« I
Woke Up This Morning » : « Je me suis réveillé ce matin »,
phrase par laquelle s’ouvrent de nombreux blues. Ce jeudi, « I
Woke Up This Morning » avec une désagréable sensation, celle
d’avoir vu ou subi quelque chose de malpropre. Le brouillard se
dissipant, j’ai compris d’où venait cette impression : il
flottait encore dans ma cervelle quelques bribes du débat diffusé
hier sur France 2 et TF1. Un débat salissant.
Je
ne suis pas seul de cet avis. Longtemps encore avant la fin, j’avais
écrit sur Facebook : « Si
l'on suit ce débat épouvantable jusqu'au bout, touche-t-on quelque
chose ? Une indemnité ? Une intervention du Fonds des Calamités
? ». Jusqu’à
présent, plus de cent personnes ont ajouté « J’aime ».
La
désillusion était d’autant plus grande que les télévisions, en
lever de rideau, avaient montré quelques extraits de grands débats
du passé, comme
le fameux Mitterrand-Chirac de 1988.
La comparaison était cruelle.
La suite :
« Le Monde » parle ce matin d’« un combat brutal, désordonné, où tous les coups ou presque ont été permis. A l’arrivée, pas de victoire par K.-O. pour l’un ou pour l’autre, mais un citoyen-téléspectateur sonné, au souffle court et au goût amer au fond de la gorge. ». À coups d’accusations mutuelles frôlant parfois l’insulte, les deux opposants tentaient chacun de parler plus fort que l’autre, et plus fort que les deux journalistes (noyés sous un flot déchaîné de paroles) malgré la plainte de Nathalie Saint Cricq (Fr2) chargée, avec Christophe Jakubyszyn (TF1) de mener ce non-dialogue et qui s’exclama en vain « C’est inaudible ! ». Je me suis demandé si les journalistes animateurs ne devraient pas avoir la possibilité de couper les micros de leurs invités quand ceux-ci deviennent incontrôlables et incompréhensibles.
C’est Marine Le Pen qui a donné le ton, et Macron l’a rejointe.
Les deux ont accumulé des intox (net avantage à MLP !) que certains journaux énumèrent
déjà. Mais il faut reconnaître – avec consternation – que sur
le plan social, bien
des accusations lancées par la candidate FN (déguisée en femme de
gauche) frappaient juste.
Et
c’est ce qui nourrit le choix d’une partie de la gauche : ne
voter ni l’un ni l’autre, parce que les réformes néo-libérales
de Macron serviront de vitamines au Front. Donc, voter Macron ne
servira pas à « barrer la route au FN».
Raisonnement qui me paraît un peu léger. Faut-il prendre, en fonction d’un futur hypothétique, le risque d’un désastre immédiat ? Car le régime présidentiel permettrait au FN victorieux de cadenasser l’État, de limiter les libertés, de taper dans les associations féministes, antiracistes, culturelles, de s’en prendre à la presse, aux étrangers (en séjour légal ou pas) et libérera une vague de racisme. Bien sûr, comme l’écrit encore « Le Monde », Marine Le Pen n’était « pas tant dans l’idée de battre M. Macron dimanche, mais plutôt dans l’espoir d’occuper sans tarder le rôle d’opposante numéro un pour les cinq années à venir. Et de saisir le leadership du camp anti-Macron en vue des élections législatives de juin. »
Mais ce calcul, on peut le déjouer si l’on profite de ces cinq ans pour donner une autre voix au mécontentement. Faut-il rappeler que Mélenchon n’était qu’à 1.72 % de MLP ? Qu’il est possible de transformer l’essai, de reconquérir d’anciens bastions rouge et de ravir au FN ce rôle d’opposant principal ? Plutôt que se jeter dans la rivière pour éviter la pluie.
Christiane Taubira dit à ce sujet, sur un ton qui nous change d’hier, des choses qui me paraissent bien senties. Et un proche de Mélenchon criait à une foule : « Dimanche, on élimine la bête immonde. Et dès lundi, on s'attaque au banquier ».
Raisonnement qui me paraît un peu léger. Faut-il prendre, en fonction d’un futur hypothétique, le risque d’un désastre immédiat ? Car le régime présidentiel permettrait au FN victorieux de cadenasser l’État, de limiter les libertés, de taper dans les associations féministes, antiracistes, culturelles, de s’en prendre à la presse, aux étrangers (en séjour légal ou pas) et libérera une vague de racisme. Bien sûr, comme l’écrit encore « Le Monde », Marine Le Pen n’était « pas tant dans l’idée de battre M. Macron dimanche, mais plutôt dans l’espoir d’occuper sans tarder le rôle d’opposante numéro un pour les cinq années à venir. Et de saisir le leadership du camp anti-Macron en vue des élections législatives de juin. »
Mais ce calcul, on peut le déjouer si l’on profite de ces cinq ans pour donner une autre voix au mécontentement. Faut-il rappeler que Mélenchon n’était qu’à 1.72 % de MLP ? Qu’il est possible de transformer l’essai, de reconquérir d’anciens bastions rouge et de ravir au FN ce rôle d’opposant principal ? Plutôt que se jeter dans la rivière pour éviter la pluie.
Christiane Taubira dit à ce sujet, sur un ton qui nous change d’hier, des choses qui me paraissent bien senties. Et un proche de Mélenchon criait à une foule : « Dimanche, on élimine la bête immonde. Et dès lundi, on s'attaque au banquier ».
J’ai
enfin le chagrin de déplorer la maigreur squelettique, lors de cette campagne, des arguments
du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste, Poutou) et de LO (Lutte Ouvrière, Arthaud). Même si Poutou a acquis punch et bagout, on ne
reçoit en fin de compte, une fois de plus, pour tout potage que « Ce
qui compte, c’est les luttes sociales ! ». On n’en a
pas eu assez, des luttes sociales, toutes ces années ?
Régulièrement perdues par absence de relais politique.
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Mots-clef : France, élections, présidentielles, Marine Le Pen, Macron
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