"Contact J", qui se présente comme "Mensuel d'expression du judaïsme belge", n'est pour le moins pas anti-sioniste. La lutte contre l'antisionisme figure d'ailleurs, sans surprise, dans les buts statutaires du Cercle Ben Gourion, duquel il émane tout comme Radio Judaïca. Le Cercle est également proche du Comité de Coordination des Organisations juives de Belgique (CCOJB). La solidarité avec Israël est consubstantielle à ce journal comme au milieu dont il est issu. La lecture du dernier numéro en est d'autant plus intéressante.
Ainsi, un éditorialiste, que l'on entend aussi sur Radio Judaïca, commence son billet en énumérant toutes les raisons qu'il a eues et qu'il maintient de rejeter avec mépris l'idée d'un Etat palestinien. Mais ... il faut bien tenir compte des réalités, notamment de celles qui règnent désormais à Washington. Donc, écrit Isaac Franco, "il faut accompagner, fût-ce de mauvaise grâce, ce qui ne peut être empêché", sans quoi la parole israélienne sera tellement en porte-à-faux avec la réalité qu'elle en deviendra inaudible. Et l'auteur souhaite que le nouveau Premier Ministre israélien ait les coudées franches pour agir dans ce sens, débarassé si nécessaire "de ceux qui, fût-ce pour les meilleures raisons du monde, refusent encore cette équation".
Entendons-nous, il n'est pas question ici des droits du peuple palestinien, pas question de justice ni même d'humanité : il s'agit d'appliquer une Realpolitik, avec la plus mauvaise grâce du monde, parce qu'Israël est désormais forcé "de courir les risques d'un nouveau marché de dupes, la violence contre les territoires". Pareils préliminaires indiquent comment l'auteur peut voir un futur Etat palestinien : aussi faible et aussi petit que possible, une miette jetée à une opinion internationale exaspérée. Et bien sûr, la concession dont témoigne l'article contraste avec une situation où une coexistence entre deux Etats paraît, pour l'instant du moins, plus irréalisable que jamais. N'empêche que cette évolution n'est pas à ignorer.
D'autant qu'un vent d'ouverture semble souffler sur ce numéro. On y trouve par exemple l'interview d'un Palestinien victime de l'intervention sur Gaza. Il s'agit du Docteur Abou Al-Aisch, militant pour la paix et la compréhension mutuelle, dont la famille est morte sous les bombes. Il est récemment venu en Belgique, ayant été nommé citoyen d'honneur de la commune belge de Viroinval. Bien sûr, on peut rappeler que des centaines d'autres femmes et enfants sont morts de façon aussi navrante que cette seule famille dont le sort a touché l'opinion israélienne, mais on doit aussi saluer la brèche que ce drame a ouverte dans un mur de haine.
Autre brèche dans un autre mur : "Contact J" reprend une analyse (parue dans l'édition en anglais du journal israélien de centre-gauche Haaretz) du livre "Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine", livre de John Mearsheimer et Stephen Walt qui ébouriffe quelque peu l'opinion aux Etats-Unis et en Israël. L'auteur de l'article, David B.Green, souligne entre autres que les organisations juives qui combattent la politique israélienne sont honorables et qu'il est absurde de les traiter d'antisémites (ce dernier point devrait tomber sous le sens...). L'idée de l'article est que l'attitude d'Israël et de ceux qui la soutiennent est devenue tellement criticable, mène à un tel isolement, "que l'on ne rend pas service à l'Etat juif en soutenant inconditionnellement sa politique, et qu'en réalité, Israël aurait besoin d'une puissance comme les USA pour l'aider à se sauver d'elle-même". A ceux qui renâclent devant l'idée d'un Obama arbitre au Proche-Orient, Green fait observer : "Il ne semble pas y avoir de limite au bain de sang que les opinions publiques israélienne et palestinienne sont prêtes à tolérer. Au contraire, leur soif de violence semble grandir."
Reste à voir si une politique guidée par la main paternelle de l'Oncle Sam peut devenir réalité à Jérusalem, vu la coalition née des élections et les positions de Netanyahu sur les colonies juives de Cisjordanie et la création d'un Etat palestinien. En tout cas, il n'est pas inintéressant de constater ces nuances, dues sans doute à un contexte sur lequel pèsent les élections états-unienne et israélienne, mais aussi le bilan, finalement bien peu positif d'un point de vue israélien, de l'opération menée sur Gaza.
Enfin, le Cercle Ben Gourion - dont émane Contact J - est proche du Comité de Coordination des Organisations juives de Belgique (CCOJB), qui s'est illustré récemment comme pompier pyromane après la manifestation contre l'intervention israélienne à Gaza. Ce Comité avait porté plainte auprès de Centre pour l'Egalité des Chances contre le PS, le CDH, Ecolo et 83 ONG après la manifestation de Bruxelles contre les bombardements de Gaza, nous en avons longuement parlé. Contact J interviewe le directeur-adjoint de ce Centre, Edouard Delruelle, qui rappelle à ce sujet, sereinement, que "l'objet de cette manifestation est légitime", que "les organisateurs se sont efforcés d'éviter (mais en vain, il est vrai), tout débordement", "que dans leur toute grande majorité, les manifestants se sont abstenus de participer aux actes moralement répréhensibles", et que "nous considérons que la plainte du CCOJB à l'encontre des organisateurs de la manifestation du 11 janvier est disproportionnée". Après tout, on peut se réjouir que pareil propos (infiniment modéré) soit acceuilli dans pareil journal. Les raisons de se réjouir, dans ce dossier, sont si rares...
Mots-clef : contact j, israël, palestine, paix, haaretz, israel lobby, netanyahu, Abou Al-Aisch, ccojb, cercle ben gourion
Ainsi, un éditorialiste, que l'on entend aussi sur Radio Judaïca, commence son billet en énumérant toutes les raisons qu'il a eues et qu'il maintient de rejeter avec mépris l'idée d'un Etat palestinien. Mais ... il faut bien tenir compte des réalités, notamment de celles qui règnent désormais à Washington. Donc, écrit Isaac Franco, "il faut accompagner, fût-ce de mauvaise grâce, ce qui ne peut être empêché", sans quoi la parole israélienne sera tellement en porte-à-faux avec la réalité qu'elle en deviendra inaudible. Et l'auteur souhaite que le nouveau Premier Ministre israélien ait les coudées franches pour agir dans ce sens, débarassé si nécessaire "de ceux qui, fût-ce pour les meilleures raisons du monde, refusent encore cette équation".
Entendons-nous, il n'est pas question ici des droits du peuple palestinien, pas question de justice ni même d'humanité : il s'agit d'appliquer une Realpolitik, avec la plus mauvaise grâce du monde, parce qu'Israël est désormais forcé "de courir les risques d'un nouveau marché de dupes, la violence contre les territoires". Pareils préliminaires indiquent comment l'auteur peut voir un futur Etat palestinien : aussi faible et aussi petit que possible, une miette jetée à une opinion internationale exaspérée. Et bien sûr, la concession dont témoigne l'article contraste avec une situation où une coexistence entre deux Etats paraît, pour l'instant du moins, plus irréalisable que jamais. N'empêche que cette évolution n'est pas à ignorer.
D'autant qu'un vent d'ouverture semble souffler sur ce numéro. On y trouve par exemple l'interview d'un Palestinien victime de l'intervention sur Gaza. Il s'agit du Docteur Abou Al-Aisch, militant pour la paix et la compréhension mutuelle, dont la famille est morte sous les bombes. Il est récemment venu en Belgique, ayant été nommé citoyen d'honneur de la commune belge de Viroinval. Bien sûr, on peut rappeler que des centaines d'autres femmes et enfants sont morts de façon aussi navrante que cette seule famille dont le sort a touché l'opinion israélienne, mais on doit aussi saluer la brèche que ce drame a ouverte dans un mur de haine.
Autre brèche dans un autre mur : "Contact J" reprend une analyse (parue dans l'édition en anglais du journal israélien de centre-gauche Haaretz) du livre "Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine", livre de John Mearsheimer et Stephen Walt qui ébouriffe quelque peu l'opinion aux Etats-Unis et en Israël. L'auteur de l'article, David B.Green, souligne entre autres que les organisations juives qui combattent la politique israélienne sont honorables et qu'il est absurde de les traiter d'antisémites (ce dernier point devrait tomber sous le sens...). L'idée de l'article est que l'attitude d'Israël et de ceux qui la soutiennent est devenue tellement criticable, mène à un tel isolement, "que l'on ne rend pas service à l'Etat juif en soutenant inconditionnellement sa politique, et qu'en réalité, Israël aurait besoin d'une puissance comme les USA pour l'aider à se sauver d'elle-même". A ceux qui renâclent devant l'idée d'un Obama arbitre au Proche-Orient, Green fait observer : "Il ne semble pas y avoir de limite au bain de sang que les opinions publiques israélienne et palestinienne sont prêtes à tolérer. Au contraire, leur soif de violence semble grandir."
Reste à voir si une politique guidée par la main paternelle de l'Oncle Sam peut devenir réalité à Jérusalem, vu la coalition née des élections et les positions de Netanyahu sur les colonies juives de Cisjordanie et la création d'un Etat palestinien. En tout cas, il n'est pas inintéressant de constater ces nuances, dues sans doute à un contexte sur lequel pèsent les élections états-unienne et israélienne, mais aussi le bilan, finalement bien peu positif d'un point de vue israélien, de l'opération menée sur Gaza.
Enfin, le Cercle Ben Gourion - dont émane Contact J - est proche du Comité de Coordination des Organisations juives de Belgique (CCOJB), qui s'est illustré récemment comme pompier pyromane après la manifestation contre l'intervention israélienne à Gaza. Ce Comité avait porté plainte auprès de Centre pour l'Egalité des Chances contre le PS, le CDH, Ecolo et 83 ONG après la manifestation de Bruxelles contre les bombardements de Gaza, nous en avons longuement parlé. Contact J interviewe le directeur-adjoint de ce Centre, Edouard Delruelle, qui rappelle à ce sujet, sereinement, que "l'objet de cette manifestation est légitime", que "les organisateurs se sont efforcés d'éviter (mais en vain, il est vrai), tout débordement", "que dans leur toute grande majorité, les manifestants se sont abstenus de participer aux actes moralement répréhensibles", et que "nous considérons que la plainte du CCOJB à l'encontre des organisateurs de la manifestation du 11 janvier est disproportionnée". Après tout, on peut se réjouir que pareil propos (infiniment modéré) soit acceuilli dans pareil journal. Les raisons de se réjouir, dans ce dossier, sont si rares...
Mots-clef : contact j, israël, palestine, paix, haaretz, israel lobby, netanyahu, Abou Al-Aisch, ccojb, cercle ben gourion
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