jeudi 30 avril 2009

Une bonne soupe pleine de souffrance ? (vidéos)



Nous considérons "le" requin (il en est de toutes sortes) comme un tueur. Il peut nous le rendre au centuple. Les requins, on est en train de les massacrer. Pourquoi ? Pour leur aileron, celui qui parfume un potage dans tout restaurant chinois qui se respecte. Je ne trouvais pas ce potage mauvais, ni bon (fade), voilà soudain qu'il me flanque la nausée. On pêche le requin exclusivement pour son aileron. Donc, vite fait, on le hisse à bord, on tranche l'aileron, on rejette tout le reste à l'eau. L'animal incapable désormais de se déplacer va agoniser interminablement au fond de l'océan. C'est atroce. Et c'est idiot.

C'est idiot parce que le requin est un indispensable régulateur de l'écosystème. Il n'a pas de prédateur, il se reproduit peu (maturité sexuelle très tardive), moins il y a de requins plus l'écosystème perd son équilibre. Les populations (Asie, Afrique, Amérique Latine) qui pêchent massivement du requin se tirent dans le pied. Non seulement les requins se raréfient, mais d'autres espèces de poisson ou des poulpes manquent à l'appel. Jeune Afrique note :

"La raréfaction du principal prédateur pourrait déséquilibrer la chaîne alimentaire marine dans son intégralité. Des études menées dans les Caraïbes ont révélé que la disparition des requins se traduisait par une augmentation des stocks d’autres espèces carnivores ; celles-ci se nourrissent en quantité trop importante d’autres poissons utiles, tels que ceux qui contribuent au maintien des algues sur le corail, ce qui peut potentiellement menacer l’écosystème du récif tout entier.

« La disparition des requins aurait des conséquences dévastatrices pour les habitats marins et les communautés locales qui en dépendent », a indiqué à IRIN Frances Humber, une biologiste des fonds marins qui étudie les populations de requins dans le sud et l’ouest de Madagascar aux côtés de l’organisation britannique de conservation Blue Ventures.

« Un déclin de la pêche au requin pourrait menacer la stabilité économique de la région, et priver des milliers de pêcheurs de leurs moyens de subsistance. »


Naturavox surenchérit :

"
Par exemple, sur la côte est des Etats-Unis, la surpêche des requins a mené à la raréfaction des coquilles St-Jacques, consommées par les raies, elles-mêmes la proie des requins. Les raies étant beaucoup plus nombreuses, cela a conduit à la chute des stocks de coquilles.
En Polynésie, la raréfaction des requins a entrainé à certains endroits la mort des coraux : des gros poissons comme les mérous, normalement régulés par les requins, se sont fait de plus en plus nombreux, ce qui entraine une baisse de la quantité de petits herbivores dont ils se nourrissent. Les algues prolifèrent et empiètent sur l’espace vital des coraux…
"

Par ailleurs, en diminuant la faune marine, les pêcheurs diminuent l'attrait touristique des régions de pêche. Encore bravo.
Les soi-disant vertus thérapeutiques de l'aileron de requin sont une légende.
Les requins massacrés sont une centaine de millions chaque année.
Les législations sont partielles et insuffisantes. Une solution : ne pas acheter !

Deux vidéos : l'une documentaire, l'autre tract, aussi humoristique qu'on peut l'être sur un sujet aussi sinistre.

Et un autre article "requins" ici .







Mots-clef : requin, écosystème, pêche, tourisme, environnement


mercredi 29 avril 2009

Qu'a dit Ahmadinejad ? Pourquoi ?


Vous rappelez-vous l'hebdomadaire belge "Pourquoi Pas ?" Si oui, vous n'êtes plus un gamin, "Pourquoi Pas ?" n'existe plus depuis belle lurette.
Je ne suis plus un gamin, je me rappelle "Pourquoi Pas ?", et entre autres une couverture de "Pourquoi Pas ?". C'était à l'époque de la crise de Suez, le président égyptien Nasser avait nationalisé le célèbre canal, à la grande colère de la France, de la Grande-Bretagne et d'Israël. La fièvre régnait, les rayons "sucre" et "farine" des épiceries étaient vides tant on craignait une guerre mondiale, on présentait Nasser comme un fou prêt à mettre la planète à feu et à sang. Et "Pourquoi Pas ?" a publié en couverture un dessin de Nasser vêtu d'une veste ornée de croix gammées.

C'était l'époque où l'israélien Ben Gourion déclarait : "le principal danger provient du dictateur égyptien qui domine les autres États arabes et ne se lasse pas de proclamer son intention de détruire Israël". En fait, Ben Gourion avait signé un accord (tenu secret à l'époque) avec Londres et Paris, et c'est Israël qui attaqua l'Egypte le 29 octobre.
La crise de Suez s'est quand même terminée à l'avantage de l'Egypte, et plus personne ne voit malice à sa propriété sur le canal. On nous conditionnait vachement à l'époque. Je ne crois pas à la conspiration des media, mais il se produit autour d'Ahmadinnedjad un emballement qui rappelle fortement 1956. La caricature ci-dessus me rappelle la couverture de "Pourquoi Pas" à propos de Nasser, comme les propos tenus par les ministres israéliens rappellent ceux de Ben Gourion.
Le président iranien n'est pas sympathique et ce n'est rien de le dire. Sans même parler ici du statut des femmes, de l'homosexualité, de la liberté de la presse, de la liberté syndicale, l'hôte du négationniste Faurisson n'est pas sympathique - enfin, pas aux gens que j'aime bien -, même si le président fait figure de moins réactionnaire que certains qui l'ont crossé à l'occasion, y compris le Guide suprême Khamenei. Mais enfin, si l'on parle de Ahmadinedjad ces derniers jours, c'est entre autres à l'occasion de la Conférence Durban 2, conférence des Nations-Unies de lutte contre le racisme.

Qui dérape ?

Et le quasi-unanimisme sur le "dérapage antisémite" du président iranien laisse un peu rêveur. Car Ahmadinejad n'a pas dit ce qu'on lui a fait dire. Il est vrai qu'on a pataugé dans la confusion. La délégation iranienne avait distribué une traduction en anglais du discours présidentiel. On y lisait «sous prétexte des souffrances des juifs et de la question ambiguë et douteuse de l’Holocauste», ce qui a soulevé un tollé. Pendant le discours même, la traduction semble avoir cafouillé, puisque l'interprète vers le français s'est contenté de "... sous prétexte des juifs qui ont été victimes et l'Holocauste" (sic) :







(Extrait de France 24).
Oui mais ... à l'écoute du discours, prononcé en farsi, il s'est avéré que le texte original était tout autre : « sous prétexte des souffrances des juifs et des abus sur la question de l’holocauste».

Qu'on soit d'accord ou pas, on a pour le moins le droit de se dire choqué, qu'on s'appelle ou non Ahmadinedjad, par l'utilisation qu'Israël et ses partisans font de la monstruosité exterminatrice pour justifier leur politique. Silvan Shalom, vice-premier ministre (Likoud) d'Israël, est allé voici quelques jours se planter devant le portail d'Auschwitz pour attaquer l'Iran et déclarer "Ce que l'Iran essaie de faire maintenant n'est pas du tout éloigné de ce que Hitler avait fait avec le peuple juif il y a 65 ans". Monsieur Shalom semble ignorer ce qu'était la Shoah. Nous publions ailleurs deux vidéos consacrées à la situation des juifs d'Iran. Par exemple, la Constitution réserve aux 20.000 juifs iraniens un siège au Parlement (une exception en leur faveur, parce que leur nombre ne devrait pas le permettre) et leur reconnaît un statut de minorité religieuse. Monsieur Shalom semble ignorer que, sous Hitler, ce n'était pas exactement la situation des juifs. Il compare donc la situation de gens exterminés par millions à celle de gens représentés au Parlement avec un statut protégé ! Monsieur Shalom a tenu là, devant le portail d'Auschwitz, des propos invraisemblablement banalisateurs de l'Holocauste ! Ces mots mériteraient des hurlements d'indignation de la part des victimes du nazisme et de leurs héritiers, des éditoriaux scandalisés dans les media. Silence radio.

Quand on donne raison à Ahmadinejad...

Donc - et encore une fois, qu'on soit d'accord ou pas avec ses arguments - Ahmadinejad n'a pas tenu en l'occurence de propos négationniste. Il faut faire avec ce qu'on a, et constater un progrès. Qualifier Israël d'Etat raciste n'est ni négationniste ni antisémite.
Il faut aussi constater que les représentants européens présents (ceux qui n'avaient pas choisi le boycott) n'ont pas quitté la salle pour protester contre des propos antisémites, mais dès l'affirmation qu'Israël pratique le racisme ( "Elles ont envoyé des migrants d’Europe, des États-Unis et d’autres parties du monde afin d’établir un gouvernement intégralement raciste en Palestine occupée et, de fait, à titre de compensation pour les graves conséquences du racisme en Europe, elles ont aidé à hisser au pouvoir les individus les plus cruels et les racistes les plus répressifs en Palestine."). L'attitude de l'U.E. n'est pas là une position de défense des Droits de l'Homme, mais une position de défense d'un Etat. Les représentants en question ont pris la lourde responsabilité de crier au monde - notamment aux masses arabes - "Nous ne tolérerons pas que l'on critique Israël ! ". Voilà qui va encourager la haine communautariste, alors que les morts de Gaza sont à peine enterrés. Mais aussi, ils ont donné raison à Ahmadinejad qui affirme que la liberté d'expression, aux yeux des occidentaux, meurt dès qu'il est question du sionisme. Faut-il voir en eux des représentants des Lumières face à l'obscurantisme islamiste, alors qu'ils tournent le dos au principe «Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez les exprimer» ?

Ci-dessous les passages concernant Israël du discours d'Ahmadinedjad :

"Après la Seconde Guerre mondiale, elles ont eu recours à l’agression militaire pour priver de terre une nation entière, sous prétexte des souffrances juives et des abus sur la question de l’Holocauste. Elles ont envoyé des migrants d’Europe, des États-Unis et d’autres parties du monde afin d’établir un gouvernement intégralement raciste en Palestine occupée et, de fait, à titre de compensation pour les graves conséquences du racisme en Europe, elles ont aidé à hisser au pouvoir les individus les plus cruels et les racistes les plus répressifs en Palestine.

Le Conseil de sécurité a contribué à la stabilisation du régime sioniste et a soutenu les sionistes durant les soixante dernières années, leur donnant un feu vert pour poursuivre leurs crimes.

[Les ambassadeurs des États membres de l’Union européenne quittent la salle tandis que fusent les applaudissements des uns et les huées des autres]

Il est d’autant plus regrettable qu’un certain nombre de gouvernements occidentaux, avec les États-Unis, se soient engagés à défendre ces individus racistes responsables de génocide, alors même que la conscience éveillée et les esprits libres du monde entier condamnent les crimes sionistes d’agression, de massacres et autres brutalités commises lors des bombardements de civils à Gaza. Ces gouvernements ont toujours soutenu ou sont restés silencieux face aux actes infâmes du régime sioniste. Fort malheureusement la raison de leur soutien et de leur silence est que le sionisme égoïste et barbare est parvenu à pénétrer profondément leur structure politique et économique, ce qui inclut leur législation, leurs médias de masse, leurs entreprises, leur système financier et leurs agences de sécurité et de renseignement. Ils ont imposé leur domination au point que rien ne puisse être fait contre leur volonté. Dans certains pays, même les changements de gouvernement ne font jamais fléchir le soutien aux sionistes, bien qu’ils soient tous conscients de leurs crimes : cela est en soi fort regrettable.

Tant que la domination sioniste se maintiendra, de nombreux pays, gouvernements et nations ne seront jamais en mesure de jouir de la liberté, de l’indépendance et de la sécurité. Tant qu’ils seront au sommet du pouvoir, la justice ne triomphera jamais dans le monde et la dignité humaine continuera d’être offensée et piétinée.
Il est grand temps que l’idéal du sionisme, qui constitue le paroxysme du racisme, soit brisé.
(...)
Aujourd’hui la communauté humaine est confrontée à un genre de racisme qui a terni l’image de l’humanité au début du troisième millénaire. Le mot « sionisme » incarne un racisme qui a faussement recours à la religion et abuse du sentiment religieux pour cacher sa haine et son horrible visage. Il est cependant très important de souligner les objectifs politiques de certaines des puissances mondiales et ceux qui contrôlent des intérêts économiques, des richesses énormes dans le monde. Ils mobilisent toutes leurs ressources, dont leur influence économique, politique et médiatique mondiale pour apporter leur soutien au régime sioniste et s’efforcent singulièrement d’atténuer l’indignité et la disgrâce de ce régime. Ce n’est pas uniquement une question d’ignorance et il est impossible de dompter de tels phénomènes par de simples messages culturels. Des efforts doivent être déployés afin de mettre un terme aux abus, par les sionistes et leurs soutiens, à l’encontre de la volonté politique et internationale et, en respect de la volonté et des aspirations des nations, les gouvernements doivent être encouragés et soutenus dans leurs combats visant à éradiquer ce racisme barbare, à avancer vers une réforme des mécanismes internationaux actuels.
Vous êtes, sans aucun doute, tous informés des complots de certains pouvoirs et des cercles sionistes contre les objectifs et les aspirations de cette conférence. Malheureusement beaucoup d’informations peuvent être diffusées dans un but de soutien au sionisme et à ses crimes, et il en va de la responsabilité des honorables représentants des nations de faire le jour sur ces campagnes qui sont en opposition avec les valeurs et principes humains.
Il devrait être admis que le boycott d’une telle conférence, d’une étendue internationale exceptionnelle, est une réelle indication du soutien à cet exemple manifeste de racisme.
"

On peut approuver ou désapprouver ces propos, les démentir, les combattre, mais les taxer d'antisémitisme et de négationnisme ? Seulement si l'on se cramponne à cette équation mensongère "juif = partisan de la politique israélienne".
Le texte complet est, pour mémoire, reproduit dans le post suivant.

Les zig-zags du Président.

Il est vrai qu'un serpent se casserait les reins à suivre le sillage d'Ahmadinejad. A peine rentré de Genève, il a déclaré lors d'un discours prononcé le 23 avril à Eslamshahr que "Les Occidentaux ont inventé ce qui est connu sous le nom d´Holocauste et de sionisme", ajoutant des considérations particulièrement effarantes selon lesquelles les opinions publiques occidentales, y compris celle des Etats-Unis, étaient de plus en plus solidaires de la Révolution Islamique Iranienne.
Pourtant, la veille, à Téhéran, s'en prenant encore au sionisme, il avait tenu à se dédouaner de l'accusation d'antijudaïsme : "Tous savent que le sionisme est un parti politique, et vous savez tous que le masque du judaïsme n´est pour lui qu´un masque, car le sionisme est dépourvu de religion". Et le 27, il a accepté l'idée d'une éventuelle solution politique à la question palestinienne : si les Palestiniens acceptent l'idée de la coexistence de deux Etats, "Toute décision qu'ils prendront nous conviendra. Nous n'allons pas imposer quoi que ce soit. Nous soutiendrons toute décision qu'ils prendront. Pour nous, c'est le droit du peuple Palestinien, néanmoins nous attendons des autres Etats qu'ils se comportent de même". Qui plus est, ce n'est pas la première fois qu'Ahmadinejad tient pareil propos. Or, même si cette position reste, vu la situation actuelle, assez théorique, elle a une conséquence majeure : elle implique le droit à l'existence d'Israël.
A-t-on donné autant d'écho à ces déclarations qu'à celle selon laquelle Israël devait être rayé de la carte ?
Ce qu'Ahmadinejad n'aurait d'ailleurs jamais dit. Juan Cole, spécialiste connu et traducteur du farsi (langue parlée en Iran), déclare que le président iranien a cité d’anciennes paroles de l’Ayatollah Khomeini appelant à ce que «le régime d’occupation Jérusalem s’évanouisse de la page du temps ». Appeler à la disparition d’un régime ce n’est pas la même chose que d’appeler à tuer des personnes. Ahmadinejad n’a pas, à ma connaissance, appelé à tuer quiconque. On trouve une traduction de cet article ici.


Si l'on tente de sortir du cercle des invectives, on doit noter quelques points auxquels il est possible d'accrocher un peu de rationalité.
1. L'Iran est à deux mois d'élections. Le président actuel a perdu du terrain dans l'opinion publique, notamment à cause de ses échecs économiques. Dans "Le Monde" du 21 avril Azadeh Kian, professeure de sciences-politiques à l'université Paris-VII et spécialiste de l'Iran, estime qu'il tente de reconstruire sa popularité par un discours très radical sur la question du Proche-Orient.
2. L'élection de Barack Obama déstabilise le président iranien, qui avait pu se profiler clairement contre l'administration Bush, mais doit prendre le vent alors que la Maison Blanche affirme viser une normalisation des relations entre Téhéran et Washington. Ahmadinejad tente vraisemblablement de donner des gages à l'opinion qui souhaite cette normalisation (70% des sondés selon Azadeh Kian) tout en en donnant aussi à l'influente fraction dure des conservateurs. D'où peut-être une attitude désorientante parce que désorientée : d'un côté, les propos brûlants du haut des tribunes ; de l'autre, l'acceptation de la solution "Deux Etats", d'ailleurs pas nouvelle, et des propos beaucoup plus modérés comme dans cette interview au Spiegel traduite ici :
"- J’ai envoyé un message au président américain. C’est un pas immense. Je l’ai félicité pour sa victoire et ajouté deux ou trois choses dans ma lettre. Cela a été fait avec soin. Nous avons toujours été intéressés par la perspective d’un changement significatif. Mais si nous tentons de résoudre le problème entre nos deux pays, il me paraît important de reconnaître que l’Iran n’a pas été la cause de nos problèmes mais l’administration américaine. Si celle-ci change, nous pouvons nous attendre à d’importants progrès…

- …qui pourraient conduire à la reprise des relations diplomatiques voire la réouverture de l’ambassade occupée en 1979, l’année de la révolution?

- Nous n’avons pas reçu de demande officielle sur ce point pour l’instant. Si cela arrivait, nous déciderions. Ce n’est pas qu’une question de forme. Le Gouvernement américain doit tirer les leçons du passé.

- Et pas vous?

- Tout le monde doit apprendre du passé.
"
On est loin des vociférations du 23 avril à Eslamshahr.

Casser les blocs ?

Mais le sillage de Durban 2 doit nous apporter aussi quelques autres réflexions, comme celles émises par l'ancien Ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine dans Libération :

"- (...) La difficulté sur laquelle j’attire l’attention est autre : c’est celle des limites du prosélytisme droits-de-l’hommiste par le même Occident qui a colonisé le monde pendant plus de trois siècles - ce que nous sommes les seuls à avoir oublié. Quelle est sa légitimité pour imposer ses conceptions à cet autre monde qui émerge, même s’il prétend parler au nom de la «communauté» internationale ? Si l’on constate que nos valeurs occidentales universelles ne sont pas universellement considérées comme universelles, il faut alors s’y prendre autrement.

- Comment agir sur le terrain des droits de l’homme face à cette majorité automatique anti-occidentale ?

- En cassant les mécanismes et les engrenages qui structurent ce bloc contre bloc : Occidentaux contre non-Occidentaux, et tout particulièrement Occident contre islam, et en bâtissant une nouvelle majorité qui transcende ce clivage grâce à une politique étrangère occidentale différente. Cet antagonisme se nourrit certes de la rhétorique d’organisations comme l’Organisation pour la conférence islamique ou de médias arabo-islamiques, mais il a été aussi envenimé pendant huit ans par l’administration Bush, et cela, c’est notre responsabilité
".

Considérations suffisamment vastes pour intéresser même ceux qui estiment qu'Obama nous apporte une ère d'impérialisme soft après l'échec de l'impérialisme hard...


Mots-clef : Iran, Israël, Durban 2, racisme, antisémitisme, négationnisme, droits de l'Homme, Ahmadinejad, Obama

Vidéos : les juifs en Iran


Quel est le sort des juifs en Iran ? Après tous les remous autour des propos du président Ahmadinedjad, difficile de ne pas se poser la question. Un reportage produit par Journeyman Pictures, compagnie britannique de bonne réputation spécialisée en documentaires, propose une tentative de réponse. Je propose un texte français qui suit à peu près le commentaire.

La population de l'Iran (69 millions de personnes) est à 98% musulmane. Les 2% restants se partagent entre juifs, chrétiens, Bahai', zoroastristes. L'Iran est un bastion de la foi musulmane, à laquelle la société doit se soumettre. Mais dans les rues de Shiraz, on rencontre aussi les fidèles d'une autre religion, en tout semblables à leurs compatriotes, jusqu'au moment de la prière. Ce sont les juifs d'Iran. Un Perse ( = iranien), Cyrus le Grand, libéra leurs ancêtres esclaves à Babylone, leur permit de rentrer à Jérusalem (mais la Judée resta dépendante de l'Empire perse), et fut le premier souverain à codifier la liberté religieuse. La communauté juive d'Iran a gagné une place reconnue, mais en 1979, lors de la révolution islamique, la majorité des juifs fuirent le pays. Le député juif (rappel : la Constitution réserve aux juifs iraniens un siège au Parlement et leur reconnaît un statut de minorité religieuse) interviewé déclare que la plupart se sont rendus aux Etats-Unis. N'empêche que l'Iran compte, mis à part Israël, la plus large communauté juive du Proche-Orient. Les juifs ont été déclarés "Peuple du Livre" et leurs droits sont protégés par la Constitution. Des quelque 100.000 présents avant 1979, il reste environ un quart. Curieusement, depuis la révolution islamique, la population juive d'Iran est devenue de plus en plus pieuse. Si 10% seulement d'entre eux maîtrisent l'hébreu, les synagogues sont remplies - il y en a 22 à Téhéran.
Les juifs d'Iran préfèrent généralement garder un profil bas, mais pas tous. L'antiquaire Moses Baba montre fièrement les portraits de ses ancêtres et propose une vodka : l'interdiction de l'alcool est pour les musulmans, dit-il, pas pour les juifs. N'empêche qu'il cache ses bouteilles, de peur des "milices barbues" (bouteilles si bien cachées qu'il a peine à les retrouver). Mais malgré son sourire, il se plaint : les touristes ont disparu, les affaires sont au point mort. Ses enfants sont partis aux Etats-Unis et en Israël. "Ils m'ont dit de venir les rejoindre, mais je suis bien ici. Les vieux comme moi ne vont pas vivre là bas".
Mais le mouvement de population ne se fait pas que dans un sens. Robert, un agent immobilier de Los Angeles, est revenu - temporairement, le temps de chercher une épouse -. Qu'est-ce qu'il reproche aux femmes de L.A. ? Les femmes qui sont parties après la révolution de 79 ne sont plus iraniennes, Robert n'est pas le seul juif qui vient se chercher une épouse marquée au coin de la culture iranienne. Les femmes désireuses d'aller vivre aux States ne manquent pas - mais Robert a l'âge de leur père, c'est un prix qu'elles trouvent trop élevé -. L'idée de l'épouser déclenche des rires. L'homme sait ce qu'il veut, une femme d'environ 27 ans (il en a 44). La jeune femme interviewée explique que les hommes comme Robert viennent chercher des épouses de la moitié de leur âge, qu'ils ne trouvent pas aux USA.
Mais, déclare le reporter, la vie n'est pas tout à fait aussi rose pour les juifs que les officiels iraniens ou les dirigeants juifs le laissent entendre. Ils sont parfois persécutés par des éléments extrémistes. En 1999, treize juifs de Shiraz furent arrêtés et accusés d'espionnage au profit d'Israël - la crise la plus grave que la communauté ait connue -. Leur emprisonnement provoqua de vives protestations de gouvernements occidentaux. Ils étaient otages dans la lutte d'influence entre éléments islamistes durs et réformateurs. Finalement, tous furent relâchés. Le futur des juifs est peut-être flou, mais ils ne connaissent pas le sort des 300.000 fidèles Bahai', dont la foi née au 19ème siècle dérive de l'islam chiite. Ils sont considérés comme des hérétiques et durement persécutés en Iran. Le député juif Maurice Motammed rejoint les autorités dans la mesure où lui non plus ne considère pas le bahaisme comme une religion.
Un garçon vient de naître dans une famille juive. C'est la fête, on va procéder à sa circoncision. Derrière des portes closes, les femmes se débarassent du voile imposé à l'extérieur. L'une d'entre elles déclare : "Vous voyez, nous organisons des fêtes, hommes et femmes ensemble, et n'avons pas de problème". Soraya estime que la vie est meilleure que dans les années suivant 1979, mais que quand ce bébé grandira, il peut quand même s'attendre à des discriminations. Ici, on préfère avoir des musulmans aux postes de responsabilité plutôt que des gens qui viennent des minorités. Pour l'avenir, les avis divergent. Certains estiment qu'une moitié de la communauté juive s'en ira, mais d'autres n'y croient pas, n'imaginent pas qu'on puisse quitter ce pays pour une autre vie. On n'a pas beaucoup de problèmes ici, dit Soraya. Pour le reporter, la communauté juive va poursuivre sa relation très forte avec ce pays, une relation qui remonte à près de 3.000 ans.
Journeyman Pictures a désactivé l'intégration de ce reportage via Youtube et Dailymotion, mais vous pouvez le découvrir ici. Il figure aussi au bas de cet article.

Vous pouvez découvrir un autre reportage sur le même thème ici . Ci-dessous, un résumé du commentaire.

Les juifs peuvent pratiquer leur culte sans encombre, ils sont reconnus par la Constitution comme minorité religieuse, ils ont un représentant au Parlement (bénéficiant ainsi d'une exception, car leur nombre - +/- 25.000 - ne le leur permettrait normalement pas). Ce député a distribué le texte de sa protestation lorsque le président Ahmadinedjad a mis en cause la réalité de l'Holocauste. Le reportage se déroule entre autres dans un hôpital juif, dans lequel une partie du personnel et des patients sont musulmans. Ahmadinedjad a fait un don équivalent à 17.500 euros à cet hôpital. Le reportage se poursuit dans une librairie juive, comprenant des livres en hébreu et en farsi (la langue parlée en Iran). Néanmoins, un représentant de la communauté juive empêche l'équipe d'interviewer un jeune couple juif. "Si elle dit des choses fausses par erreur, cela va être imprimé, va faire le tour du monde, et nous aurons des problèmes". Le commentaire fait remarquer que la liberté de parole est limitée pour tous en Iran, mais que selon un rapport gouvernemental des Etats-Unis, les juifs iraniens hésitent à s'exprimer publiquement. Néanmoins, certains juifs soulignent qu'ils ont reçu l'assurance de pouvoir se rendre en Israël sans problème. L'un des dirigeants de la communauté juive a connu l'ayatollah Khomeiny, qui a plutôt amélioré le sort des juifs iraniens, en soulignant que le sionisme est une idéologie politique, pas une religion (idée qu'Ahmadinedjad a reprise), et que les juifs d'Iran devaient être respectés en tant que citoyens. Les juifs d'Iran se retrouvent dans une meilleure situation que les Bahai (ceux-ci affirment être 300.000. Le Procureur général d’Iran a déclaré en février que "Les organisations baha’ies sont illégales, leurs connexions avec Israël et leur inimitié vis-à-vis de l’Islam et le système islamique absolument certains, et le danger qu’ils représentent pour la sécurité national, un fait établi". Néanmoins, le député juif estime qu'il existe des discriminations contre ses coreligionnaires. Ainsi, ceux-ci accèdent difficilement à des fonctions dirigeantes dans l'armée ou l'administration. Quant à exprimer son soutien à Israël, il n'en est pas question. Mais enfin, dit un interviewé, "Ici personne ne me dit 'Tu es un juif et moi un musulman' Les deux religions sont très proches".





Mots-clef : Iran, juifs, Israël, reportage, vidéo

Le discours d'Ahmadinejad


Voici donc le texte intégral, traduit en français, du discours prononcé à Genève par le président iranien. Il n'est pas reproduit pour des motifs de propagande ou de soutien, mais pour permettre une consultation, notamment à ceux qui auront lu le post ci-dessus, consacré aux réactions provoquées par ce discours lors de et après la conférence Durban 2.

29.04.2009
Discours intégral de Mahmoud Ahmadinejad à Durban II

Le discours prononcé par le président Iranien, Marmoud Ahmadinejad, à l'occasion de la conférence mondiale contre le racisme, Durban II, a suscité beaucoup de réactions mitigées. Il a été qualifié, par certains, dont des activistes blogeurs ici même sur Le Nouvelobs, de discours raciste (Philosophie à demi teinte, puisque Israël est un pays d'égalité, c'est connu)). Alors que d'autres le trouvent toute à fait juste et équilibré.

Le mieux, c'est de juger sur pièce et se faire sa propore idée des propos du président iranien, en lisant son discours reproduit dans son intégralité ci-dessous:



M. le président,
M. le secrétaire général des Nations Unies,
Mesdames et messieurs,



Nous sommes ici réunis, suite à la Conférence de Durban contre le racisme et les discriminations raciales, afin de nous accorder sur des lignes pratiques dans le cadre de notre campagne sacrée et humanitaire.
Au cours des derniers siècles, l’humanité a connu d’immenses souffrances et douleurs. Au Moyen-âge, les penseurs et scientifiques étaient condamnés à mort. Une période d’esclavage et de commerce d’êtres humains lui succéda, lorsque des innocents par millions furent capturés et séparés de leur famille et de leurs proches pour être conduits en Europe et en Amérique. Ce fut une période sombre qui connut également son lot d’occupations, de pillages et de massacres d’innocents.



De nombreuses années s’écoulèrent avant que les nations ne se soulèvent et combattent pour leur liberté. Elles sacrifièrent des millions de vies pour expulser les occupants et proclamer leur indépendance. Cependant les pouvoirs autoritaires imposèrent rapidement deux guerres mondiales en Europe, qui dévastèrent en outre une partie de l’Asie et de l’Afrique et causèrent la mort d’environ cent millions de personnes, laissant derrière elles une dévastation sans précédent. Si seulement nous avions retenu les leçons des oppressions, de l’horreur et des crimes de ces guerres, un rayon d’espoir aurait illuminé l’avenir. Les puissances victorieuses se sont proclamées conquérantes du monde, tout en ignorant ou en minimisant les droits des autres nations par l’imposition de lois et arrangements.



[Déguisés en clowns, trois militants de l’Union des étudiants juifs de France introduits avec l’aide de la délégation diplomatique française, apostrophent l’orateur avant d’être évacués par le service de sécurité des Nations Unies.]



Mesdames et Messieurs,



Portons notre regard sur le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui figure parmi les héritages de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Quelle était la logique de l’auto-attribution du droit de véto par les grandes puissances ? Comment une telle logique peut-elle s’accorder avec les valeurs humanitaires ou spirituelles ? Se pourrait-il qu’elle soit en conformité avec les principes reconnus de la justice, de l’égalité devant la loi, de l’amour et de la dignité humaine, ou plutôt ceux de la discrimination, de l’injustice, de la violation des droits humains ou de l’humiliation de la majorité des nations ? Ce conseil est le centre de décision mondial le plus important pour la défense de la paix et de la justice internationales. Comment s’attendre à l’avènement de la paix et de la justice lorsque la discrimination est légalisée et que l’origine des lois est dominée par la coercition et la force plutôt que la justice et le droit ?



En dépit du fait qu’aujourd’hui de nombreux défenseurs du racisme condamnent la discrimination raciale par les mots et les slogans, des grandes puissances ont été autorisées à décider pour les autres nations, se basant sur leur propre intérêt et comme elles seules l’entendent. Elles peuvent facilement ridiculiser et enfreindre toutes les lois et valeurs humanitaires, comme elles l’ont montré.



Après la Seconde Guerre mondiale, elles ont eu recours à l’agression militaire pour priver de terre une nation entière, sous prétexte des souffrances juives et des abus sur la question de l’Holocauste. Elles ont envoyé des migrants d’Europe, des États-Unis et d’autres parties du monde afin d’établir un gouvernement intégralement raciste en Palestine occupée et, de fait, à titre de compensation pour les graves conséquences du racisme en Europe, elles ont aidé à hisser au pouvoir les individus les plus cruels et les racistes les plus répressifs en Palestine.



Le Conseil de sécurité a contribué à la stabilisation du régime sioniste et a soutenu les sionistes durant les soixante dernières années, leur donnant un feu vert pour poursuivre leurs crimes.



[Les ambassadeurs des États membres de l’Union européenne quittent la salle tandis que fusent les applaudissements des uns et les huées des autres]



Il est d’autant plus regrettable qu’un certain nombre de gouvernements occidentaux, avec les États-Unis, se soient engagés à défendre ces individus racistes responsables de génocide, alors même que la conscience éveillée et les esprits libres du monde entier condamnent les crimes sionistes d’agression, de massacres et autres brutalités commises lors des bombardements de civils à Gaza. Ces gouvernements ont toujours soutenu ou sont restés silencieux face aux actes infâmes du régime sioniste. Fort malheureusement la raison de leur soutien et de leur silence est que le sionisme égoïste et barbare est parvenu à pénétrer profondément leur structure politique et économique, ce qui inclut leur législation, leurs médias de masse, leurs entreprises, leur système financier et leurs agences de sécurité et de renseignement. Ils ont imposé leur domination au point que rien ne puisse être fait contre leur volonté. Dans certains pays, même les changements de gouvernement ne font jamais fléchir le soutien aux sionistes, bien qu’ils soient tous conscients de leurs crimes : cela est en soi fort regrettable.



Tant que la domination sioniste se maintiendra, de nombreux pays, gouvernements et nations ne seront jamais en mesure de jouir de la liberté, de l’indépendance et de la sécurité. Tant qu’ils seront au sommet du pouvoir, la justice ne triomphera jamais dans le monde et la dignité humaine continuera d’être offensée et piétinée.
Il est grand temps que l’idéal du sionisme, qui constitue le paroxysme du racisme, soit brisé.



Chers délégués, Mesdames et Messieurs,



Quelles sont les causes profondes de l’attaque U.S. contre l’Irak ou l’invasion de l’Afghanistan ? Quel était le mobile de l’invasion de l’Irak, en dehors de l’arrogance de l’administration U.S. d’alors et de la pression croissante, exercée par les détenteurs de richesse et de pouvoir, visant à étendre leur sphère d’influence par la défense des intérêts des grands fabricants d’armes, de l’annihilation d’une culture noble de milliers d’années d’histoire, de l’élimination d’une menace potentielle et concrète en provenance des pays arabes vis-à-vis du régime sioniste usurpateur, du contrôle et du pillage des ressources énergétiques du peuple irakien ? Pourquoi en effet près d’un million de personnes ont été déplacées et ont perdu leur logement ? Pourquoi en effet le peuple irakien a-t-il subi d’énormes pertes s’élevant à plusieurs centaines de milliards de dollars et pourquoi des centaines de milliards de dollars ont-ils été pris au peuple états-unien en conséquence de ces actions militaires ? L’action militaire contre l’Irak n’a-t-elle pas été planifiée par les sionistes et leurs alliés de l’administration U.S. d’alors, avec la complicité des grands fabricants d’armes ?



L’invasion de l’Afghanistan a-t-elle restauré la paix, la sécurité et le bien-être économique dans ce pays ? Les États-Unis et leurs alliés ont non seulement échoué à limiter la production de drogue en Afghanistan ; les cultures illicites de narcotiques se sont multipliées durant leur présence. La question essentielle est : quelle était la responsabilité et le travail de l’administration U.S. d’alors et de ses alliés ? Représentaient-ils les États du monde ? Ont-ils été mandatés par eux ? Ont-ils été autorisés, au nom des peuples du monde, à interférer aux quatre coins de la planète, et bien entendu particulièrement dans notre région ? Ces mesures ne constituent-elles pas un exemple clair d’égocentrisme, de racisme, de discrimination ou d’atteinte à la dignité et à l’indépendance des nations ?



Mesdames et Messieurs,



Qui est responsable des crises économiques actuelles ? Où les crises ont-elles commencées ? En Afrique ? En Asie ? Ou alors cela venait-il d’abord des États-Unis, s’étendant ensuite à l’Europe et à leurs alliés ? Ils ont longtemps imposé, par leur pouvoir politique, leurs règles économiques inéquitables à l’économie internationale. Ils ont imposé un système financier et monétaire dépourvu de mécanisme régulateur international adapté à des nations et gouvernements n’ayant aucune influence sur ses orientations et politiques. Ils n’ont même pas autorisé leurs citoyens à superviser ou contrôler leur politique financière. Ils ont imposé toutes leurs lois et règlementations, en dépit de toutes les valeurs morales, seulement pour protéger les intérêts des détenteurs de richesses et de pouvoir. Ils ont de plus donné une définition de l’économie de marché et de la compétition privant de nombreux États des possibilités offertes à d’autres dans le monde. Ils ont même transféré leurs problèmes à d’autres ; infectant leur économie avec des milliers de milliards de dollars de déficit budgétaire alors que la vague de crise sévissait. Et aujourd’hui ils injectent des centaines de milliards de liquidités provenant des poches de leur propre peuple dans les banques, entreprises et institutions financières en faillite, rendant la situation de plus en plus compliquée pour leur économie et leur peuple. Ils pensent uniquement à protéger leur pouvoir et leur argent ; ils ne se soucient guère des peuples du monde, ni même du leur.



M. le président,
Mesdames et Messieurs,



Le racisme est enraciné dans le manque de connaissances concernant la vérité de l’existence humaine comme créature choisie par Dieu. Il est aussi le produit de sa déviation du véritable chemin de la vie humaine et du devoir de l’humanité dans le monde de la création. L’absence de vénération consciente de Dieu, l’incapacité à réfléchir à la philosophie de la vie ou au chemin de la perfection, toutes ces entorses aux principales composantes des valeurs divines et humaines ont réduit le champ de vision de l’humanité, faisant des intérêts limités et individuels sa seule boussole. C’est pourquoi les cellules du pouvoir maléfique ont pris forme, puis étendu leur contrôle en privant les autres de chances équitables et justes. Le résultat a été l’élaboration d’un racisme débridé constituant la menace la plus sérieuse pour la paix internationale.



Sans aucun doute, le racisme est le symbole d’une ignorance profondément enracinée dans l’histoire, et il s’agit en effet d’un signe de frustration dans le développement de la société humaine. Il est donc extrêmement important de resituer les manifestations de racisme dans les situations ou les sociétés où l’ignorance, le manque de connaissances prévalent. Cette conscience et cette compréhension générales de la philosophie de l’existence humaine est le principal combat contre de telles manifestations. La clé pour comprendre la vérité selon laquelle le genre humain est centré sur la création de l’univers est un retour aux valeurs morales et spirituelles, et finalement la volonté de vénérer Dieu le tout-puissant. La Communauté internationale doit initier des actions collectives pour susciter la prise de conscience dans les sociétés souffrant toujours de l’ignorance du racisme, de manière à mettre un terme à la propagation de ces malveillantes manifestations.



Chers amis,



Aujourd’hui la communauté humaine est confrontée à un genre de racisme qui a terni l’image de l’humanité au début du troisième millénaire. Le mot « sionisme » incarne un racisme qui a faussement recours à la religion et abuse du sentiment religieux pour cacher sa haine et son horrible visage. Il est cependant très important de souligner les objectifs politiques de certaines des puissances mondiales et ceux qui contrôlent des intérêts économiques, des richesses énormes dans le monde. Ils mobilisent toutes leurs ressources, dont leur influence économique, politique et médiatique mondiale pour apporter leur soutien au régime sioniste et s’efforcent singulièrement d’atténuer l’indignité et la disgrâce de ce régime. Ce n’est pas uniquement une question d’ignorance et il est impossible de dompter de tels phénomènes par de simples messages culturels. Des efforts doivent être déployés afin de mettre un terme aux abus, par les sionistes et leurs soutiens, à l’encontre de la volonté politique et internationale et, en respect de la volonté et des aspirations des nations, les gouvernements doivent être encouragés et soutenus dans leurs combats visant à éradiquer ce racisme barbare, à avancer vers une réforme des mécanismes internationaux actuels.
Vous êtes, sans aucun doute, tous informés des complots de certains pouvoirs et des cercles sionistes contre les objectifs et les aspirations de cette conférence. Malheureusement beaucoup d’informations peuvent être diffusées dans un but de soutien au sionisme et à ses crimes, et il en va de la responsabilité des honorables représentants des nations de faire le jour sur ces campagnes qui sont en opposition avec les valeurs et principes humains.



Il devrait être admis que le boycott d’une telle conférence, d’une étendue internationale exceptionnelle, est une réelle indication du soutien à cet exemple manifeste de racisme. En défendant les Droits de l’homme, il est d’une importance capitale de défendre également les Droits des nations à participer équitablement à tous les processus de prise de décisions internationaux importants, hors de l’influence de certaines puissances mondiales. En second lieu il est nécessaire de restructurer les organisations internationales existantes et leur agences respectives. Cette conférence constitue ainsi un test et l’opinion publique mondiale nous jugera aujourd’hui et demain.



M. le président,



Le monde connaît des bouleversements fondamentaux. Les relations de pouvoir sont devenues si ténues et fragiles. Nous pouvons désormais entendre le bruit des piliers de l’oppression mondiale se fissurant. Les grandes structures politiques et économiques sont au bord de l’effondrement. Les crises politiques et sécuritaires s’intensifient. La crise émergente de l’économie mondiale, au sujet de laquelle il est difficile de faire d’heureux pronostics, démontre amplement la réalité des changements mondiaux profonds qui se manifestent de façon croissante. J’ai beaucoup insisté sur la nécessité de corriger la mauvaise direction dans laquelle le monde est aujourd’hui dirigé. J’ai également mis en garde contre les sévères conséquences si nous remettons à plus tard cette responsabilité cruciale. Aujourd’hui, dans le cadre de cet auguste et bénéfique événement, j’aimerais déclarer à tous les dirigeants et penseurs présents à cette conférence et engagés pour la cause de la paix, de la liberté, du progrès et du bien-être humain que la gouvernance inéquitable et injuste du monde arrive maintenant au bout du chemin. Cette issue était inévitable sachant que la logique de cette gouvernance imposée était oppressive. La logique de prise en main collective des affaires globales est en revanche basée sur de nobles aspirations se concentrant sur l’être humain et la suprématie du Dieu tout-puissant. Elle bute donc contre toute politique ou plan allant à l’encontre des intérêts des nations. La victoire du bon contre le mauvais et la mise en place d’un système mondial juste sont la promesse de Dieu et de ses messagers, et elle constitue un but commun pour les êtres humains des différentes sociétés et générations au cours de l’histoire.
L’avènement d’un tel avenir dépend de la connaissance de la création et représente la foi dans le cœur de tous les croyants. La réalisation d’une société globale est de fait l’accomplissement d’un système commun global dirigé avec la participation de toutes les nations du monde à tous les niveaux de prise de décision et au trajet certain vers ce but sublime. Les capacités scientifiques et techniques, ainsi que les technologies de communication, ont contribué à l’émergence d’une compréhension commune et répandue de la société humaine et ont posé les fondations essentielles à un système commun. Il incombe maintenant à tous les intellectuels, penseurs et dirigeants du monde d’assumer leur responsabilité historique avec la ferme conviction qu’il s’agit de la bonne direction.



Je souhaite en outre insister sur le fait que le libéralisme occidental, comme le communisme, connaît son crépuscule car il a échoué à percevoir la vérité du monde et de l’humanité telle qu’elle est. Il a imposé ses propres aspirations et sa propre direction aux êtres humains sans tenir compte des valeurs humaines et divines, la justice, la liberté, l’amour ou la fraternité, a réduit la vie à une intense compétition au service des intérêts matériels individuels et de groupe. Nous devons tirer les enseignements du passé en initiant des efforts collectifs pour relever les défis actuels. Dans cette perspective et pour conclure mon propos, je souhaiterais attirer votre aimable attention sur deux points importants :



Il est absolument possible d’améliorer la situation mondiale existante. Cependant, force est de constater que cela n’est réalisable que par la coopération de tous les États afin de tirer le meilleur des capacités du monde. Ma participation à cette conférence est à mettre sur le compte de mes convictions concernant ces problèmes importants et à notre responsabilité commune pour la défense des droits des nations contre le sinistre phénomène qu’est le racisme.



Une fois constatée l’inefficacité des systèmes politiques, économiques et de sécurité internationaux actuels, il est nécessaire de se concentrer sur les valeurs divines et humaines et en se référant à la véritable définition de l’humanité, basée sur la justice et le respect des droits dans le monde entier, sur l’admission des mauvaises pratiques dans la gouvernance mondiale passée, pour entreprendre des mesures collectives afin de réformer les structures existantes. Dans cette optique, il est essentiel de réformer rapidement la structure du Conseil de sécurité, ce qui implique de mettre fin au droit de veto discriminatoire et de réformer le système financier et monétaire mondial actuel. Il est évident que le manque de compréhension du caractère urgent de la nécessité de changement n’a d’égal que les coûts beaucoup plus conséquents de toute remise à plus tard de ces questions.



Chers amis,



Avancer vers la justice et la dignité humaines est comme suivre le rapide courant d’une rivière. N’oublions pas l’essence de l’amour et de l’affection. L’avenir radieux de l’être humain est un bien précieux pouvant servir notre cause en nous rassemblant pour ériger un monde nouveau empli d’amour, de fraternité et de bénédiction. Un monde dépourvu de pauvreté et de haine, méritant la bienveillance renouvelée du Dieu tout-puissant et le juste encadrement de l’être humain parfait. Joignons tous nos mains dans l’amitié en accomplissant notre part dans la réalisation d’un monde meilleur comme celui-là.

Mahmoud Ahmadinejad

Président de la République Islamique de l'Iran


Mots-clef : Iran, Ahmadinejad, racisme, Durban 2, discours, sionisme

mardi 28 avril 2009

Combien gagne un député ? Et un grand patron ?


Voici peu (17/04/09), l'agence Belga publiait les résultats d'une enquête publiée par le Centre de recherche et d'information socio-politiques (Crisp), réalisée par le politologue Jean Faniel. On y apprenait entre autres qu'un ministre gagne 11.000 euros par mois et un parlementaire près de 5.500 euros par mois ; les chefs de groupe, les présidents de commissions parlementaires, les questeurs et les secrétaires gagnent plus que ce parlementaire "standard". Les présidents du Sénat, de la Chambre et du Parlement flamand gagnent pratiquement 16.000 euros par mois, soit davantage que le Premier ministre.
Vous trouverez les résultats détaillés entre autres ici .
L'article a l'avantage de ne pas simplement reprendre la dépêche Belga, ce qu'ont fait pas mal de journaux. Il montre que les systèmes utilisés pour déterminer ces rémunérations sont assez complexes, mais là n'est pas mon propos.
Ce qui m'a frappé, c'est la vague de réactions indignées provoquées par ces chiffres.

- Hé mec, t'as mal lu l'article ? Tu sais à combien s'élevait le salaire minimum en 2008 ? 1.070 euros nets par mois ! Tu comprends pas que des gens suffoquent en faisant la comparaison ?


Si, je le comprends d'autant mieux qu'il faut y ajouter parfois des avantages (voiture avec chauffeur pour les ministres, notes de frais...). On peut quand même préciser que certains parlementaires rétrocèdent de gros pourcentages à leur parti (50% chez Ecolo). Non, ce qui me frappe, c'est à quel point on s'énerve vite concernant les hommes / femmes politiques, et à quel point on baigne dans une douce indifférence concernant le privé. Pourtant la même étude note : « En moyenne, les dirigeants des plus grandes entreprises privées belges gagnaient, en 2007, plus de 60 000 euros mensuels nets, compte non tenu de certains bonus. Cela représente près de six fois le revenu du Premier ministre ». Et les dirigeants des principales entreprises publiques touchent beaucoup plus que leur ministre de tutelle.
Encore une rasade ? Axel Miller, ancien patron de Dexia, vient de toucher un an de salaire, soit 825.000 euros, comme prime de départ, moins que nombre de ses confrères (et nettement moins que prévu, mais le contexte de la crise obligeait à un peu de décence). Son successeur touche un salaire fixe d’un million d’euros par an. Thierry Morin ex-président directeur général de la société Valeo (Fr) de mars 2003 à mars 2009, a reçu une indemnité de démission de 3,2 millions d'euros. Il est devenu président du conseil d'administration de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), ce qui je pense est honnêtement rémunéré aussi. Un cours français d'économie daté de 2003 note "À l’intérieur de chaque catégorie, il y a aussi des écarts importants, notamment chez les cadres où les salaires nets peuvent — chez certains dirigeants — atteindre 2,1 millions d’euros par an. " Ce chiffre a certainement grimpé depuis puisque toutes les statistiques économiques notent une diminution croissante dans les pays industrialisés des revenus les plus bas et une augmentation croissante des revenus les plus élevés, y compris en Belgique (en français simple : les pauvres s'appauvrissent, les riches s'enrichissent). N'oublions pas évidemment pour ce type de fonctions les revenus d'action, les primes... Et on ne parle ici que de revenus imposables !!! Quand on sait quels miracles fait l'ingénérie fiscale...
Les milliardaires (pas millionnaires, milliardaires) en euros étaient 33 en 2005 en France, selon la revue Challenges, dont le rédac-chef, auteur de : "Les 200 familles qui possèdent la France", note lui aussi que les très riches sont de plus en plus nombreux. Encore ne parle-t-il que des fortunes professionnelles.
En regard, le salaire moyen d'une ouvrière est situé en 2003 à 12.348 € . Moyen ! Donc certaines ouvrières gagnent beaucoup moins. Et nous ne parlons pas des pauvres...

"J'irai cracher sur vos bancs parlementaires" ?

Pourtant, à part quelques vagues soulevées par les parachutes dorés, c'est au monde politique que vont les crachats. Ô triomphe de l'idéologie ! Un député - même libéral acharné à détricoter la fonction publique - c'est du public, donc du paresseux, du jean-foutre, du qui s'engraisse à mon détriment. Un PDG, c'est du privé. Et le privé, tout le monde le sait, c'est efficace, c'est géré par la loi du marché qui fait que la somme des intérêts privés ne peut que concourir à l'intérêt général, ça ne peut être que bon.
J'ai lu quelquefois des posts qui proposaient une solution simple et de bon sens : "Que les policitiens soient payés au résultat ! ". Phrase pleine de vigueur qui néglige un détail, c'est qu'il faut définir "un résultat". Or un membre du personnel politique est élu pour appliquer un programme, ce qui entraîne qu'un "résultat" n'a pas du tout la même signification pour un élu libéral, ou Ecolo, ou communiste.


- Mais allez non, onnûzel, fais pas semblant que t'as rien compris ! Le résultat, c'est l'efficacité économique !

Le problème, c'est qu'il est impossible de définir l'efficacité économique. Un critère classique, c'est le Produit Intérieur Brut (P.I.B.), somme des valeurs des biens et services produits en un an. Un accident de voiture, l'écroulement d'une rue, ... impliquent des prestations qui vont être payées, donc augmentent le Produit Intérieur Brut. Donc les membres d'un gouvernement qui laisse la voie publique se dégrader et la sécurité routière aller à vau-l'eau mériteraient un bonus, puisque leur politique augmente le P.I.B. ! Un gouvernement qui accepte de creuser la dette publique pour relancer l'emploi fait-il preuve d'efficacité économique ? Il n'y a pas de réponse absolue... L'efficacité de quelle économie ? Une qui respecte d'abord le rendement des actions, le P.I.B., ou le bonheur de vivre, le respect de la planète ? On pourrait multiplier les exemples. Ce qui me frappe, c'est que les pertes d'emploi se comptent par centaines de milliers, les gens ruinés aussi, les salaires réels sont en chute, pour le profit d'actionnaires dont les gains augmentent à chaque licenciement, les gens qui mettent les autres à la poubelle touchent des primes invraisemblables... Et pourtant, nombreux sont toujours ceux qui semblent croire que les pires profiteurs sont sur les bancs des Assemblées.
T'ention, hein, je ne dis pas qu'il n'y en a pas, et de solides, ni que dans le paradis socialiste dont je rêve parfois en m'endormant, les fonctions politiques seraient payées au même tarif qu'aujourd'hui !


Mots-clef : démocratie, parlement, ministres, salaires, parachutes dorés, privé, public



lundi 27 avril 2009

"Ce sont toû-jours Les femmes les femmes les femmes...


..."Ce sont toû-jours Les femmes qui sont sacrifiées Dans cette société Et y'en a mâ-ââr-re". Cette chanson féministe date, mais apparemment elle n'a pas trop perdu son actualité.
"...il était essentiel d’interpeller le monde politique sur l’urgence de certaines questions pour l’avenir de la Ville-Région après avoir mis celles-ci en débat au sein de la société civile". Voilà comment se justifie sur son site l'organisation des "Etats Généraux de Bruxelles". Nous n'allons pas nous pencher ici sur cet événement qui se suffit certainement à lui-même pour la promotion de ses travaux, mais Irène Kaufer en est rentrée quelque peu bouillante. Nous lui cédons la parole. Et si le style vous plaît, il y a du rab sur son blog


GROSSE COLERE

Rentrant tout juste de la séance de conclusion des « Etats Généraux de Bruxelles », je me sens encore bouillir d'une grande colère que j'ai envie de partager... En espérant, lecteur, lectrice, que vous me pardonnerez de parler, plutôt que de débats d'idées ou de l'avenir de Bruxelles, d'un minuscule détail : l'exclusion des femmes du débat politique.

Cela commençait bien pourtant. Après une introduction d'Alain Deneef, deux personnes présentaient une synthèse des travaux, en binôme, bilingue et... bi-sexe : un homme, une femme. Bon, d'accord, pas tout à fait représentatifs du « multiculturalisme bruxellois » brandi à tout bout de champ, bien que très peu représenté sur place. Mais ce n'était que le début.

Suivaient dix représentants des divers groupes qui avaient participé à l'élaboration de l'ensemble des rencontres : syndicalistes, universitaires, associatifs... Là, ça se gâtait déjà, avec deux femmes pour huit hommes, tous avec des noms plus faciles sà prononcer que « multiculturalisme »

Vint ensuite l' « interpellation des politiques », avec 8 représentants des 8 partis politiques présents au Parlement bruxellois (les « petits partis » n'étant pas conviés, il reste peut-être de l'espoir...). Et là, ce fut le pompon : 8 pupitres, 8 micros, 8 mâles. Sans compter le « modérateur ». On se serait cru, non pas dans un débat digne d'une démocratie représentative, mais dans un de ces clubs qui n'ont même pas besoin d'afficher sur leur porte « gentlemen only », tellement c'est évident. Longue gloire à la voix dans la salle qui a crié « Bravo pour la mixité ! », provoquant une modeste salve d'applaudissements.

Bien sûr, chaque parti avait d'excellentes raisons d'avoir choisi CE représentant et pas UNE autre - même Ecolo qui est pourtant le seul de la bande à présenter une femme en tête de liste... Mais l'ensemble semblait lancer ce message subliminal : d'accord, les listes sont paritaires, on est obligés, mais pour les choses sérieuses, on reste entre hommes ! J'ai noté en passant la présence de deux représentants notoirement gays, ce qui me confirme dans la certitude qu'il est plus facile de percer en politique comme gay que comme femme.

Je croyais le sommet atteint, mais non... A la fin du débat, le modérateur, Philippe Van Parijs, faisait remarquer que le panel n'était pas vraiment représentatif de la population bruxelloise. Ah bon, ketje, t'as remarqué... ? Mais il parlait seulement du fait que les personnalités sur le plateau étaient nettement plus diplômées que la moyenne de la population. Ouf !

Revenant pour un dernier tour de piste, Alain Deneef croyait « arranger » les choses en insistant, dans ses remerciements, surt le fait que la coordination générale avait été assurée par... deux femmes. Il s'est arrêté juste à temps, je craignais qu'il ajoute qu'en plus, les femmes avaient fait le café et encodé les profondes pensées élaborées par ces messieurs dans leur club de cravatés (même si tous les intervenants, à l'exception d'un, avaient laissé la cravate au vestiaire).

Après ça, ma sensibilité était tellement à vif qu'en écoutant l'intermède musical assuré par Jaune Toujours, j'ai pensé que si on avait engagé un groupe de femmes (comme l'excellente fanfare Tarbisko), on aurait parlé d'un « groupe musical féminin ». Jaune Toujours se compose de quatre hommes, mais ce n'est pas un « groupe musical masculin », c'est un groupe musical tout court.

Alors je vais vous dire, je sais qu'on ne plaisante pas avec certains sujets, mais en sortant de là, je me suis dit que j'aurais applaudi à tout rompre si l'un des partis s'était fait représenter par une femme avec un foulard – lesbienne et handicapée en plus aurait été trop, peut-être – histoire de diversifier le panel. Pas avec une burqa : j'aurais craint qu'un homme se cache là-dessous.



Mots-clef : femmes, féminisme, Etats Généraux de Bruxelles, Irène Kaufer

mardi 21 avril 2009

Je ne serai pas Ministre-Président !


Il est peu de mots dont la gauche radicale raffole autant que "Unité". Il n'est rien qu'elle réalise aussi difficilement que l'unité. Explication : différences d'analyses, héritage historique des différentes formations, vieilles blessures... et très peu de ces forces centripètes qui font que les grands partis restent une seule formation malgré les immenses divergences qui séparent parfois leurs différents courants.

Donc, on peut d'autant plus remarquer qu'aux prochaines élections régionales, une même liste regroupera, à Bruxelles, des militants de (dans l'ordre alphabétique ! ) la Ligue Communiste Révolutionnaire, du Parti Communiste, du Parti Humaniste et du Parti Socialiste de Lutte, des formations qui ont dans le passé échangé plus souvent des regards méfiants que des poignées de main.
Je me suis vu proposer une place comme "candidat d'ouverture" sur cette liste, et c'est uniquement pour des raisons impérieuses de convenances personnelles que j'ai refusé l'invitation, ratant avec un certain regret l'occasion de faire une carrière politique fulgurante.
Bien sûr, si vous vous méfiez des résultats, et si vous votez plutôt pour un candidat de gauche sur les listes Ecolo ou PS (quelqu'un qui a par exemple un engagement syndical, féministe, environnemental, internationaliste...), nous resterons bons amis. Mais je garderai l'idée que vous auriez pu saisir cette chance d'encourager l'unité, d'émettre un vote clair dans une période où c'est particulièrement intelligible, ce qu'un vote Ecolo ou Ps ne permet à mon avis pas, et d'élire peut-être un député.
Ah oui, le programme ? Voyez par exemple ici
mais vous pouvez aussi flâner sur http://www.particommuniste.be/ , www.partihumaniste.be , ou www.socialisme.be/psl/

Pour les élections européennes, pareille unité n'a pas été possible. Il faudra se contenter d'une unité LCR - PSL. Comme chante Souchon, "C'est Déjà Ça"... Déjà un écho TV sur RTL !

Mots-clef : LCR, PSL, PC, PH, anticapitalisme, élections régionales, élections européennes

La Fonte des Glaces Nous Menace


Si vous envisagez d'acheter un appartement à la côte belge (Vlaamse Kust, pardon), attendez un peu, en tout cas si vous êtes jeune et que vous espérez en profiter pendant encore de très longues années. Car si la fonte des glaces se poursuit, votre investissement risque fort de tomber à l'eau, dans tous les sens du terme. L'un des passages les plus frappants du film "Une Vérité Qui Dérange" ("An Inconvenient Truth"), de l'ex vice-président étatsunien Al Gore, est celui où des cartes révèlent ce qu'il risque d'advenir d'une série d'endroits en cas de montée des eaux. De Manhattan à Shanghaï, ce sera la fuite devant l'inondation, la fuite de réfugiés climatiques qui seront des millions (les gens que les mouvements de population actuels dérangent vont déguster !).
Ce scénario de cauchemar, on en prend gaillardement le chemin.

Fred Pearce, un journaliste et conférencier qui collabore au Daily Telegraph, au Guardian,à l'Independent, collabore avec le Programme Environnement des Nations Unies, le World Wildlife Fund etc. et a écrit plusieurs livres sur l'environnement. Il a publié l'article qui suit le 25 mars (2009) dans le New Scientist.

"La Fonte des Glaces Arctiques Menace l'Humanité"


La disparition progressive de la banquise arctique est un processus dont les conséquences pourraient bouleverser les équilibres subtils que le système Terre a ajusté durant les temps longs de son évolution. Loin d’être un événement local, le réchauffement de cette région du globe - bien supérieur à la moyenne observée ailleurs - pourrait entraîner des conséquences dramatiques sur l’ensemble de la planète.

D’une part, le pergélisol des régions polaires emprisonne des quantités gigantesques de carbone et de méthane dont le dégazement dans l’atmosphère - déjà entamé - pourrait déclencher un processus incontrôlable d’emballement du réchauffement climatique.

D’autre part, l’apport en eau douce est susceptible de ralentir la circulation des courants océaniques, ce qui pourrait perturber gravement les moussons d’Asie, indispensables aux cultures qui nourrissent plus de deux milliards d’humains. Le New Scientist fait le point sur les dernières connaissances scientifiques en la matière et explore ces scénarios inquiétants, mais hélas de plus en plus vraisemblables.

« Je suis choquée, vraiment choquée », déclare Katey Walter, spécialiste de l’écologie à l’Université de l’Alaska à Fairbanks. « Je suis allée en Sibérie, il y a quelques semaines, et je suis maintenant de retour en Alaska. Le pergélisol est en train de fondre rapidement dans tout l’Arctique, des lacs se forment partout et le méthane en sort en bouillonnant. »
En 2006, dans un article publié par la revue Nature, Mme Walter avait averti que la fonte du pergélisol en Sibérie et l’augmentation des émissions de méthane pourraient accélérer les changements climatiques. Mais même cette chercheuse ne s’attendait pas à un tel changement rapide. « Les lacs de Sibérie sont cinq fois plus étendus que lorsque je les avais mesurés en 2006. C’est sans précédent. C’est désormais un événement d’importance mondiale, et la dynamique conduisant à une fonte plus importante du pergélisol s’accélère. »
Les changements spectaculaires dans l’océan Arctique ont souvent fait l’actualité au cours des deux dernières années. Il y a eu une énorme augmentation de la fonte de la banquise chaque été, et certains prévoient aujourd’hui que dès 2030, elle aura complètement disparu en Arctique durant l ’été.

Les discussions sur les conséquences de la disparition des glaces, sont généralement centrées sur l’ouverture de nouveaux domaines pour le transport maritime et l’exploitation minière, ou sur le sort des ours polaires qui chassent sur la banquise. L’enjeu majeur a beaucoup moins retenu l’attention : un réchauffement de l’Arctique transformera toute la planète, et certaines de ses conséquences potentielles sont rien moins que catastrophiques.

Les changements dans la circulation des courants océaniques pourraient par exemple perturber la mousson d’Asie, où près de deux milliards d’êtres humains comptent sur ces pluies pour cultiver les plantes qui les nourrissent. Comme si cela ne suffisait pas, il est également possible que les rétroactions du dégazement de méthane provenant de la fonte du pergélisol puissent entraîner un emballement climatique.

Le danger tient au fait que si une trop grande quantité de méthane est libérée dans l’atmosphère, le monde sera plus chaud, quoi que nous fassions pour réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Des études récentes suggèrent que les émissions provenant de la fonte du pergélisol pourraient être beaucoup plus importantes qu’on ne le pensait. Et bien qu’il soit trop tôt pour en être sûr, certains scientifiques suspectent que ce scénario soit déjà en train de se dérouler : après être resté stables au cours de la dernière décennie, les niveaux de méthane ont commencé à augmenter à nouveau, et ces émissions pourraient provenir du permafrost arctique.

Ce qui est certain, c’est que l’Arctique se réchauffe plus vite que tout autre endroit sur Terre. Alors que la température mondiale moyenne a augmenté de moins de 1 ° C au cours des trois dernières décennies, le réchauffement de l’océan Arctique a été beaucoup plus important, de l’ordre de 3 ° C. Dans certaines zones où les glaces ont disparu, les températures ont augmenté de 5 ° C.


Ce réchauffement intense ne se limite pas à l’océan Arctique. Il s’étend vers le sud, en profondeur dans les terres émergées de la Sibérie, de l’Alaska, du Canada, du Groënland et de la Scandinavie, et y fait fondre la neige, les calottes de glace et de pergélisol. En 2007, la température de l’Arctique nord-américain a été en moyenne plus de 2 ° C supérieure à la moyenne observée de 1951 à 1980, et dans certaines régions de la Sibérie cette augmentation a atteint 3 ° C . En 2008, la température en Sibérie a été de 2 ° C supérieure à la moyenne.

La plupart de ces phénomènes résultent de rétroactions positives provenant de la disparition de la banquise, déclare David Lawrence, du Centre National de Recherche Atmosphérique à Boulder, Colorado. Ses études de modélisation montrent que pendant les périodes de forte diminution de la banquise, le réchauffement s’étend à quelques 1500 kilomètres à l’intérieur des terres. « Si la banquise continue à se réduire rapidement au cours des prochaines années, le réchauffement des terres arctiques et le dégel du pergélisol vont vraisemblablement accélérer », précise-t-il.

Les changements dans la configuration des vents pourraient accélérer encore le réchauffement. « La diminution de la banquise durant l’été implique que plus de chaleur soit absorbée par l’océan. Elle est ensuite restituée dans l’atmosphère au début de l’hiver. Ceci modifie la configuration des vents et favorise la perte supplémentaire de banquise », indique James Overland, un océanographe au Pacific Marine Environmental Laboratory de Seattle. « La grande question, potentiellement, c’est que nous pourrions avoir maintenant une rétroaction positive entre le régime des vents dans l’atmosphère et la diminution de la banquise. »

De fait, l’évolution des vent pourrait aussi être à l’origine de certains épisodes de froid et de neige en Amérique du Nord et en Chine au cours des derniers hivers, note M. Overland. Les flux inhabituels d’air chaud entre la Sibérie et le Pôle ont repoussé l’air froid vers le sud dans d’autres parties de la région.

Ce réchauffement rapide de l’Arctique indique qu’une hausse de la température mondiale de 3° C, probable durant ce siècle, pourrait se traduire par un réchauffement de 10° C dans le Grand Nord. Le pergélisol pourrait risquer de fondre sur plusieurs centaines de mètres de profondeur.

C’est là que ce phénomène devient d’importance mondiale. L’Arctique n’est pas seulement un miroir réfléchissant en train de se craqueler, c’est également un énorme réservoir de carbone et de méthane, emprisonnés dans les sols gelés et les formations de glaces sous marines.


Un quart de la superficie des terres de l’hémisphère nord est faite de pergélisol, un sol gelé en permanence. Par endroits, le permafrost profond, qui s’est formé au cours de la dernière glaciation, lorsque le niveau de la mer était beaucoup plus bas, s’étend loin dans l’océan, sous les fonds marins. De vastes zones de permafrost ont déjà commencé à fondre, entraînant une érosion rapide, la déformation de routes et de pipelines, l’effondrement de bâtiments et l’apparition de forêts « ivres » aux arbres penchés.

Le véritable problème, tient au fait que le pergélisol contient du carbone organique sous forme de plantes et d’animaux morts depuis des temps immémoriaux. Certains animaux, y compris le mammouth, y sont restés gelés durant des dizaines de milliers d’années. Lorsque le pergélisol fond, une grande partie de ce carbone est susceptible d’être relâché dans l’atmosphère.

Nul ne sait exactement combien de carbone est enfermé dans le pergélisol, mais il semble qu’il y en ait beaucoup plus que nous ne le pensions. Une étude internationale dirigée en 2008 par Edward Schuur de l’Université de Floride a doublé les estimations précédentes de la teneur en carbone du pergélisol, avec un chiffre d’environ 1.600 milliards de tonnes - soit environ un tiers de l’ensemble du carbone présent dans les sols du monde entier et deux fois plus que dans l’atmosphère.

M. Schuur estime que 100 milliards de tonnes de carbone pourraient être libérés par le dégel au cours de ce siècle, selon les scénarios de base. Si ce dégazement se produisait sous forme de méthane, l’effet de réchauffement serait l’équivalent à 270 années d’émissions de dioxyde de carbone aux niveaux actuels. « C’est une sorte de bombe à retardement au ralenti », prévient-il.

L’est sibérien, dont le permafrost est vieux de 40.000 ans, est une région particulièrement sensible. Elle contient à elle seule 500 milliards de tonnes de carbone, explique Philippe Ciais, co-président du Global Carbon Project, un réseau de recherche et d’analyse du cycle du carbone. La région Est de la Sibérie a connu par moment des températures de 7 ° C plus chaudes que la normale au cours de l’été 2007, précise-t-il.


L’augmentation de la température provoque une fonte saisonnière de la couche supérieure du sol à des niveaux plus profonds que la normale. Les microbes peuvent alors briser toute la matière organique présente dans la couche en train de dégeler, libérant non seulement du carbone, mais produisant également de la chaleur qui renforce la fonte en profondeur. La chaleur résultant de la décomposition est une autre rétroaction positive qui permettra d’accélérer la fonte, note M. Ciais.

De plus, si la profondeur de la fonte durant l’été est supérieure à celle de la recongélation durant l’hiver, il se forme alors une couche de sol non gelé en permanence, connue sous le nom de Talik, qui est prise en sandwich entre le pergélisol et la couche superficielle gelée. « Les Taliks permettent à la température de monter plus plus rapidement dans le sol, accélérant le dégel du permafrost sur le long terme », explique M. Lawrence.

Le carbone libéré par la fonte du pergélisol peut entrer dans l’atmosphère soit sous la forme de dioxyde de carbone, soit de méthane, qui est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant, pour une quantité équivalente. Si la matière organique se décompose dans des environnements pauvres en oxygène comme le sont typiquement les sols marécageux et les lacs de ces régions, il se forme alors plus de méthane.

Les chercheurs ont étudié la région marécageuse de Stordalen dans le nord de la Suède depuis des décennies. La fonte du pergélisol y est rapide et, alors que l’humidité s’accroît, une quantité de plus en plus importante de méthane est libérée dans l’atmosphère, déclare Torben Christensen de l’Université de Lund en Suède. C’est le futur pour la plupart du permafrost de l’hémisphère nord, prévoit-il.

Ce ne sont pas seulement les zones marécageuses qui posent problème. Dans les zones basses, la perte de volume induite par la fonte des glaces du pergélisol, conduit à l’effondrement du sol et à la formation par l’eau de fonte de lacs thermokarst [1]

Les observations par satellites indiquent que le nombre et la superficie de ces lacs croissent de plus en plus. Comme le montrent les travaux réalisés par M. Walter et d’autres chercheurs, ils pourraient donc être une source importante de méthane.

Toutes ensembles, ces recherches les plus récentes dressent un tableau inquiétant. Étant donné que les modèles existants ne tiennent pas compte des effets de rétroaction, tels que la chaleur produite par la décomposition, le pergélisol pourrait fondre beaucoup plus rapidement qu’on ne le pensait généralement. « Au lieu de disparaître en 500 ans, le pergélisol le plus profond pourrait disparaître en 100 ans », indique M. Ciais.

Le pergélisol n’est pas la seule source de méthane dans l’Arctique. Les sédiments océaniques peuvent être riches en hydrates de méthane, une forme de glace contenant du méthane qui y est piégé. Les énormes quantités d’hydrate de méthane que l’on estime se trouver dans les fonds de l’océan Arctique sont particulièrement préoccupantes. En raisons de la froideur de ces eaux, les hydrates de méthane se trouvent plus près de la surface que dans la plupart des autres régions du monde. Ces dépôts sont donc beaucoup plus vulnérables au réchauffement des eaux de surface.

Juergen Mienert, de l’Université de Tromso en Norvège, qui a analysé les dernières éruptions des hydrates de méthane de l’Arctique, explique que les conditions actuelles sont similaires de façon inquiétante à celles qui ont existé par le passé, lorsque les eaux ayant subi un réchauffement ont pénétré les sédiments, ce qui déclenche la libération des hydrates. « Le réchauffement de la planète provoquera plus de rejets », dit-il.

Bien que la réduction de la superficie de la banquise en mai 2007 ait fait les gros titres, certains chercheurs affirment que ce qui est vraiment effrayant c’est la hausse des niveaux de méthane qui a été enregistrée simultanément. Alors que le niveau de méthane dans l’atmosphère avait plus que doublé depuis l’époque pré-industrielle, depuis à peu près une dizaine d’années il y avait eu peu de changements.

Puis, en 2007, plusieurs millions de tonnes de méthane supplémentaires sont entrées mystérieusement dans l’atmosphère. L’analyse détaillée des capteurs de méthane dans le monde donne à penser qu’une grande partie de celui-ci provenait du Grand Nord. M. Ciais indique qu’il semble que la plus grande source de méthane ait été le permafrost sibérien.

Ce phénomène donne encore lieu a controverses. Matt Rigby, chercheur au Center for Global Change Science du Massachusetts Institute of Technology, qui a analysé cette augmentation brusque de méthane, indique que nous ne pouvons pas encore affirmer que ce sont les émissions provenant de la fonte du pergélisol qui aient le plus contribué à cette hausse. « Mais 2007 a été exceptionnellement chaude en Sibérie, et nous nous attendions à une augmentation des émissions lorsque la température augmente », ajoute-t-il.

Cette hausse pourrait être un phénomène isolé - ou l’amorce de quelque chose d’important. « Une fois que ce processus a commencé, il pourrait bientôt devenir irréversible », explique M. Ciais.

Mme Walter est du même avis. A l’heure actuelle, elle estime que seulement quelques dizaines de millions de tonnes de méthane sont émises. « Mais il y a des dizaines de milliards de tonnes potentiellement disponibles pour être relâchées. » Et plus le réchauffement s’accélère, plus les émissions augmentent.

Le risque le plus inquiétant de tous est celui d’un emballement de l’effet de serre. Le carbone stocké dans le Grand Nord a le potentiel d’accroître la température de 10 ° C ou plus. Si le réchauffement de la planète provoque la libération dans l’atmosphère d’une plus grande quantité de gaz à effet de serre, ces émissions augmenteront encore plus le réchauffement et les émissions de carbone dans l’atmosphère. Finalement, ce processus de rétroaction se poursuivrait, même si nous avions réduit à zéro nos émissions à effet de serre. Une fois atteint ce point, le changement climatique serait alors hors de contrôle.

Il existe un autre sujet de préoccupation concernant la fonte des glaces de l’Arctique : la quantité croissante d’eau douce qui est apportée dans l’océan Arctique. Le diminution de l’épaisseur et de l’étendue de la banquise a déjà ajouté une grande quantité d’eau douce dans l’océan. Dans le même temps, les cours d’eau y déversent jusqu’à 10% d’eau en plus qu’ils ne le faisaient il y a un demi-siècle. C’est là en partie le résultat de l’augmentation des précipitations dues au réchauffement de l’air (l’air chaud peut contenir plus d’humidité), et en partie le résultat de la fonte du pergélisol, de la glace et de la neige. La fonte de la calotte glaciaire du Groënland libère également plus d’eau douce. si l’Arctique se réchauffe encore, cette quantité d’eau douce augmentera donc.

Touë ces apports supplémentaires d’eau douce pourraient affaiblir la « pompe » qui propulse la circulation thermohaline de l’océan. Son élément le plus célèbre est le Gulf Stream dans l’Atlantique Nord, mais cette circulation traverse toutes les mers. Elle prend origine dans l’extrême nord de l’Atlantique, au large du Groënland, où l’eau exceptionnellement dense plonge au fond de l’océan. L’eau devient plus dense en cette région, en partie parce qu’elle se refroidit, et en partie parce que la formation de la banquise en augmente la salinité. Avec une eau devenue un peu plus chaude et un peu moins salée en raison de tous les apports d’eau douce, le plus inquiétant est que cette pompe pourrait ralentir.

Les craintes ont diminué de voir ce courant océanique s’interrompre complètement, ce qui provoquerait une chute des températures dans le nord de l’Europe. Les modélisations du système climatique ne prévoient pas un arrêt durant le siècle prochain, affirme Stefan Rahmstorf, océanographe de l’Institut de Potsdam pour la Recherche sur le Climat.

Cependant, même un simple ralentissement de cette circulation océanique pourrait produire des changements spectaculaires. Les modèles climatiques suggèrent que des changements dans le régime de ces courants modifieraient la pluviosité dans le monde entier. Ces modèles sont corroborés par des études menées sur les évolutions du climat induites par les derniers arrêts de la circulation océanique.

La plus grande conséquence, indique Dong Buwen du Walker Institute for Climate System Research à l’Université de Reading, Royaume-Uni, serait vraisemblablement un bouleversement, et très probablement un effondrement complet de la mousson d’Asie, provoquant de graves sécheresses dans le sud de cette région du monde. « On pourrait avoir d’énormes répercussions sociales et économiques de ces pays », précise-t-il.

La mousson est en Asie la principale source d’eau pour les grandes zones les plus densément peuplées du continent. On estime que 2 milliards de personnes - soit un tiers des habitants de la planète - comptent sur elle pour produire leur alimentation. Que disparaisse la mousson et ils meurent de faim. Et tout cela pourrait résulter d’un réchauffement dans l’Arctique.

Personne ne peut être sûr que tout cela soit probable. En effet, les scientifiques du GIEC qui préparent ses rapports ne parviennent pas même à s’accorder sur la façon de quantifier les probabilités de tels événements. En conséquence, ces « scénarios de la peur » ont été à peine mentionnés dans leur dernière publication.

Néanmoins, les derniers résultats suggèrent que nous ne pouvons ignorer ces possibilités, étant donné en particulier que tout ce qui concerne le climat mondial est lié. La perte de la banquise arctique pourrait libérer de plus en plus de méthane contenu dans le pergélisol et les hydrates de méthane. Ce qui rendrait à son tour de plus en plus probable qu’ait lieu au cours du siècle une réduction spectaculaire de la force de la circulation océanique, pouvant se traduire par de brusques changements dans la mousson d’Asie.

Durant l’été, la banquise de l’océan Arctique rétrécit déjà beaucoup plus rapidement que ce que les modèles du GIEC avaient prévu. Une chose est sûre, ce ne sont pas seulement les ours polaires qui devraient se soucier de la réchauffement de l’Arctique.

Mots-clef : arctique, pôle, fonte, glace, banquise, montée des eaux

dimanche 19 avril 2009

Animation Anti-Pollution (Vidéo)


Non, ce n'est pas un tract écologiste plein de bonne volonté et ennuyeux. C'est un tract écologiste plein de bonne volonté et émouvant.
NB : le titre original de la vidéo est "Spilled Oil".



Mots-clef : pollution, marée noire, environnement, vidéo, animation

Animation Anti-Guerre (Vidéo)


Non, ce n'est pas l'équivalent en images d'un tract plein de bonne volonté et ennuyeux comme la pluie. C'est drôle - drôle et tragique -. Si l'anglais vous est un univers impénétrable, ce n'est pas un problème : les voix sont expressives. L'intrigue est simple : la guerre, il y a des gens qui sont faits pour (ou le croient, jusqu'à la désillusion cruelle) et ceux qui ne sont pas faits pour, et qui le savent. Cette vidéo me rappelle les soldats français et allemands qui, en 14-18, ont quelquefois fraternisé - ce à quoi leurs chefs mirent vite bon ordre -.
NB : le titre de l'animation est "Mortimer and Bracket".



Mots-clef : guerre, paix, fraternisation, animation, vidéo

samedi 11 avril 2009

George Harrisson, Eric Clapton : "While My Guitar Gently Weeps" (vidéo)


1er août 1971 : la guerre fait rage au Pakistan oriental, en lutte - soutenu par l'Inde - pour devenir le Bangla Desh. Le conflit est horriblement meurtrier, il fait des millions de morts et de réfugiés. Devant ce désastre, George Harrisson, particulièrement sensible à ce qui touche la région de l'Inde, tente de réunir des fonds pour venir en aide aux civils. 40.000 personnes (un chiffre énorme pour l'époque) assistent aux deux "Concerts Pour le Bangla Desh"...

Pour cette bonne cause, Harrisson réunira au Madison Square Garden de New York son collègue Beatle Ringo Starr, Bob Dylan, Eric Clapton, Ravi Shankar, Leon Russell, Badfinger et Billy Preston. "While My Guitar Gently Weeps", assez éloigné ici de la version originale, est marqué entre autres par le beau duo de guitares qui unit au final Harrisson et son ami Eric Clapton .



Mots-clef : George Harrisson, Ringo Starr, Bob Dylan, Ravi Shankar, Leon Russell, Badfinger, Billy Preston, concert for the bangla desh

Christian, le lion aimant. (vidéos)


Christian : c'était le nom que deux amis avaient donné à un lionceau, en vente, en 1969, dans un grand magasin de Londres, à l'étroit dans sa cage, et qu'ils avaient adopté. Christian était devenu affectueux et joyeux comme un jeune chien ... mais grand comme un jeune lion. Il fallut bien l'admettre, sa place n'était plus en Grande-Bretagne. Une chaîne d'entraide permit de le libérer dans la nature africaine, au Kenya, où il devint chef d'une harde et connut diverses aventures. Mais ...

Mais ses "parents adoptifs" ne l'avaient pas oublié - et décidèrent en 1972 d'aller lui rendre visite - Après quelques moments d'hésitation, Christian les reconnut. Ce qui se passa ensuite fut émouvant ... et heureusement, filmé. La première vidéo ci-dessous est plutôt un résumé, la seconde est encore plus étonnante, elle montre ce qui s'est passé après la rencontre entre le lion et ses amis. Elle montre également les parents de Christian, tournant en rond dans leur cage d'un zoo...
En 1973, John Rendall and Anthony 'Ace' Bourke retournèrent au Kenya, sans caméra, et parvinrent à retrouver Christian. Celui-ci les reconnut à nouveau. Il se jeta une fois de plus dans leurs bras, mais il était devenu énorme, et chacun des deux hommes se retrouva au tapis. Ils passèrent la nuit avec les lions, après quoi on perdit trace de Christian et de sa famille.
Si vous voulez en savoir plus, Wikipedia consacre une page à cette belle aventure.
Ah, j'oubliais : il y a des gens qui expliquent gravement que les animaux sont incapables de sentiments...






Mots-clef : lion, christian, nature, afrique, zoo, animaux