lundi 26 septembre 2016

Nos ancêtres les QUI ?

NB : Ne ratez pas la superbe vidéo en fin d'article !

Image célèbre et totalement fausse : non, Vercingétorix n’a pas caracolé,
fier jusque dans la reddition,
vers César pour jeter ses armes aux pieds du Romain.
Il avait évidemment été désarmé et ligoté par les légionnaires bien avant d’être face à son vainqueur.

C’est clair : certains immigrés sont incapables de s’intégrer, même étant de seconde génération. En voici, tout frais, un triste exemple : un dénommé Sarkozy, Nicolas, fils d’un immigrant hongrois, vient de s’illustrer par son ignorance flagrante de l’histoire de France, alors que pourtant ce pays lui avait permis d’occuper d’assez hautes fonctions.

Mais oui, l’ancien président a déclaré  lors d’un meeting le 19 septembre à Franconville :  "Si l'on veut devenir Français, on parle français, on vit comme un Français. Nous ne nous contenterons plus d'une intégration qui ne marche plus, nous exigerons l'assimilation. Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois".  Il a précisé que par exemple les harkis (les musulmans français qui ont quitté l’Algérie pour la France) avaient pour ancêtres spirituels les Gaulois.

Pour Sarkozy, cela ne fait donc pas un pli : les Français ont pour seuls et indiscutables ancêtres moraux les Gaulois. On a d’ailleurs fait ânonner à des générations, y compris à des petits algériens ou sénégalais : « Nos ancêtres les Gaulois avaient les yeux bleus et les cheveux blonds ». L’ennui, c’est que c’est de la fichaise. Y compris pour les Français de Xème génération.


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(La suite)
Vous avez dit « Celtes » ?

Les premières traces de peuplement sur le sol de l’actuelle France datent d’il y a, grosso modo, un million et demi d’années si pas plus. Vers 300 000 av. J.-C, une immigration arrive d’Afrique du Nord. Dès - 200.000, les Néandertaliens occupent tout le territoire actuel de la France. Vers -38.000, l’homo sapiens s’y répand. Selon une
étude récente menée par des chercheurs de l’université de Leicester, la plupart des Européens, et notamment des Français, arrivent  du Proche-Orient entre -10.000 et – 5.000. Mais on relève aussi d’autres arrivées. En tout cas, « Selon Fernand Braudel, c'est à la fin du Néolithique que « l’identité biologique » de la future France avec déjà les diversités de physionomies qui la caractérisent aujourd'hui se met en place. Les nombreux mélanges ethniques y demeureront et les invasions qui suivront, Celtes, Germaniques, etc., se perdront peu à peu dans la masse des populations déjà installées » (Armoricains, Ligures, Vascons, Aquitains...).
(Wikipedia).
Stop ! Arrêt sur image ! Vous avez dit «Celtes » ? Ils ont mis le temps pour arriver, dans cet article comme en Gaule. Mais la Gaule, c’est quoi ? Un État ? Une nation ? Non. C’est une expression géographique. César, dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules », expliquera : « La Gaule se divise en trois parts, l'une habitée par
Guerriers Celtes de Gaule
les Belges, une autre par les Aquitains et la troisième par ceux qui se nomment dans leur propre langue Celtes et dans la nôtre Gaulois. ». La surface de cet ensemble dépasse largement celle de la France ! Les Celtes viennent de territoires germaniques,  ils iront jusqu’en Espagne, en Italie, en Irlande, en Asie… Leurs premières infiltrations dans le futur territoire français se font aux alentours de – 1.000, donc bien après la fin du Néolithique évoqué par Braudel, pour qui les caractères dominants sont déjà en place quand ces nouveaux venus arrivent. Mais ces « Gaulois » (qui ne se désignaient donc pas comme tels)  n’arrivent à Marseille que vers -400. Cette ville ne les a pas attendus pour exister : des marins d’origine grecque, mais venus de Phocée (Asie Mineure) l’ont fondée deux cents ans plus tôt, tout comme ils ont fondé Nice, Avignon, Agde, Antibes, Arles…

«  Ce que l'on appelle les Gaulois, en fin de compte, n'est qu'un puzzle de populations sur des territoires relativement vastes, qui sont identifiés comme Gaulois par des populations venues d'ailleurs, les Grecs, les Romains. » (l’historien Dominique Garcia). 

Les peuples de la Gaule sont une centaine, et s’ils se reconnaissent une origine et une langue commune, l’important pour eux c’est leurs cités, leurs clans, leurs tribus, divisés par des rivalités et des guerres incessantes. Cet émiettement fut bien sûr un cadeau pour les conquérants romains, confrontés à des ennemis que Vercingétorix ne
Le Royaume Wisigoth vers l'an 500
parvint à unir que mal et trop tard. À ces divisions entre peuples s’ajoutait celle entre classes, l’aristocratie guerrière n’étant guère aimée d’un petit peuple souvent misérable et exploité. La romanisation progressa à pas de géant et semble avoir été bienvenue pour la majorité de la population. La domination romaine dura près de cinq siècles, et même si la colonisation ne fut pas massive, ce temps fut suffisant pour que pas mal de futurs Français aient dans leurs gènes un bagage italien. Nous avons déjà constaté l’empreinte grecque dans le Sud, mais ce n’est pas tout.
L’empire romain craquant de toute part, des peuples germains se répandent sur le futur territoire français, à commencer par les Francs. C’est à eux que la « France » doit son nom, qui est donc, paradoxe, alémanique. (Il existe
Gaulois, les Normands ?

toujours aujourd’hui en Alsace une commune nommée « Franken »). On considère le royaume de leur souverain Clovis comme le premier noyau de ce qui allait devenir la France. Les Wisigoths, qui se répandent jusqu’en Espagne, s’installeront dans une partie importante du Sud (Bordelais, Charente, Poitou).

Remontons la carte : à quoi la Normandie doit-elle son nom ? À l’arrivée de scandinaves : " Noord Mannen » = hommes du Nord. Un chef Viking reçoit en 911 le comté de Rouen, base d’une expansion qui deviendra un duché. Quand à l’ancienne Armorique, si elle s’appelle aujourd’hui Bretagne, c’est à cause de l’afflux de « Bretons », c’est à dire, selon le sens du Vè siècle, d’habitants de l’actuelle Grande-Bretagne, dont beaucoup fuirent à l’époque leur pays envahi, pour se réfugier sur les terres armoricaines toutes proches. D’où l’identité marquée de cette région, qui défendit armes à la main son autonomie face aux Français, et  dont les habitants sont connus pour avoir la tête près de leur rouge bonnet. 

Une salade de peuples

Bref : Proche-Orientaux, Phocéens, Celtes, Romains, Francs, Wisigoths, Scandinaves, (Grand-) Bretons… Une palette bien bigarrée. L’important n’est pas de quantifier quel fut le poids génétique de telle population, mais de reconnaître de quel immense brassage de cultures la France est née.
L’unification en fut difficile. La guerre de Cent Ans, pendant laquelle Londres et Paris se disputèrent le contrôle du territoire français au grand dam du petit peuple, se doubla longtemps d’une épouvantable guerre civile entre Français : Armagnacs et Bourguignons furent prodigues de massacres. Les huit guerres de religion virent se multiplier atrocités et rivalités politiques. La Révolution Française, présentée comme le creuset de la Nation, dut pourtant écraser des soulèvements en Vendée, Bretagne, Alsace, Anjou, Poitou, à Marseille, Bordeaux, Lyon… Unité nationale ? France éternelle ? En réalité, comme le note Laurence Decock, prof d’histoire-géographie, « la France de la fin du 19 e, c'est un agglomérat de cultures, langues, identités différentes. Être français c'était très abstrait ». Mais déjà à la Révolution, le centralisme jacobin avait besoin d’images unificatrices face aux tendances fédéralistes. Après la défaite de 1870  face aux États allemands, le douloureux besoin de redorer le blason national favorisa la popularité d’un « roman national » dont Vercingétorix, Jeanne d’Arc et les combattants de Valmy sont les héros. Astérix est venu y ajouter une touche humoristico-nationaliste ne s’embarrassant guère de réalité historique. À ce propos, élève Sarkozy, notez qu’Obélix n’a jamais taillé ni livré de menhirs : ceux-ci avaient été dressés 2.000 à 4.000 ans avant son époque.



PS : Superbe complément à cet article, celui d'un historien aussi sceptique que moi : Nicolas Sarkozy lui-même, voici quelques années !

2 commentaires:

monique discalcius a dit…

de toute façon, de tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves... Sarkozy le sait-il?

Tom Goldschmidt a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.