jeudi 18 juin 2009

Michel Moore Sauve (ra) les Etats-Unis.


Michael Moore était un bon cinéaste, le voilà économiste, et conseiller du Président Obama. Enfin presque. Avant "Bowling For Columbine", "Fahrenheit 9/11" et autres brûlots, l'impertinent réalisateur s'était fait connaître avec "Roger And Me", un film décrivant les ravages du chômage à Flint, une ville du Michigan qui vit de l'usine General Motors. Flint, Moore y est né, et sa famille voyait bien le petit Michael entrer un jour dans la firme qui semblait garantir l'emploi dans la région. Bosser chez GM était alors considéré comme une chance. Aujourd'hui General Motors a déposé son bilan.

Mais ce symbole va poursuivre ses activités et se restructurer à l'abri de ses créanciers, grâce à la loi américaine s sur les faillites. Le gouvernement des USA apportera à la société 30,1 milliards de dollars et contrôlera 60 % de son capital. Le Canada et la province d'Ontario verseront 9,5 milliards de dollars, et détiendront 12 % du capital. Mais que va-t-on faire de la firme ? Continuer à vouloir inonder le monde de voitures, en concurrençant les autres constructeurs ? Michael Moore a une meilleure idée, qu'il intitule très simplement :

Mon plan pour General Motors

J’écris ces lignes depuis Flint (Michigan), le berceau de General Motors, entouré d’amis et de membres de ma famille inquiets pour leur avenir et celui de leur ville. Quarante pour cent des logements et des entreprises de Flint sont à l’abandon. Quel serait votre état d’esprit si vous viviez dans une ville où près d’une maison sur deux est vide ? Nous voici aujourd’hui au chevet de General Motors. Le cadavre de l’entreprise n’est pas encore froid et je suis rempli de joie. Il ne s’agit pas d’une joie revancharde vis-à-vis d’une entreprise qui a ruiné ma ville natale et apporté misère, divorce, alcoolisme, détresse physique et mentale aux personnes avec lesquelles j’ai grandi. Je n’éprouve évidemment aucune joie non plus à l’idée que 21 000 salariés supplémentaires de GM vont se voir notifier la perte de leur emploi. Mais vous et moi et le reste de l’Amérique sommes maintenant propriétaires d’un constructeur automobile ! Qui diable peut donc vouloir gérer une entreprise automobile, de nos jours ? Lequel d’entre nous aimerait voir 50 milliards de nos impôts déversés dans le gouffre sans fond de GM pour tenter encore de le sauver ? Soyons clair : le seul moyen de sauver GM est de tuer GM. Mais préserver nos précieuses infrastructures industrielles doit être la priorité absolue. Si nous permettons que nos sites de production automobile soient fermés ou rasés, nous le regretterons amèrement quand nous nous apercevrons que ces usines auraient pu fabriquer les systèmes exploitant les énergies alternatives dont nous avons désespérément besoin. Et quand nous nous rendrons compte que les meilleurs moyens de transport sont le tramway, les trains à grande vitesse et les autobus propres, comment les fabriquerons-nous si nous laissons disparaître nos outils industriels et notre main-d’œuvre qualifiée ? Alors que le gouvernement fédéral et les tribunaux s’apprêtent à “réorganiser” GM, voici le plan que je demande au président Obama de mettre en œuvre pour le bien des salariés, des villes où l’entreprise est implantée et du pays tout entier.

A l’image de ce qu’a fait le président Roosevelt après l’attaque de Pearl Harbor, le président Obama doit dire à la nation que nous sommes en guerre et qu’il nous faut :

1. Convertir immédiatement nos usines automobiles à la production de transports en commun et à l’exploitation d’énergies alternatives.

2. Ne pas mettre 30 milliards de dollars supplémentaires dans les coffres de GM pour lui permettre de fabriquer des voitures. Il vaut mieux utiliser ces fonds pour maintenir les effectifs actuels – et réembaucher la plupart des salariés précédemment licenciés – de manière qu’ils se consacrent à la production des nouveaux modes de transport du XXIe siècle.

3. Annoncer que des trains à grande vitesse sillonneront le pays de part en part d’ici cinq ans. Confier partout la construction des nouvelles lignes de chemin de fer aux travailleurs en quête d’emploi.

4. Lancer un programme visant à doter toutes les villes, grandes et moyennes, de tramways et faire construire les rames dans les usines GM. Procéder systématiquement à l’embauche de main-d’œuvre locale pour l’installation et la gestion de ces transports.

5. Pour les zones rurales non desservies par les voies ferrées, faire produire par les usi­nes GM des autobus économes en carburant et non polluants.

6. Dans l’immédiat, faire fabriquer des véhicules hybrides ou tout électriques dans certaines usines. Il faudra quelques années pour que nous nous habituions aux transports en commun. Quitte à avoir des automobiles, autant qu’elles soient plus respectueuses de l’environnement.

7. Reconvertir certains sites GM désaffectés en unités de production d’éoliennes, de panneaux solaires et autres systèmes exploitant les énergies renouvelables.

8. Accorder des avantages fiscaux aux personnes qui se déplacent en véhicule hybride, en bus ou en train.

9. Créer une taxe de 2 dollars sur chaque gallon (3,79 litres) d’essence pour financer ces programmes. Elle poussera les automobilistes à se tourner vers des voitures moins gourmandes ou à utiliser les nouveaux transports que les anciens ouvriers de l’automobile auront construits pour eux.

Voilà pour commencer. Mais, s’il vous plaît, je vous en conjure, ne sauvez pas GM pour qu’une version réduite de la firme continue de fabriquer des Chevy ou des Cadillac. Ce n’est pas une solution viable à long terme.


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Mots-clef : Michael Moore, General Motors, automobile, économie, écologie, crise, transports en commun

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