vendredi 9 octobre 2009

Spammeur ? Moi ? Ou Comment La Lettre Du Blog Fut Muselée.


La Commission européenne appelle les gouvernements de l'UE à prévoir des sanctions "sévères" contre les responsables d'envois de spams. Le spam, c'est, faut-il le rappeler, l'envoi en masse de courriers commerciaux non sollicités : des millions et des millions de courriel vous proposant du Viagra et autres médicaments sans prescription, des montres de contrefaçon, un prêt hypothécaire dans l'Alabama défiant toute concurrence... Ces courriels sont accueillis avec rage ou lassitude par 99% des destinataires, mais sur pareille masse, 1% de gogos représente encore une masse lucrative. Est-ce, comme l'affirme la Commission, 65 % des internautes qui sont touchés, un peu moins, un peu plus, beaucoup plus ? Peu importe, c'est vrai que le spam est un phénomène massif et écoeurant.  

La Suite De L'Article :
C'est vrai aussi que depuis des années, on annonce des tempêtes de sanctions, et qu'elles ont peu d'effet. Quelques spammeurs ont été condamnés à des peines spectaculaires, mais la marée continue à déferler. Dans l'Union Européenne, l'application de sanctions est jusqu'à présent totalement variable d'un pays à l'autre, mais les spammeurs "sérieux" connaissent la parade quand le sol d'un pays devient trop chaud : ils délocalisent.
Bon, et en quoi cela concerne-t-il ce blog ?
Réponse : je suis un spammeur.
En tout cas, je puis être considéré comme spammeur. Et je l'ai été. Et contrairement au vrai spammeur, qui utilise une infrastructure et des tactiques (serveurs, localisation, brouillage de pistes) qui le rendent le plus souvent invulnérable, je suis totalement vulnérable. De plus, une fois accusé, je ne puis pas me défendre.
Ce blog, vous l'avez peut-être remarqué, parle de problèmes de société, est non-commercial, sans publicité et bénévole. L'ASBL envoyait un mail mensuel à des personnes susceptibles d'être intéressées, mail signalant les nouveaux articles, comportant un lien de désabonnement. La personne qui cliquait ce lien ne recevait plus jamais la lettre. Une personne, qui a reconnu ne même pas avoir ouvert le mail, a néanmoins porté plainte auprès d'une "société antispam". Cette soi-disant société s'est avéré un simple robot - donc lui envoyer quelque explication que ce soit est totalement inutile -. Le problème, c'est que la plainte ne m'a pas été envoyée, mais a été envoyée à la société - mon "hébergeur" - qui héberge sur ses serveurs mon site (et pas le présent blog). Mon hébergeur m'a fait savoir qu'en cas de deuxième plainte, quels que soient mes arguments, quelle que soit ma situation réelle, le site serait supprimé. Tous mes arguments ont été inutiles, y compris ma conformité à la jurisprudence belge en la matière, ou le fait que mon blog, l'incriminé, n'est pas hébergé par l'hébergeur de mon site que tout cela ne regarde en rien : les hébergeurs vivent dans la terreur d'être considérés comme complices de spam. Donc, contrairement à toute justice, toute plainte répétée vous vaut condamnation automatique.
Passons les détails : après longs échanges d'arguments, j'ai dû changer d'infrastructure pour la newsletter, supprimer l'ancienne liste de membres, lancer des invitations à s'inscrire, et perdre pas mal de lecteurs pour qui une procédure d'inscription comportant quelques clics successifs est déjà une barrière décourageante. En gros, j'ai dû passer d'une procédure opt-out (la personne qui reçoit la lettre peut à tout moment s'en désabonner et ne plus jamais la recevoir - le logiciel serveur refusera d'ailleurs de la réinscrire -) à une procédure opt-in (l'éventuel lecteur doit lui-même s'inscrire pour recevoir la lettre). Ce qui me fait rigoler, c'est qu'une ASBL bénévole est obligée de se taper ce parcours d'obstacles, mais que si j'emprunte n'importe quelle route, si je prends le métro, si je marche dans la rue, je suis bombardé de publicités (qui elles, sont commerciales et reposent sur l'esprit de lucre). J'exige donc qu'en toute équité, les sociétés de publicité soient placées dans la même situation que moi. En d'autres termes, si une publicité est placée en quelque endroit que ce soit, elle doit rester totalement invisible, sauf à la personne qui, en appuyant par exemple sur un bouton, la rendra visible pour elle seule. Le principe du opt-in sera donc appliqué dans toute sa splendeur. En attendant, le seul principe appliqué est celui énoncé jadis par La Fontaine : "Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."

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Mots-clef : spam, courrier, mail, courriel, non-sollicité, internet

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