samedi 27 juin 2009

Michael Jackson : Revue de Presse Mal-Pensante


Les encensoirs fonctionnent à toute berzingue, il serait peut-être utile de leur donner un petit coup de frein et de découvrir quelques propos plus acides que l'hagiographie à l'oeuvre sur toutes les ondes. Donc, cap sur quelques articles impertinents dont nous publions de brefs extraits, question de vous aiguiller vers les originaux, dont nous ne partageons pas nécessairement chaque avis, mais qui ont en commun une vertu roborative.

Michael Jackson, la dernière des superstars, par Thomas Sotinel, dans Le Monde.

Michael Jackson est le produit de la Tamla Motown, société de production de spectacles de Detroit, l'une de ces usines de fabrication d'étoiles devenues aujourd'hui aussi désuètes que les filatures de Birmingham. (...)
Dans la décennie 1985-1995, le système développé autour de Jackson atteint un niveau d'efficacité prodigieux : portés par de nouveaux instruments de promotion - les vidéos diffusées sur les chaînes câblées, les partenariats publicitaires -, les disques et les billets de concert se vendent par millions.
Le déclin créatif du chanteur correspond à l'effondrement de ce mode de production. (...)
Cette dégénérescence ne s'accompagne pourtant pas du surgissement d'une nouvelle génération d'étoiles. Il n'y a pas, et il n'y aura pas de nouveau Michael Jackson, pas plus que de nouveaux Beatles. Dans l'industrie de la musique, les artistes qui apparaissent aujourd'hui font l'objet d'engouements aussi violents que brefs, comme si la rapidité des news cycles avait imposé sa loi aux périodes de créativité.


Le starcissique Michael Jackson, emblème d’une médiocre décennie, par Bernard Dugué, sur Agoravox

Michael Jackson représente pour les sévères critique la marque d’une piètre époque, loin de celle d’Elvis, des Beatles ou de Led Zep. Culte de l’argent, tape-à-l’œil, avènement de la très kitsch MTV diffusant des clips souvent mauvais à longueur de journée pour ados attardés se gavant de hamburgers devant la télé. Des clips souvent classy et flashant produits pour compenser la faiblesse musicale des interprètes, la médiocrité des compositions, et faire vendre les chansons à des millions d’exemplaires. Ainsi se sont déroulées les années 1980, avec également celle qui pleure son ami, une certaine Madonna, au talent surfait et à la notoriété usurpée. Les télés, après le succès de Dallas, diffusaient Dynasty. Les chanteurs étaient mal habillés. Il n’y avait plus d’élan politique. Juste le redressement et le retour à l’ordre orchestré par Reagan. On comprend que Michael Jackson servit de météore pour redorer le blason d’une Amérique qu’on disait sur le déclin après la guerre du Viêt-Nam.

Le cas curieux de Michael Jackson pr Sylvain Bourmeau sur Mediapart.

Non content de se javelliser la face, Jackson n'aura de cesse de s'acheter la couleur de la virginité en ripolinant outrancièrement sa belle légitimité musicale motown : mariage avec Lisa-Marie, fille de l'homme en blanc de Vegas, autre king auto-proclamé ; achat du catalogue de la pomme (non croquée) des Fab 4, qui n'étaient pas frères, de Liverpool. Au moment où des gangsters et autres ennemis publics inventent, par le vol d'échantillons, la musique des années 80, Jackson le parvenu se paye légalement les droits d'auteurs de chansons de vingt ans d'âge qu'il rêvait d'avoir écrit. (...)
Réactionnaire, Michael Jackson, mort à l'hôpital Ronald Reagan de UCLA, aura néanmoins été le contemporain d'une Amérique droitière où, plus encore qu'ailleurs, le capitalisme s'est lancé dans l'infantilisation généralisée - un processus récemment analysé par le théoricien politique Benjamin Barber, et dont Jackson s'avère, mi-Bambi mi-Peter Pan, l'incarnation la plus monstrueuse.



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Mots-clef : Michael Jackson, Ronald Reagan, eighties, années 80,

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