Quelques degrés échappés à un soleil malingre réchauffent vaguement mon jardinet. J'en profite pour y bricoler. Par la fenêtre, mes haut-parleurs diffusent Champion Jack Dupree - bonheur - . Le bricolage dure, le CD se termine. Constatation : le silence, ce n'est pas mal non plus. Silence qui n'en est pas : j'entends bruisser les feuilles, chanter des oiseaux, et au delà, flotter la rumeur d'Ixelles.
Je pense à ce livre où un explorateur parlait de l'ambiance d'un soir de savane comme de "ce que les Blancs appellent silence et que les Noirs appellent ici la voix de la nuit". Même le zonzonnement lointain d'une (modeste) tondeuse à moteur mérite, en ses modulations, quelque attention. C'est peut-être une vertu de la musique acousmatique : nous faire retrouver la richesse des sons que nous enfouissons dans la poubelle du concept "bruit" (Pierre Schaeffer organisait et radiodiffusait des "concerts de bruits" : terme provocateur ? ).
Las, sur l'énorme chantier qui mutile la Petite Rue Malibran, la pause de midi prend fin. La sono qui y stimule la productivité recommence à beugler. Sur fond de bétonneuses, les pubs de Radio Contact broient les murmures des feuilles et les trilles des oiseaux.
Sous les pavés y'a plus de plage,
Des grues bousillent les paysages.
A part les Stones, y'a plus d'bon rock.
Quelle époque !
Mots-clef : calme, ville, urbanisme, environnement, musique, silence .
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essai
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