineuse, Jean-François Maljean, Véronique Castanyer, Allain Leprest, Gilles Servat, Goun, Marc Lelangue, s'y sont produits, excusez du peu. Le lieu est adorable, avec son vieux poêle et le tableau de bois où l'on affichait les résultats du Daring et de l'Union Saint-Gilloise. De plus, un repas facultatif précède chaque spectacle. Jetez un oeil sur le programme, et réservez.


Suite de l'Article :

Suis-je bête ! Le programme n'est pas ici ! Il est ! Mais ce n'est pas loin...

Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : café de la rue, musique, contes, bruxelles

Najlae, 19 ans, battue ... et expulsée (Pétition et Vidéo)


Cela paraît tellement énorme qu'on se dit d'abord : ce doit être un hoax, un mauvais canular. Mais France 3, Libération et Le Monde reprennent l'info, qui est parfaitement authentique. Une jeune fille battue, qui s'est adressée aux forces de l'ordre, s'est retrouvée expulsée de France.

Najlae a quitté son pays, le Maroc, quand elle avait 14 ans. Elle voulait échapper à un mariage arrangé par son père. Elle avait trouvé en France un accueil, des amis, une scolarité, des études qu'elle menait avec sérieux dans un lycée professionnel, près d’Orléans ("une élève qui donnait toute satisfaction", dit l'un de ses professeurs). Elle y avait trouvé aussi un frère, qui l'hébergeait quand elle n'était pas à l'internat, mais qui se montrait régulièrement violent envers elle. La dernière fois qu'elle a pris des coups, Najlae, maintenant âgée de 19 ans, s'est rendue à la gendarmerie.

La Suite De L'Article :

Mais là, la plaignante est devenue accusée, puis condamnée. Comme ses papiers n'étaient pas en règle, au lieu de trouver dans les gendarmes des défenseurs, la jeune fille a été mise en garde à vue. La préfecture du département du Loiret a ordonné son expulsion. Le lendemain, elle a été mise dans un avion, destination le Maroc. Pourtant, les autorités régionales / départementales n'avaient pas le droit de l'expulser ainsi : elle devait passer devant un tribunal, et l'on ne pouvait l'expulser avant que celui-ci se soit prononcé. Plus précisément, suivant la Cimade (Comité Inter Mouvements Auprès Des Évacués, une organisation non gouvernementale qui accueille et défend les demandeurs d'asile et tous les migrants), la jeune fille avait reçu l'ordre de quitter le territoire après l'expiration de son visa. Elle avait déposé une demande d’aide juridictionnelle, pour pouvoir payer un avocat qui aurait déposé un recours sur lequel un tribunal aurait dû se prononcer. Tant qu'il n'y avait pas eu décision d'un tribunal, il ne pouvait y avoir expulsion.
Najlae a passé 24 heures dans la prison de Casablanca, a comparu au palais de justice puis a été libérée .

Mouvement De Soutien

En état de choc, l'étudiante a été recueillie par des membres du Réseau Education Sans Frontière (RESF). Elle déclare que c'est grâce aux preuves de soutien qui lui parviennent qu'elle parvient à tenir le coup. En effet, un mouvement se dessine pour exiger son retour, une manifestation est prévue le 6 mars à Château-Renard. Des mandataires Verts ou de gauche ont protesté. Le Collectif Orléanais des Droits des Femmes rappelle que l’année 2010 a été déclarée grande cause nationale dans la lutte contre les violences faites aux femmes, alors qu'il s’agit, en quelques mois, du quatrième cas de femme battue et menacée d’expulsion – ou expulsée - dans le Loiret. On rappelle la phrase de Nicolas Sarkozy : "À chaque femme martyrisée dans le monde je veux que la France offre sa protection, en lui offrant la possibilité de devenir française. », et une pétition est disponible en ligne, à l'adresse
http://unpeudetao.over-blog.com/ext/http://resf.info/P1445

Ci-dessous, un sujet consacré à l'affaire par France 3.

France 3- Orléans- L'expulsion de Najlae
envoyé par laissezlesgrandirici. - L'info video en direct.

La suite de l'affaire au 12 mars 2010


Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : femmes battues, violence, expulsion, cimade, éducation sans frontière, loiret, France, Maroc

mercredi 24 février 2010

Carrefour Solde L'Emploi


Plusieurs magasins Carrefour sont en grève ce mercredi en Belgique. Faut-il le rappeler, le groupe compte supprimer 1 672 emplois dans ce pays sur environ 15 000, et y fermer 21 magasins. La direction annonce qu'une partie de ceux-ci seraient repris par Mestdagh, mais chez Mestdagh les réactions sont extrêmement prudentes. Quant aux barèmes, ils seront modifiés. Les commentaires vont bon train, et l'on lira avec intérêt (mais avec un très gros grain de sel) ceux d'un gestionnaire de magasin franchisé. Il commence bille en tête par un tonitruant : "C'est la faute des syndicats, le salarié Carrefour est trop cher". Il faut longtemps pour qu'il finisse par reconnaître ce que tous les spécialistes de la distribution soulignent - le modèle hypermarché a fait son temps, et en plus Carrefour a commis des bourdes en Belgique comme d'ouvrir deux magasins à 600 mètres l'un de l'autre à Charleroi -. L'interviewé passe aussi sous silence ce que les consommateurs soulignent unanimement - Carrefour est trop cher par rapport aux hard-discounteurs, et la qualité comme la diversité de ses produits sont inférieures à celles d'autres concurrents -.


La Suite De L'Article

Dans certains commentaires sur divers forums, l'attaque anti-syndicale se porte également bien. Un lecteur de Libération remarque : "C'est bizarre cette multiplication de posts anti syndicats; A croire que le monde du travail n'en a plus besoin, que c'est devenu "has been" de défendre les droits des gens qui bossent. Pourtant, l'actualité nous apporte tous les jours son lot de restructuration et de fermetures d'entreprises. En revanche, pas un commentaire malveillant sur les syndicats de patrons; Pas plus sur le morcellement du code du travail, sur les différences de salaires hommes/femmes (à travail égal), sur le travail précaire (notamment celui des hôtesses de caisse)."

Si "c'est la faute aux syndicats", il faudrait quand même expliquer pourquoi Carrefour France a annoncé une chute de 74,2 % de son bénéfice net 2009 ! Les conquêtes syndicales avaient-elles augmenté de 74,2 % ? La Libre épingle les multiples erreurs de gestion qui ont pavé cette descente aux enfers : "L’inventeur de l’hypermarché s’est reconverti dans les supermarchés, mais n’a pas vu venir la crise de ceux-ci, victimes successivement de la vogue du commerce de proximité, de la baisse du pouvoir d’achat et du retournement de la conjoncture lié à la crise mondiale. Il n’a pas toujours su anticiper, voire a tardivement réagi aux nouvelles modes de consommation (bio, équitable, Internet, drive-in, etc.). Dans la guerre des prix bas, il s’est fait dribbler par Leclerc ou par les maxidiscount."
Michel Libouton a longtemps été permanent du Setca, le syndicat FGTB des employés, techniciens et cadres. Il nous a envoyé ce commentaire :
"Que de bêtises annoncées aux infos ! Que de manipulations de la part de la direction de Carrefour !
Non, les travailleurs de Carrefour ne sont pas "trop" payés, et non, ils ne gagnent pas 30 % de plus que ceux de COLRUYT ou DELHAIZE. La différence est que Colruyt et Delhaize sont gérés par des épiciers, qui, de plus, connaissent le marché belge. En France, Carrefour cible sur les prix meilleurs marchés, ici, la place est prise par Colruyt, pour les produits frais, la place est prise par Delhaize et Carrefour, qui aurait pu se positionner sur la plan du service à la clientèle a échoué là aussi par une politique des ressources (in)humaines catastrophiques. Quand ils ont repris GB, à l'époque les conditions de travail, y compris salariales, y étaient bien plus avantageuses qu'aujourd'hui (grâce; entre autres, à un syndicat fort à l'époque avec le SETCa et Albert Faust) et pourtant GB était leader en Belgique.
Carrefour s'est fait aussi rouler par les patrons de GB lors de la reprise, notamment en n'achetant pas les bâtiments mais en les louant à GB (leasing)...
Un peu facile de la part de ce français suffisant de mettre sur le dos des travailleurs les incompétences de ses prédécesseurs et les erreurs graves de gestion de leurs dirigeants, mauvais épiciers, mais aussi mauvais commerciaux et mauvais financiers.
L'annonce de la même catastrophe se prépare en France
".
Et en effet, Carrefour a entamé des négociations avec les représentants du personnel sur le regroupement de ses différents sièges en Ile-de-France. Le nouveau PDG du groupe, Lars Olofsson, ancien numéro deux de Nestlé, veut regrouper les équipes sur un lieu unique. Les syndicats craignent que ce regroupement mène à un "dégraissage", donc à des suppressions d'emplois. Olofsson est là pour restaurer le bénéfice.


Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : grande distribution, emploi, carrefour, delhaize, colruyt, aldi

jeudi 11 février 2010

La Candidate Voilée Du NPA (Vidéo)


On ne s'y serait pas attendu, mais apparemment, l'aspect le plus important des prochaines élections régionales françaises ne concerne pas l'UMP, ou le PS, ou le Modem... Non, les projecteurs se concentrent sur le NPA, le Nouveau Parti Anticapitaliste.
- Ah, l'Ile de France, où Besancenot est tête de liste ?
- Tu n'y es pas. L'essentiel se joue dans le Vaucluse. Et encore : ce n'est pas la tête de liste qui joue son intéressante dans les media, c'est la quatrième place.
- Attends, tu plaisantes, les feux de l'actu pour la quatrième place, non éligible, sur la liste du Vaucluse d'un parti qui a fait 5 % aux européennes ?
- Ben, on dirait. En tout cas, je n'entends parler que de ça.

Cette campagne a en effet créé une nouvelle vedette, fait connaître une tête, celle d'Ilham Moussaïd. Parce que cette tête porte un voile.


La Suite De L'Article

Ilham Moussaïd, Avignonnaise, 22 ans, a adhéré au NPA il y un an, devenant rapidement - tâche ingrate - trésorière départementale. Ce n'est donc pas une militante aguerrie formée sur les bancs de la LCR, dont descend (partiellement) le NPA. Ses camarades ne cachent pas que sa place sur la liste est partiellement due à son profil de musulmane issue des quartiers populaires. L'un de ses proches politiques déclare à Libération : «On savait que ça allait lancer le débat. On ne l’a pas proposée à la candidature seulement parce qu’elle a un voile sur la tête. Mais c’était un élément on va dire complémentaire

Question de lancer le débat, la section avignonnaise est servie. Si l'on peut parler de débat. L'éruption ne fait pas dans la nuance. Le secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand parle de manipulation, de provocation et d'"attitude profondément répréhensible" (était-il aussi indigné quand Nicolas Sarkozy déclarait fort peu laïquement que “l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur” ?). Aurélie Filippetti, députée PS, déclare que les ouvriers de France "n'ont pas besoin qu'on leur dise d'aller lire le Coran ou la Bible", ... ce que la candidate du NPA n'a pourtant jamais fait ! Nadine Morano, secrétaire d'État chargée de la Famille et de la Solidarité dénonce «un coup médiatique contre les valeurs de la République» et accuse le NPA ... de trahir Marx (Nadine Morano s'est illustrée voici peu en déclarant qu'elle attendait, d'un jeune musulman français, "qu'il trouve un travail, qu'il ne parle pas le verlan, et qu'il mette pas sa casquette à l'envers"). Président du conseil régional d'Île-de-France, Jean-Paul Huchon (PS) déclare : "Ça me paraît énorme! (...). C'est le signal d'une curieuse conception de la République". "Incompréhensible et inadmissible", affirme François Hollande, PS.
La palme du délire revient à Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes et représentante de Riposte Laïque, un mouvement qui glisse régulièrement dans l'islamophobie, la vraie : pour elle, le NPA "adhère à un symbole, le voile islamique, qui, sous toutes les latitudes, signifie ségrégation entre les sexes, invisibilité du corps des femmes dans l’espace public, statut de second rang pour les femmes. (...) Le NPA se solidarise avec les pires dictatures, au premier rang desquelles la République islamique d’Iran".
Dernière Minute : la palme du délire n'appartient plus uniquement à Annie Sugier. Elle la partage désormais avec Sihem Habchi, puisque je découvre dans Libération : "Sihem Habchi, la présidente de Ni Putes ni soumises veut porter plainte «contre cette liste du NPA sur laquelle figure une femme voilée qui a annoncé son intention de rester voilée»: Ilham Moussaïd, étudiante portant un foulard, en quatrième position sur la liste du parti d’Olivier Besancenot dans le Vaucluse. «Il n’est pas question d’arborer un symbole religieux alors qu’on a, en tant qu’élue, une obligation de neutralité et de réserve», a-t-elle invoqué hier, dénonçant à l’AFP une «attitude antiféministe, antilaïque et antirépublicaine». Sur son site, l’association annonce son intention de «porter plainte auprès de la juridiction compétente contre cette liste antilaïque, antiféministe et antirépublicaine!».
Marie-George Buffet (PCF) s'est dite choquée. Jean-Luc Mélenchon, leader du Parti de Gauche, énonce : "Il ne faut pas se tromper : elle a le droit de pratiquer, mais pas dans la sphère politique." Il faut « tirer les leçons de l'Histoire de France (…) parce que nous avons connu trois siècles de guerre de religion » (Il me semble que si on craint leur retour, interdire à une candidate un signe de sa foi est plutôt propre à les rallumer) et ajoute : "Lorsqu'on veut être élu, il faut pouvoir représenter tout le monde. C'est donc une erreur de participer à une élection en affichant une appartenance religieuse qui rend impossible cette représentation du souverain dans son ensemble". Nous touchons ici à un grand mythe qui est que l'élu représente la Nation dans son ensemble. Qu'il est porteur d'une tâche qui émane de la collectivité, c'est une chose. Venir affirmer pour autant qu'un député du Front National représente les immigrés après avoir scandé "Deux millions d'immigrés, c'est deux millions de chômeurs ! ", ou que les grands patrons se sentaient représentés par Alain Krivine quand celui-ci siégeait au Parlement Européen, tient évidemment de l'absurdité. La Belge Mahinur Özdemir a évidemment raison de dire : "Un parlementaire ne peut pas représenter la nation à lui seul. C'est le Parlement dans son ensemble qui est censé le faire".
Par ailleurs, quand Jean-Luc Mélenchon discourt avec hauteur, il arbore fort ostensiblement son costume-cravate, symbole de conformisme, de sujétion à l'uniforme imposé, symbole phallique, et pour d'innombrables colonisés symbole du colonialisme. Je ne vois pas pourquoi je pourrais me sentir représenté par un homme qui porte cravate mieux que par une femme qui porte foulard.

PS et PCF Aussi !

Bref, un front de la colère réunissant des composantes fort diverses. La surprise est d'autant plus grande pour l'observateur naïf quand il lit que malgré leur indignation, le PS "a une conseillère municipale voilée à Creil (Oise) (Maïmouna Mbaye, photo de gauche) et le PCF à Echirolles (Isère)" (Mechta Besma, photo de droite). Cette intéressante information est fournie par Vincent Tiberj, chercheur à Sciences-Po et au Centre d'études européennes, que "Le Monde" présente comme spécialiste de l'extrême gauche et de l'immigration en publiant une intéressante interview de ce chercheur, sous le titre "Si les partis considèrent que les quartiers ne doivent plus être des déserts politiques, ce débat va se poser". V. Tiberj ajoute : "Les musulmans représentent une minorité qui vont vouloir aussi s'insérer dans un parti. Il ne faut pas s'arrêter aux préjugés : selon nos études, les musulmans sont autant sinon plus attachés à la laïcité que les catholiques !" On pourrait répondre que le voile n'est pas une obligation coranique, contrairement à ce que répètent de nombreux prédicateurs, mais hélas cette vérité - qui progresse - mettra encore un certain temps à s'imposer largement. Peut-on attendre que la majorité des femmes musulmanes renoncent à se voiler pour leur permettre de s'impliquer dans la vie citoyenne ?

Or, il faut être logique : ce qui compte, est-ce le bout de tissu ? Non, répondent en choeur les détracteurs, c'est ce qu'il représente, l'aliénation de la femme imposée par une religion. OK. Louable radicalisme. Pourtant, Ilham Moussaïd se présente comme féministe, pour la laïcité, le droit à la contraception et l’avortement, contre l'homophobie. N'empêche, parce que et uniquement parce qu'elle s'affiche comme musulmane, la voilà présentée au contraire comme symbole de ce qu'une lecture fondamentaliste de l'Islam porte, effectivement, d'oppresseur pour les femmes. Mais enfin, l'islam n'est pas la seule religion porteuse d'aliénation pour celles-ci. Entre le Vatican et les convictions féministes, il y a un gouffre. Mais alors, il faut, au nom de la lutte contre l'aliénation des femmes, ne pas accepter sur les listes de député chrétien ! A moins bien sûr de tomber dans l'hypocrisie extrême de dire "Ce qui importe, ce n'est pas ce qu'ils pensent, ce qu'ils vont voter, c'est simplement le signe extérieur". D'ailleurs, où commence le signe extérieur ? A-t-on bien vérifié qu'aucun/e candidat/e ne porte au cou une petite croix ? Qu'aucun d'entre eux n'a fait sa communion ? Qu'aucun ne va à la messe - signe parfaitement ostentatoire, puisque tous les assistants pourront constater que madame la conseillère ou monsieur le député sont de bons pratiquants ?
Ce qui ne veut pas dire qu'ils suivent pour autant les préceptes de Rome : Ségolène Royal, catholique pratiquante, défend néanmoins l'accès à la contraception. Le blog qui nous le fait remarquer ajoute l'exemple de "François Bayrou, fondateur de feu “Parti Démocrate Chrétien”, un autre croyant proclamé et assumé, pourtant favorable a l’adoption par les couples homosexuels", Il rappelle aussi que l'Abbé Pierre siégea comme député - en soutane - avant de fonder le Mouvement Emmaüs, association laïque.Ajoutons l'immense différence entre la papauté et la Théologie de la Libération, si active en Amérique Latine, ce continent où des prêtres prirent les armes dans les mouvements révolutionnaires. Comme quoi ce n'est pas parce qu'on pratique une religion qu'on est nécessairement courroie de transmission de ses dirigeants et ennemi de la laïcité.

Un Débat Interne Houleux

Ce qui n'empêche qu'à l'intérieur du NPA même, le débat a également été et est houleux. La présence d’Ilham Moussaïd - qui refusa de retirer son foulard - sur la liste a fait démissionner trois colistières, après une assemblée plus que tendue. Une douzaine de candidats démissionnent à leur tour des listes, dans d'autres régions. Pourquoi ? Parce que le voile reste aux yeux des militants un symbole d'oppression à l'égard des femmes, mais aussi parce qu'est en jeu une tradition laïque puissante dans l'héritage de la LCR."Même si des camarades ont une interprétation progressiste de leur foi, que nous saluons, il n'empêche que les systèmes religieux demeurent de terribles instruments d'oppression.", écrit la minorité vauclusienne dans un communiqué.
La direction nationale zigzague, défend (elle n'a guère le choix) les majoritaires vauclusiens, mais regrette publiquement que la décision ait été prise au niveau régional sans que l'ensemble du parti en ait été informé, ajoutant que le choix d'Avignon "ne peut faire office de position pour l'ensemble du NPA". Et le ton de Besancenot déplorant les relents d'islamophobie a des accents défensifs qui sentent la gêne aux entournures. Il ajoute “Ilham est la preuve qu'on peut être au NPA et porter le voile”. Le parti rappelle néanmoins que "le foulard est non seulement un symbole religieux visible mais il est également un instrument de soumission des femmes ".
Le communiqué publié par le NPA ne nie d'ailleurs en rien les remous internes. Il rend simplement quelques coups, sous le titre "Le Bal Des Hypocrites", renvoyant Aurélie Filipetti au texte de Marx, ou notant : "Mais sur la question de la laïcité, on croit rêver ! N’est-ce pas le Parti socialiste qui a subventionné main dans la main avec la droite à coups de millions d’euros les écoles privées confessionnelles, notamment catholiques ? "Quant à l'entretien accordé par Alain Krivine, dirigeant historique, au "Monde", on demandera poliment au quotidien de ne pas le publier - signe qu'il aurait pu révéler trop crûment quelques tensions internes -.

En novembre, un congrès du parti devra se pencher sur les rapports complexes entre militantisme, laïcité et religion. Ce sera chaud : les enjeux sont lourds. Si le NPA parvient à gagner quelques positions dans les quartiers populaires, d'autres filles voilées rejoindront ses rangs. Peut-on imaginer leur dire : "Tu peux adhérer, militer, mais pas être candidate ? ". C'est pratiquement impossible. Mais, peut-on répondre, le voile est bel et bien un signe infériorisant, même si certaines musulmanes progressistes ne le vivent pas ainsi. Le NPA, qui se veut héritier de la tradition féministe de la LCR, peut-il être représenté par des femmes qui portent pareil symbole ?
Sans compter un danger, potentiellement mortel, de lâcher la proie pour l'ombre. Pour les trotskistes, dont ceux membres de la LCR mais aussi d'autres courants ont rejoint le NPA, le travail au sein des syndicats est central, vital. C'est l'ancrage au sein de "la classe" qui s'y joue, c'est là qu'on noue un rapport organique avec les travailleurs. Or, dans les organisations syndicales (et a fortiori dans leurs commissions "Femmes"), le foulard, ça ne passe guère. "Ce matin, je suis passé à mon syndicat. Aussi sec, on m’a interpelé sur le voile", note un militant. Et il n'est certainement pas seul à craindre que l'orientation vers "les banlieues" éloigne le NPA de ce qui a coûté des décennies d'investissement aux militants de la LCR, l'enracinement dans les organisations de travailleurs. L'Histoire se répète plus ou moins : au début des années '70, la Quatrième Internationale (trotskiste, dont la LCR faisait partie) avait donné une priorité à l'orientation vers l'Avant-Garde Large : mouvements étudiants et lycéens, féministes, d'homosexuels, anti-militaristes, anti-nucléaire. Le projet n'était pas d'abandonner l'idée du rôle central du prolétariat, des salariés, mais de construire un parti révolutionnaire "de la périphérie (NB : l'Avant-Garde Large) vers le centre (NB : les salariés)". N'empêche qu'il fallut corriger le tir dans les années '80 face à un manque d'implantation dans les grandes entreprises. Ce fut l'époque du "tournant ouvrier", avec priorité renforcée au travail syndical et envoi de militants vers les usines, ceci comme les maoïstes - mais beaucoup plus tard et beaucoup trop tard, ne serait-ce que parce que s'implanter était bien plus difficile alors, à cause du manque d'emplois - .
Aujourd'hui, le NPA - par définition - ratisse plus large que la feue LCR : la place prise dès lors par écologie, homosexualité, sans-papiers, intervention vers les quartiers populaires, semble susceptible d'inquiéter certains militants qui craignent que l'on perde à nouveau la boussole. L'un d'entre eux s'étrangle quand il entend lors d'une réunion proférer « Ne nous emmerde pas avec tes syndicats ! », phrase inimaginable à la LCR, mais qui passe ici sans réaction.

Les musulmanes non voilées n'aiment pas !

Pierre-François Grond, membre de la direction nationale : «Si une femme voilée vient nous voir et porte un discours inégalitaire, il n'y a pas de problème, elle n'a pas sa place chez nous. La difficulté politique, c'est quand une femme voilée nous rejoint et porte un discours en adhésion avec nos principes. Ici, il ne s'agit pas de la laïcité à l'école, mais d'un choix religieux d'adulte consentant.» (NB : comme nous l'avons rappelé ailleurs, Grond est un peu le parrain de la loi bannissant les signes religieux des écoles, faisant exclure d'un lycée deux élèves qui refusaient d'enlever leur foulard).
Anne Leclerc, membre du comité exécutif du NPA, qui déclare qu'elle a mené des formations au féminisme «très enrichissantes et pas du tout passionnées» avec Ilham Moussaïd, explique : : «Il y a aussi chez nous des musulmanes non voilées, qui sont croyantes mais opposées au foulard. Et elles vivent très mal, peut-être même plus mal que nous, le fait de voir une candidate du NPA voilée. Pour une fille comme Fahima Laidoudi, qui est membre du comité politique national, les vraies questions sont la précarité et le chômage, et le voile une diversion.» Elle constate : «Rien n'a été codifié sur cette question au lancement du NPA. On a bien sûr comme principes fondateurs la laïcité et le féminisme, mais on ne s'est pas posé la question de la religion». Ce n'est pas la première à constater que la question de la laïcité et du rapport entre religions et libération a été, au NPA, laissée dans les tiroirs. La chose est encore compliquée par le fait que dans les "quartiers" aussi, des progressistes, des féministes, sont choqué/es par le voile, choqué/es aussi par une attitude qui suppose que les banlieues sont dominées par des musulmans plutôt fondamentalistes.
L'en voilà sortie. Le congrès prévu du 11 au 14 novembre 2010 ne sécrétera pas l'ennui. On ne peut accuser en tout cas le NPA de pratiquer la langue de bois, mais les circonstances ne lui ont guère laissé le choix. En tout cas, il y a débat. Il y a reconnaissance des difficultés, des contradictions. Il y a réaffirmation que "le foulard est non seulement un symbole religieux visible mais il est également un instrument de soumission des femmes". On comparera avec intérêt cette attitude à celle de la LCR belge, qui s'est inscrite sans ombre de distanciation dans le sillage des islamistes en faisant totalement l'impasse sur cet aspect oppresseur, et sur la nécessaire solidarité avec les jeunes filles qui dans les écoles sont obligées, par une pression souvent violente, à s'habiller comme le veut une tradition non pas coranique mais machiste.
Cela dit, je ne sais pas - manquant quand même d'informations de première main - ce que j'aurais voté si j'avais été militant NPA du Vaucluse : Ilham sur la liste ou pas ?
Ce qui ne change rien à l'impérieuse nécessité d'obtenir l'interdiction du port des insignes religieux ostentatoires dans les écoles de la Communauté Française de Belgique. Comme l'écrivait un membre du NPA, partisan de la loi "Ecoles-Foulards" française, mais indécis face au "cas Ilham" : "Ilham, avec son foulard, elle est à la télévision, pas à l'école".

Ilham, à la télévision, la voici :



Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef :

mercredi 10 février 2010

Johnny Winter et Muddy Waters en concerts (2 Vidéos)


Blues is here to stay ... Johnny Winter passe par la Belgique, puisqu'il jouera le 26 mars au centre culturel de Lessines.
Il y a quarante ans que le célèbre albinos publiait son premier album. Depuis, il est resté considéré comme un geyser d'énergie et un grand guitariste (il figure, 74ème, dans la liste des cent plus grands gratteux de l'histoire publiée en 2003 par Rolling Stone). Son jeu en slide n'aurait pas été renié par Elmore James lui-même. Les gènes Winter étaient décidément chargés de notes bleues, puisque Edgar Winter, frangin du premier, a lui aussi réussi un beau parcours à travers scènes et studios.

La Suite De L'Article :

Le premier des deux extraits qui suivent date de 1981, et l'on envie les spectateurs puisque Johnny Winter y est accueilli par Muddy Waters en personne et son band. Premier morceau, le classique "Going Down Slow". L'Empereur de Chicago se tient en retrait et laisse en souriant toute la place au blondinet du Texas.
Mais les rôles sont répartis dans l'autre sens dans la vidéo suivante (date ?). Waters garde les rênes dans son "19 Years Old". Dans chacun des deux morceaux, celui qui a la vedette se lâche et se permet une petite démonstration à la guitare. Mais les résultats sont extrêmement différents ... Quel style préférez-vous ?






Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : blues, musique, johnny winter, muddy waters, guitare, slide guitar

lundi 8 février 2010

Pour Vos Textes : Word ... Ou Abiword ?


Faites-vous vos emplettes avec un camion de 20 tonnes ?

La réponse est très probablement : "Non". Mes connaissances seraient certainement surprises que je les imagine manoeuvrant dans le parking du supermarché aux commandes d'un véhicule interminable marqué "Convoi Exceptionnel".

Pourtant, une grande partie de mes connaissances utilisent un poids lourd pour une tâche pas plus exigeante que les achats hebdomadaires. Mais sur ce poids lourd, il n'est pas inscrit "Convoi Exceptionnel". Il est marqué "Word".

La Suite De L'Article

Le traitement de texte signé par Microsoft est souvent traité de "bloatware", de logiciel inutilement gonflé de fonctions et de menus inutiles. C'est un peu injuste. Word convient à sa tâche réelle, à ses destinataires réels : les professionnels, et avant tout les professionnels d'entreprises.
Word est fait pour ceux qui créent, sauvegardent et utilisent divers "styles" (ensemble de polices, de tailles, de couleurs, de caractéristiques telles que les grasses ou les italiques) destinés chacun à divers types de documents ou de circonstances. Ceux qui se servent de colonnes, de tableaux, de mises en page complexes. Ceux qui ne confondent pas un pied de page et une note de bas de page ; qui doivent créer, à partir d'un document de centaines de pages, un index, une table des matières, insérer des signets, des liens hypertexte ; qui travaillent en mode plan ; qui jonglent avec les zones de texte, les déroulants, les formulaires, les fusions de cellules ; qui font exécuter au logiciel des calculs mathématiques, maîtrisent l'éditeur d'équations, créent des macros, insèrent des graphiques, définissent avec précision l'ancrage d'illustrations et l'écoulement du texte autour de celles-ci, et comprennent l'intérêt du langage XML. Ceux qui pratiquent l'art du mailing automatisé, avec fusion de critères et impression d'enveloppes. Et qui collaborent, car Word est conçu pour que plusieurs personnes se partagent la création et le suivi d'un fichier, le plus souvent au sein d'une même société. Word n'est pas "un programme qui sert à écrire", c'est un traitement de texte complexe, souvent utilisé au sein d'un ensemble, d'une suite bureautique qui s'appelle "Microsoft Office".

A Marketing Wonder...

Par un miracle de marketing, par aussi l'attrait des accords avec les fabriquants d'ordinateur qui incluent dans leur prix une licence et un Word préinstallé, Microsoft est parvenu à faire de cette complexe machine de guerre l'un des programmes les plus populaires au monde. Des millions de gens enregistrent leurs documents sous le format de fichier "*.doc", créé pour Word, alors qu'ils auraient très souvent plutôt intérêt à utiliser le format "*.rtf", beaucoup plus universel. Surtout, des millions de gens paient quelque 250 euros pour Word, ou 450 pour la suite Office (Word, le tableur Excel, Powerpoint pour créer des présentations, Outlook comme agenda et gestionnaire de mails. Des versions plus chères comprennent des programmes supplémentaires. Si vous ne craignez pas l'anglais ni de commander aux USA en calculant les droits de douane, si vous zonez sur eBay, vous trouverez des prix plus intéressants, surtout si vous pouvez prouver que vous êtes enseignant ou étudiant, ce qui vous donne droit à une version "edu"). Après quoi, ces acheteurs utilisent souvent une part infime des fonctions disponibles. Mais pour dénicher la précision dont ils auront besoin à un moment ou l'autre pour travailler, ils vont devoir se colleter avec une aide en ligne conçue pour des professionnels formés, et qui leur apparaîtra comme un fouillis décourageant. Bilan : lassitude, découragement, conviction que "l'informatique, c'est compliqué", achat de livres moins rébarbatifs que l'aide, et pour les plus courageux (et fortunés), inscription à un cours.

Le Ruban Fait Des Noeuds.

Word avait déjà la réputation d'un labyrinthe, la version 2007 nous a apporté une interface nouvelle (encore plus présente dans Microsoft Office 2010) : menus et barres d'outils ont été remplacés par le ruban.
(Cliquez les images pour les agrandir).


Je cite Microsoft : "Le Ruban (NB : notez la majuscule) a été conçu pour accélérer la recherche des commandes dont vous avez besoin pour effectuer une tâche. Les commandes sont classées en groupes logiques, lesquels sont regroupés dans des onglets. Chaque onglet a trait à un type d'activité (comme l'écriture ou la mise en forme d'une page). Pour éviter l'encombrement, certains onglets ne s'affichent que lorsqu'ils sont nécessaires".

Contraint à utiliser Office 2007 pour Access et Publisher, je ne ressens pas que cette invention à l'aspect confus a "accéléré ma recherche des commandes" et je regrette les menus. L'aspect le plus sympathique du ruban, à mes yeux, c'est qu'on peut le faire disparaître en cliquant sur un de ses onglets, en ne conservant que les titres, comme ci-dessous.

Moins intelligible que les menus, ce ruban doit aggraver la panique de l'innocent usager qui recherche une fonction simple. C'est du moins l'impression que j'éprouve après avoir longuement guidé tout à l'heure, par téléphone, une usagère égarée. Après l'avoir entendue se promettre de suivre une formation, et après avoir raccroché, je me suis demandé : "Mais a-t-elle besoin de Word ?".
Et je suis persuadé que la réponse est non.
Ni besoin de Star Office, suite bureautique bon marché, ou de Open Office, suite bureautique gratuite. Ces décalques de Microsoft Office ne sont pas plus légers que leur concurrent (Est-ce le manque d'habitude ? Je trouve Writer plus embrouillé que son modèle).
L'humble Wordpad, par exemple, livré gratuitement avec Windows, suffira à de très nombreux utilisateurs. Il est néanmoins assez limité pour qui veut dépasser un usage basique. Avec le document ci-dessous, nous l'avons poussé dans ses derniers retranchements.

Oui mais...
Il existe des solutions situées entre le modeste Wordpad et le babylonien Word. Si vous aimez fouiller dans des rayons virtuels, télécharger, tester et comparer, prenez le chemin d'une mine, le site dédié au logiciel libre Framasoft. Par ici pour la page "Bureautique" - qui n'est pas celle des éditeurs de texte, car un éditeur de texte (comme Notepad) ne répond pas aux mêmes besoins qu'un traitement de texte -. Mais si vous préférez aller à l'essentiel, commencez par Abiword.

Abiword

Ce traitement de texte gratuit tourne sur toute une série de plates-formes : Windows, Mac OS X, GNU/Linux, FreeBSD, NetBSD, BeOS, QNX. Vous pouvez l'installer en version française (entre autres).
Il importe et exporte aux formats Microsoft Word (.doc .dot), RTF (Rich Text Format), TXT (format texte), LaTeX (le TEX), Internet (HTML et XHTML 1.0), OpenDocument (.odt), format natif Abiword .abw, Abiword template .awt, GZippedAbiword .zawb. Vous pourrez insérer dans vos textes un document extérieur, une zone de texte, des sauts de page, des signets, des liens hypertexte, des notes, des en-têtes et pieds de page, une table des matières, des images (les options de disposition n'ont pas toutes les possibilités qu'offre Word, mais suffiront à la plupart d'entre nous), créer des styles et des tableaux. Statistiques (combien de mots, de paragraphes, de lignes ?), dictionnaires, correction orthographique sont au rendez-vous. L'interface est classique (menus et barres d'outils - celles que vous choisissez d'afficher -) et logique.
Abiword est léger, stable et rapide. Point faible : l'aide en ligne francophone est insuffisante et certaines pages manquent sur le serveur. La version anglophone semble plus satisfaisante. En tout cas, si vous consultez cette page, vous constaterez que je ne suis pas le seul à chanter les louanges d'Abiword - dans lequel est né à l'instant l'exemple ci-dessous - .


Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : traitement de texte, bureautique, Word, Microsoft, Microsoft Office, logiciel libre, suite bureautique, Abiword.

dimanche 7 février 2010

Climat : Le Cri Du Pentagone.



George W. Bush n'a jamais prêté une oreille très cordiale aux cris d'alarme concernant le réchauffement climatique et les émission de dioxyde de carbone. Washington refusa de ratifier le protocole de Kyoto. Le président déclara qu'appliquer ce texte aurait ruiné l'économie états-unienne, et qu'il valait mieux miser sur le développement de nouvelles technologies que réduire les émissions nocives. Barak Obama promit au contraire que les USA prendraient la tête de l'effort mondial pour la réduction de l'effet de serre. Il est parvenu à faire passer en juin 2009, de toute justesse (219 voix contre 212), un projet de loi à la Chambre, l'« American Clean Energy and Security Act », instaurant un marché des émissions de CO2 (Cap and Trade). L'obstacle du Sénat s'annonce encore plus difficile à passer.
Or, ce projet de loi, couvert de malédictions par les républicains qui l'accusent de vouloir torpiller l'économie nationale, est encore fort en dessous des objectifs européens, eux-mêmes jugés très insuffisants par la plupart des spécialistes.
Pourtant, l'ère Obama a marqué quelques différences par rapport à la présidence précédente.


La Suite

L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a déclaré en avril 2009 que six gaz à effet de serre (CO2, méthane, oxyde nitreux, hydrofluorocarbone, hydrocarbure fluoré et hexafluorure de souffre) représentent une source de pollution et menacent la santé publique. L'administration a publié en juillet un millier de photos prise par satellite et révélant les effets du réchauffement. Celle-ci montre par exemple l'évolution de la présence des glaces dans la mer de Beaufort, qui jouxte l'Alaska et le Canada. L'administration Bush les avait interdites de publication.
Autre signe, tout récent : les changements climatiques figurent désormais parmi les menaces à la paix et à la sécurité nationale. C'est une nouveauté marquante, qu'on trouve dans le dernier examen quadriennal de la défense, un document publié par la Défense. "Au Pentagone, le dérèglement climatique fait désormais partie des scénarios catastrophes. Plus que jamais, les implications d’une élévation des températures sur les maladies infectieuses, la sécurité alimentaire et les ressources en eau, le risque de cataclysmes et les migrations forcées sont dans le radar de l’armée américaine", note la correspondante de la Libre Belgique. Le réchauffement encouragera l'instabilité et les conflits, souligne le rapport, en provoquant famines, manque d'eau, maladies et migrations. L'armée est priée de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 34 % en 2020 par rapport au niveau de 2008, comme d'ailleurs tous les secteurs d'activité du gouvernement fédéral.

Réchauffement Or Not Réchauffement ?

Ce rapport ne manque pas d'intérêt alors que se développe un courant qui vise à relativiser ou à nier la menace climatique. Parfois, ce courant emprunte les circuits de la pensée conspirationniste. Si on a défendu l'idée que le 11 septembre 2001 est une mise en scène ourdie par le gouvernement de Washington, si la grippe H1N1 est présentée comme fabriquée par les gouvernements mondiaux pour éradiquer le surplus de population - ou par les compagnies pharmaceutiques -, pourquoi ne pas se persuader que le réchauffement n'est qu'une invention promue, pour des motifs obscurs, par ceux qui nous cachent tout et ne nous disent rien ?
Mais cette forme caricaturale est loin d'être la seule. Ainsi, la Libre Belgique a publié une "Opinon", "Après Copenhague, Changeons De Cap", signée par Monsieur Olivier Cogels, Professeur Extraordinaire à l’Université Catholique de Louvain, spécialiste en gestion des ressources en eau, producteur de vidéos, dont le C.V. promet un autre niveau.
Le texte débute néanmoins avec un certain manque de nuances puisqu'on y lit d'entrée de jeu : "Une dangereuse dérive dans nos relations Nord-Sud. Ceux qui osent douter du réchauffement climatique sont traités de négationnistes, d’assassins, ou de constructeurs de chambres à gaz." La thése du réchauffement aurait "dégénéré en une accusation grave de l’homme occidental", mettant fin à un "dialogue amical de coopération Nord-Sud".
On lit ensuite, entre autres : "Rappelons que les activités humaines n’émettent que 5 % des émissions totales de CO2 sur terre et sur mer." Là n'est pas la question ; celle-ci est bien plutôt : "Cette production des activités humaines rompt-elle un équilibre ? " Idem quand on lit que le CO2 "n’est pas un sale polluant, mais un gaz aussi noble et vital que l’oxygène". Là encore, la question n'est pas de ses lettres de noblesse mais de l'importance des quantités produites et de leurs conséquences (aussi noble que soit l'oxygène, il n'est pas recommandé d'en respirer longtemps à l'état pur). Si la part due aux activités humaines est relativement faible, on note une forte augmentation récente et qui ne fait que s'accélérer (3,2% par an entre 2000 et 2004, contre 1,1% dans les années '90).
Poursuivons : "Qui sait qu’au Pôle Sud la glace serait en train de s’épaissir ? " . Ah ? Pourtant le Figaro, qui n'est pas un brûlot écolo-gauchiste, titrait récemment : "Pôle Nord, pôle Sud : la fonte des glaces s'accélère", signalant qu'une énorme plaque de glace s'était rompue entre l'ïle Charcot et le continent antarctique. Ce "pont de glace", la plate-forme Wilkins, mesurait 50 km de large en 1992, moins de 5 km en mars 2009, et s'est rompu en avril 2009. De la glace flottante qui fond, cela ne fait pas monter le niveau des océans, mais, écrit le Figaro, "la disparition de ces bouts de banquise inquiète terriblement les glaciologues. La banquise agit, en effet, comme un frein qui permet de ralentir l'écoulement des glaciers dans les océans.(...) Au début des années 1990, les scientifiques estimaient que les premiers symptômes de la vulnérabilité de ces grands blocs de glace de l'Antarctique n'apparaîtraient pas avant une trentaine d'années. Cela a mis moins de quinze ans." Si les glaces restent intactes, c'est uniquement à l'Est du pôle Sud, là où les températures sont extrêmes (- 50° en hiver, -10 en été). Quant au pôle Nord, les effets du réchauffement y atteignent une ampleur qui prend de court les prévisions.
"L'accroissement de température n’a été que d’environ 0,7°C au siècle dernier et la montée des océans de 2 mm/an. A ce rythme il faudrait des milliers d’années pour atteindre les niveaux apocalyptiques présentés dans les medias", écrit encore Monsieur Cogels. Curieux raisonnement qui se base ... sur la moyenne d'un siècle. La production de gaz à effet de serre ne devait pas être bien élevée en 1901, ni en 1930. Ce sur quoi il faut évidemment se baser, c'est sur les températures des toutes dernières années du XXè siècle. "Selon les reconstitutions de températures réalisées par les climatologues, la dernière décennie du XXe siècle et le début du XXIe siècle constituent la période la plus chaude des deux derniers millénaires" (Wikipedia).

Une "Course Dans L'Inconnu" ?

Je ne puis citer tout l'article , lisez-le, mais, en gros, que dit-il ?

1. Pas du tout que la thése du réchauffement est fausse, mais que certains points ne sont pas démontrés.
Ce qui est exact. Reste qu'une grande majorité, non seulement des scientifiques, mais des gouvernements, en acceptent les grandes lignes, tout comme maintenant l'armée des USA. Par ailleurs, beaucoup d'arguments avancés dans l'"Opinion" sont présentés au conditionnel ou assortis d'un "peut-être". En attendant, on trouve sans difficulté des preuves photographiées, filmées, précises, de la fonte des glaciers et de la banquise. Qu'il aurait fait aussi chaud qu'aujourd'hui au Moyen-Age - avant une descente des températures - , fait bien connu, là n'est pas le problème, celui-ci est qu'on risque d'induire en quelques décennies des changements qui s'étalaient sur des millénaires...
Que l'on passe au crible les données plaidant pour la thèse du réchauffement est très positif. Comme on le lit dans un vaste et intéressant panorama des arguments pour et contre, il est "indispensable qu'il y ait des sceptiques pour mettre en cause le consensus du GIEC (NB : Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat) et ne pas tomber dans une pensée unique imbécile". N'empêche que l'auteur du panorama finit par grommeler : "On est donc loin des certitudes, mais il y a certainement de quoi paniquer quand même...".
2. Que la thèse du réchauffement s'accompagne d'un discours anticapitaliste et antioccidental. Serait-ce vrai que cela ne prouverait en rien la fausseté ou la justesse de l'une ou l'autre thèse scientifique. Mais c'est faux. L'écologie politique est une auberge espagnole, où l'on apporte généralement ses convictions préexistantes. Quoi de commun entre celle, libérale, de Cohn-Bendit, celle décroissante de Serge Latouche, celle marxiste de Daniel Tanuro ? Par ailleurs, de nombreux gouvernements ont accepté la thèse du réchauffement au point d'être représentés à Copenhague. La majorité de ces gouvernements ne sont probablement pas frénétiquement anticapitalistes - pas plus qu'un Al Gore par exemple - .

3. Qu'une Agence Mondiale pour l’Eau serait plus utile qu'une Agence Mondiale pour le Climat. Pourquoi faudrait-il sacrifier l'un de ces thèmes à l'autre ?

4. Enfin, il parle d'arrêter une "course dans l'inconnu" . "Alors qu’il n’existe pas de preuve scientifique que le CO2 anthropique est en train de bouleverser le climat, nous sommes sur le point de sanctionner l’humanité toute entière en vertu du seul principe de précaution, sur base d’indices et de présomptions." Ici, il me semble que l'on met les choses sur leur tête. Même s'il n'y avait que 30 % des scientifiques qui soutenaient la thèse du réchauffement, la course vers l'inconnu serait de ne pas tenir compte de l'hypothèse "réchauffement", puisque c'est là que se situe le danger le plus grave. Et ils sont bien plus que 30 %.

Le Climat Fait Un Tabac.

Mettre en doute la thèse du réchauffement est actuellement une façon assez sûre de créer le buzz (pour combien de temps ?). Il est vrai que les intérêts en jeu sont énormes : rien qu'aux Etats-Unis, la bataille en cours autour des lois pollution mobilise les lobbys qui crient à la mort de l'économie, et donc les relais ne manqueront pas. Le piratage des courriels d'un climatologue expert au centre de recherches sur le climat de l'université d'East Anglia, accusé d'avoir masqué une donnée, a fait les titres de la presse. Mais immédiatement, plus de 1 700 scientifiques britanniques ont signé une déclaration réaffirmant leur conviction que le réchauffement climatique est provoqué par l'homme. Succès médiatique aussi pour une erreur dans un document du GIEC, qui annonçait que les glaciers de l'Himalaya risquaient d'avoir disparu en 2035. Cette erreur (sur l'origine de laquelle une enquête a été ouverte) est la seule relevée dans le rapport, qui compte 976 pages. On a infiniment plus parlé de cette erreur que, par exempe, des centaines de photos révélatrices que l'administration Bush avait dérobées à notre curiosité. On a ainsi lu dans le journal britannique Mail on Sunday qu'un expert nommé Murari Lal, au courant de la bourde, aurait fermé les yeux pour accroître la pression politique. Bien sûr, l'affirmation a été reprise sur des centaines de sites (effectuez une recherche sur " "murari lal" "mail on sunday" "). Le journal Le Monde a contacté Murari Lal, qui a déclaré : "Cette histoire est complètement absurde, affirme-t-il. D'abord je ne suis pas glaciologue (comme le dit le tabloïd) mais physicien de l'atmosphère et spécialiste de modélisation du climat. Ensuite, je n'ai jamais tenu ces propos, à aucun moment, et je condamne fermement celui qui me les a attribués."

Tout cela me rappelle un peu les articles et livres qui "démontraient" il n'y a pas si longtemps que le tabac n'est pas malsain et que ceux qui l'affirmaient étaient des excités, des "ayatollahs". Ici, les enjeux sont plus lourds encore.


Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : environnement, climat, etats-unis, obama, bush, polémique, négation, pôle, fonte, glaciers

jeudi 4 février 2010

"Money For Nothing" - Knopfler, Sting, Clapton, Phil Collins (Vidéo)


Souvent, une intro longue dans un concert, c'est un peu embêtant, et le showman expérimenté tente de l'éviter. Ici, l'intro est un petit peu longue, et pourtant le showman qui la prononce est expérimenté. Le concert se situe à Londres, à l'Albert Hall, en 1997, et est célèbre depuis sous le nom de "Music For Montserrat". L'organisateur s'appelle George Martin - oui, celui qui fut producteur des Beatles -. En 1970, George Martin a fondé les studios Montserrat. En 1997, l'île de Montserrat, dans les Caraïbes, est dévastée par une éruption volcanique - et George Martin organise un concert de soutien. Il y invite quelques musiciens qui ont enregistré aux studios Montserrat. Et voilà pourquoi l'intro de ce morceau est un peu longue : l'"orateur" - qui n'est autre que Mark Knopfler, de Dire Straits, doit annoncer le chanteur qui vient le rejoindre - qui n'est autre que Sting, ancien chanteur de Police devenu célèbre sans son groupe - puis il faut laisser s'élever l'ovation qui monte du public, et puis une autre ovation salue le guitariste annoncé par Knopfler, guitariste qui n'est autre qu'Eric Clapton. Ah, à la batterie, Phil Collins, soutenu par un fameux percussionniste, Ray Kooper. Ils jouent, évidemment, le "Money For Nothing" qui fut une des perles brillant au diadème de Dire Straits. Egalement sur scène ce soir-là, dans d'autres morceaux, Elton John, Paul McCartney et Carl Perkins, sans oublier un orchestre et un choeur dirigés par George Martin. Enjoy...


Le concert "Music For Montserrat" existe sur DVD.

Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : Mark Knopfler, Sting, Clapton, George Martin, Paul Mac Cartney, Elton John, Carl Perkins, Music For Montserrat, vidéo, musique

La "Chasse Aux Chômeurs" Continue...



On savait que les exclusions du chômage ont des conséquences humaines dramatiques. On sait moins que cette pratique a un coût qui aggrave la situation financière des CPAS. La Fédération des CPAS de l'Union des Villes et Communes de Wallonie s'est réunie le 22 janvier en assemblée générale. Elle a montré les dents en direction de l'ONEM. Celui-ci imposerait des charges supplémentaires très lourdes aux Centres Publics d'Aide Sociale : le surcoût se situerait aux alentours de 20 millions d'euros - contre 18 en 2008 -. En effet, logiquement, un chômeur qui perd ses allocations se tourne vers le CPAS le plus proche pour subsister. Claude Emonts, président de la Fédération, déclare : "Ce qui se passe maintenant, c'est un plan d'exclusion, pas d'accompagnement. Pour nous, c'est inacceptable". La FGTB wallonne relève que "Fin 2008,en Wallonie 38% des cas pris en charge par les CPAS (paiement du revenu d intégration) étaient des personnes exclues par le plan de contrôle".

La Suite de l'Article
ONEM et FOREM publient des estimations positives des résultats de leur "Activation du Comportement de Recherche d’emploi (ACR)" : avant tout, des entretiens individuels périodiques durant lesquels un facilitateur évalue les activités de recherche d’emploi des chômeurs indemnisés, avec une série de mesures d'accompagnement (dispositifs d'insertion professionnelles, cellules de reconversion, transmission individualisée des offres d’emploi...) . L'ACR vise "les personnes âgées de moins de 50 ans qui réunissent simultanément les conditions suivantes : chômeur complet indemnisé inscrit obligatoirement comme demandeur d’emploi, au chômage depuis 15 mois ou 21 mois au moins, ne se trouvant plus dans la première période d’indemnisation, apte au travail et ne pouvant bénéficier d’une suspension de la procédure de suivi" (par exemple, parce qu'elle suit une formation).
Les sanctions encourues sont une suspension des allocations, allant de quatre semaines à un an, ou une radiation définitive. Pour échapper à pareille sanction, on a intérêt à accepter le premier emploi qui vous tombe sous la dent ... ce qui devient finalement, reproche-t-on à l'ONEM, une promotion des emplois précaires !

Ce n'est pas la seule critique adressée au Plan. On lui impute une inflation des exclusions : 4.523 exclusions définitives ont été prononcées en 2008, contre 2.562 en 2007; soit + 76 %. 6.425 suspensions des allocations de quatre mois ont été prononcées en 2008, contre 4.896 en 2007; soit + 31%. Le ministre wallon de l’Economie, Jean-Claude Marcourt, estime qu'en pratique l'ONEM ne tient pas compte de certains efforts de formation et sanctionne des chômeurs injustement.
La "Plate-forme contre le plan de chasse aux chômeurs et pour la création d’emplois de qualité" passe en revue les défauts du Plan, considère qu'il sanctionne des personnes qui cherchent activement un emploi, pénalise les chômeurs les moins formés, les plus fragiles socio-culturellement, et en réclame le retrait.
Cette exigence a été relayée par de beaucoup plus grosses voix. Lors de la toute récente manifestation pour l'emploi qui a réuni quelque 30.000 personnes à Bruxelles, tous les syndicats ont demandé une suspension de l'ACR. "Tribune", l'organe de la CGSP, écrit en décembre 2009 : "Signe de l’aggravation récente de la situation, le nombre de demandeurs d’emploi depuis moins d’un an a explosé : le nombre des inoccupés depuis moins de 6 mois a augmenté de 9,2 % tandis que celui des inoccupés depuis plus de 6 mois et moins d’un an a grimpé de 23,4 % ! Dans le même temps, le nombre d’offres d’emploi gérées par le Forem a diminué de 20 % ! En pareilles circonstances,décrocher un job est une entreprise encore plus difficile et le plus souvent vouée à l’échec. Dans ces conditions, le contrôle de la disponibilité apparaît comme une aberration. Fin 2008, les chiffres révélaient un constat dramatique : au cours de l’année, 65000 personnes avaient subi des sanctions d’exclusion ou de suspension de leurs allocations de chômage.

Retrait, non. Révision, peut-être, mais ...

Un retrait, il n'en est pas question pour le président du PS. Il critique pourtant le plan : « Une exclusion qui se produit dans une sous-région où il n’y a pas d’emploi est injuste et doit cesser. », a-t-il déclaré ce lundi 1er février. Mais pas question pour Elio di Rupo d'un moratoire qui reviendrait à "donner l’impression que, demain, on rase gratis. ».
Bref, suspension, non, révision oui... En fait, peut-être : car, rappelle Joëlle Milquet, un projet en ce sens existe depuis 2008. Mais, dit le cabinet de la Ministre de l'Emploi, " il est bloqué depuis 2008 par le gouvernement flamand. Ce projet prévoit notamment une beaucoup plus grande personnalisation de l’accompagnement. Il prévoit aussi des mesures pour les personnes éloignées du marché du travail. » . Oui, répondent
certains, il prévoit aussi une accentuation de la répression : "suspendre le paiement des allocations dès la première absence injustifiée à une convocation ».
Bref, la suspension du plan d'accompagnement risque fort de faire naufrage sur le refus du PS. Avec quelles conséquences pour les chômeurs, et pour les CPAS ? Et quelle réaction de la FGTB wallonne, qui a fait de ce dossier l'une de ses priorités absolues ?
PS : Au lendemain de la publication de cet article, je lis dans la Libre : "Écolo a d'ailleurs quelques recettes, comme investir dans les métiers verts. Écolo plaide pour l'arrêt du plan d'exclusion du chômage. «C'est le mythe de la sanction," tranche la députée Muriel Gerkens. "Toutes les études montrent que les exclus du chômage ne s'insèrent plus du tout sur le marché du travail après. On a l'impression d'une machine à démoraliser, à briser. » Pour Muriel Gerkens, les moyens consacrés au contrôle de la disponibilité des chômeurs doivent être réorientés vers la formation. Mais quel poids peut avoir pareille prise de position d'un parti absent du gouvernement fédéral ?




Cliquez ici pour recevoir chaque mois une liste des nouveaux articles de ce blog. Vous pouvez être prévenu/e de chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" tout en bas de la page d'accueil.


Mots-clef : cpas, chômage, radiation, exclusion, emploi