lundi 25 septembre 2017

Les guerres de religion : les plus meurtrières ?



Voici la réponse que j'ai apportée à la question : "Les athées affirment souvent que la religion a tué le plus grand nombre de personnes dans l'histoire. Est-ce vrai ?". Elle était posée sur le site Quora, un site états-unien très intéressant (mais anglophone), sur lequel chacun peut poser des questions, de tous ordres, et chacun peut proposer une réponse. J'avais envie d'y répondre parce que je suis un peu lassé de voir des partisans un peu exaltés de la laïcité relayer sur le Web l'affirmation "La religion a tué bien plus de gens que le tabac", ce qui est parfaitement faux.


La suite :

"Je comprends cela comme «La religion a-t-elle été dans l'Histoire le principal motif pour tuer des gens?». La réponse est certainement «non». Pourtant, lorsque la première croisade est arrivée à Jérusalem, les croisés, selon leurs propres chroniqueurs, ont tué 60 000 civils, y compris 5 000 Juifs qui se sont réfugiés dans leur synagogue principale. L'inquisition était elle aussi une horreur. Les guerres de religion furent horribles, par exemple en Grande-Bretagne et en France, accompagnées d'immenses massacres de civils, torturés à mort, brûlés vifs... Mais les motifs des guerres de Napoléon, du meurtre d'Indiens en Amérique du Nord et du Sud et d'autres formes de colonisation, de la première et de la deuxième guerre mondiale, des génocides des Arméniens, des Juifs, des Tutsis ... n'étaient pas religieux, ils étaient politiques et économiques . Et le solde de ces massacres est va de dizaines et de dizaines de millions de morts. Les guerres de religion ne peuvent pas concurrencer.

Il semble que certaines personnes sur ce site comprennent la question comme : «Est-ce que c'est la religion qui a tué le plus de personnes, ou est-ce l'athéisme?».
Il y a un malentendu ici: les religions (surtout les monothéistes) peuvent prêcher la haine contre ceux qui ne croient pas en elles, parce que les non croyants sont considérés comme une offense au Tout Puissant. Comme, pour les athées, il n'y a pas de Tout Puissant pour être offensé, il n'y a pas grand-chose à haïr. Il y a eu une persécution du clergé pendant la Révolution française, parfois terrible, mais il y avait des motifs politiques, et aussi le fait que les membres du clergé étaient considéré comme des exploiteurs, tout comme les nobles  (Robespierre détestait l'athéisme et célébrait «L'Être suprême» ).

Enfin, il n'y a pas de frontière stricte entre les motifs religieux et non religieux. En Irlande, la lutte entre protestants et catholiques était au moins autant une lutte sociale que religieuse. Les vues de Calvin et de Luther ont été analysées comme une expression religieuse du capitalisme croissant contre l'ancien ordre féodal. Et les esclavagistes se justifiaient parfois avec des arguments religieux ... On peut douter qu'ils aient été empreints de la compassion que prêchent le christianisme et l'islam."

Pour parler en chiffres : le bilan des huit guerres de religion qui ont déchiré la France est estimé, en moyenne, à 3 millions. Celui des conquêtes mongoles à 35 millions. Tout comme celui de la seconde guerre mondiale. (Ces chiffres sont des moyennes entre diverses estimations).

Ajoutons :  "Les conflits que nous qualifions aujourd'hui de « religieux » sont, au XVIe siècle, essentiellement d'ordre politique car le contenu théologique des oppositions reste secondaire par rapport aux intérêts politiques ou économiques en jeu. Dès le XVIIe siècle mais plus encore à partir du XVIIIe siècle, la référence religieuse pour caractériser un parti construit le mythe d'une violence religieuse que le politique a charge de contenir, ce qui permet de légitimer la puissance de l'État moderne et de ceux qui en détiennent le contrôle sur la société." (Wikipedia)


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Mots-clef :religion, guerre, politique, Histoire

2 commentaires:

Unknown a dit…

Mon cher Tom
Merci pour ta lettre éclectique. Il faut que tout ces sujets que tu abordes soient mis sur le tapis de l'expression publique. Et merci fe laisser un espace pour le débat et les commentaires.
Je réagis sur les guerres et la religion parceque je trouve que c'est un concours biaisé que de savoir qui est le plus grand assassin, qui tue le plus, le colonialisme, le tabac, la religion. Le plus grand génocidaire serait le moustique du paludisme ou le virus qui nous fait vieillir ?
Il n'empêche que l'homme a toujours été doué pour se massacrer et que la religion a souvent été un déclencheur efficace et un bon alibi. Si on inclut les massacres d'indiens d'Amérique qui ont été supporté par les instances religieuses, surtout si on inclut les dogmes politiques et economiques dans les cercles religieux, le moustique a eut être perdu le concours

Tom Goldschmidt a dit…

Merci. Mon propos n'est pas un concours, mais de répondre à une affirmation très répandue. Je parle donc des conflits dont la religion est la cause, pas de ceux dont elle est un aspect secondaire. Même si les prêtres bénissaient les canons, on ne peut affirmer que la guerre de 14-18 fut causée par la religion. Elle le fut par l'impérialisme et les intérêts économiques qu'il accompagnait. Par la controverse de Valladolid, l'Eglise contribua très largement à l'abolition de l'esclavage des Amérindiens, et cet esclavage n'avait pas pour cause la religion mais la rapacité des colons. Peut-être certains religieux profitaient-ils de cette exploitation, mais il s'agirait alors de personnes (colons) et pas de la religion. Et bien sûr, l'affirmation "La religion a tué plus que le tabac" ne concerne que les causes anthropogénétiques, pas les virus ou les moustiques.