Enfin quelqu'un qui
ne pense pas par gros blocs sur ce sujet, Benoît Hamon, député,
ex-ministre de l'Education Nationale, interviewé dans Mediapart le 25 février
(extrait) :
"Comme ministre
de l’éducation, j’avais rappelé qu’un professeur d’arts
plastiques ne serait pas dans son rôle s’il proposait une leçon
de dessin sur la base d’une caricature de Mahomet. Et cela en vertu
d’une circulaire datant de Jules Ferry, en 1883 : « Vous êtes
l'auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de
famille ; parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l'on
parlât au vôtre ; avec force et autorité, toutes les fois qu'il
s'agit d'une vérité incontestée, d'un précepte de la morale
commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez
d'effleurer un sentiment religieux dont vous n'êtes pas juge. »
La Suite :
En clair, si je
choisis comme modèle le prophète Mahomet alors que ça va heurter
et fermer un seul de mes élèves, je rate ma mission de transmission
d’un savoir. En revanche, il faut enseigner le rôle du
caricaturiste et du journaliste et combien leur place est importante
dans une société qui reconnaît la liberté d’expression et le
droit de blasphème. C’est ce que font les professeurs tous les
jours, et on ne doit en rien négocier la vérité historique dans un
cours sur la Shoah ou celle de l’histoire du conflit
israélo-palestinien au motif que certains élèves contesteraient
l’autorité des programmes d’Histoire. Enseigner, c’est chaque
jour faire preuve d’autorité et de discernement.
Aujourd’hui, il y
a des militants dans l’islam politique radical qui veulent
bouleverser cet équilibre. Séparer filles et garçons lors des
cours de gymnastique, aménager les menus à la cantine, contester
certains enseignements. Mais il y a aussi des gens qui ont une
approche parfois anxiogène de la laïcité et considèrent qu’on
vit dans un état de siège permanent. L’école n’est
heureusement pas une citadelle assiégée en permanence par les
intégristes de tous poils. Cessons donc de faire de l’école un
théâtre de conflits permanents entre adultes. Comment les enfants
pourraient-ils ensuite être imperméables à la violence des
conflits entre adultes dans et autour de l’école.
Enfin, il y a aussi
ceux qui se servent de la situation pour faire leur commerce
politique. Le sujet du voile à l’université illustre bien cela.
Alors qu’il n’y a aucun problème sérieux nulle part, il a suffi
qu’un professeur décide d’exclure deux femmes voilées et se
fasse sanctionner... On peut être d’accord ou pas avec ses
convictions, mais c’est lui qui a enfreint la règle. Eh bien,
l’UMP décide d’en faire un sujet : il faut interdire le voile à
l’université. C’est irresponsable. je ne souhaite pas que le
gouvernement ouvre ce débat inutile.
Ministre de
l’éducation, vous n’avez pas touché à la circulaire Chatel sur
l’interdiction des sorties scolaires pour les mères voilées…
À mon sens, elle
doit être appliquée avec discernement. Là où il y a du
prosélytisme, on n’accompagne pas. Mais qu’une maman accompagne
un enfant avec un simple foulard sur la tête, ça ne pose pas de
problème.
Mais qu’appelez-vous
du prosélytisme ?
Quand on remet en
cause le contenu de l’activité, qu’on ne parle qu’à certains
élèves en ignorant ostensiblement d’autres, qu’on donne des
conseils d’ordre religieux… Les professeurs gèrent ça souvent
sur le terrain. Quand un comportement de ce type se produit, il n’y
a généralement pas de sortie suivante pour le parent d’élève."
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