mercredi 12 novembre 2008

La Shoah gommée dans les écoles britanniques ???


"Cette semaine en Angleterre tous les programmes relatifs à la commémoration de la Shoah ont été retirés de certains établissements scolaires, avec pour motif que cela ’heurte’ la population musulmane, qui renie l’existence de la Shoah". Info ou intox ?

On ne peut pas passer son temps à démasquer ici tous les canulars qui circulent sur le Web, mais celui-ci est particulièrement consternant. L'information est fausse et a été abondamment démentie (comment peut-on croire que le Ministère britannique de l’Education prendrait une pareille décision ?).
Cette information date de mars 2007, et donc cela fait un bon moment que "cette semaine" est passée. Ensuite, il ne s'agit pas de "tous les programmes relatifs à la commémoration de la Shoah", ni du motif explicitement invoqué, mais de (selon la presse anglaise de l'époque - le Times de Londres) :

"Teachers are dropping controversial subjects such as the Holocaust and the Crusades from history lessons because they do not want to cause offence to children from certain races or religions, a report claims. (...) The report, produced with funding from the Department for Education, said that where teachers and staff avoided emotive and controversial history, their motives were generally well intentioned. (...)However, it was concerned that this could lead to divisions within school, and that it might also put pupils off history." (Times On Line)

"Des instituteurs évitent dans les leçons d'histoire des sujets matière à controverse tels que la Shoah et les Croisades, parce qu'ils ne veulent pas offenser les enfants de certaines races ou religions, affirme un rapport. (...) Ce rapport, produit avec l'appui du Ministère de l'Education, disant que là où des professeurs et le personnel évitait une histoire controversée et à contenu émotionnel, leurs motifs partaient généralement d'une bonne intention (...) Néanmoins, ce rapport se préoccupait de ce que ceci pouvant conduire à des divisions à l'intérieur des écoles, et aussi mener des élèves à se désintéresser de l'histoire."

Source :
http://www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/education/article1600686.ece


Voyez des explications détaillées, avec références précises, ici . Comme beaucoup de hoaxes (canulars) relayés à l’infini par des mails de personnes qui ne les vérifient pas, il s’agit d’une déformation, mal intentionnée, qui vise clairement à accroître les tensions entre communautés.

Mots-clef : shoah, antisémitisme, grande-bretagne, times, histoire, éducation

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Voir aussi : http://www.armenews.com/article.php3?id_article=32856

lundi25 juin 2007, Un rapport sur l’enseignement de l’Holocauste en Angleterre a entraîné une polémique, qui s’est propagée jusqu’en France. Explications. Sophie [1] est enseignante. Le 1er juin, elle reçoit un courrier électronique intitulé « Honte à l’Angleterre ». « Cette semaine, en Angleterre, affirme le texte, tous les programmes relatifs à la commémoration de la Shoah ont été retirés de certains établissements scolaires, avec pour motif que cela "heurte" la population musulmane, qui nie l’existence de la Shoah. » À l’origine de la polémique, un rapport commandé par le ministère de l’Éducation britannique à une association d’historiens (The Historical Association). Le rapport TEACH (Teaching Emotive and Controversial History) s’appuie sur des cas concrets étudiés dans les salles de classe. Il a pour objectif de faire un état des lieux avant la réforme des programmes d’histoire. Il débute sur un constat : certaines périodes, parce qu’elles continuent d’avoir une signification contemporaine ou une résonance personnelle chez les étudiants, sont controversées et porteuses d’émotions.


L’étude de terrain amène les historiens à constater certaines configurations dans lesquelles les enseignants, mal formés, préfèrent abandonner des parties du programme de peur d’être dépassés par les réactions des élèves. C’est une agence de presse britannique qui, au début du mois d’avril, cite hors contexte ces deux cas dans une dépêche. Dans les jours qui suivent, l’affaire fait les gros titres : « Les professeurs abandonnent l’Holocauste de peur d’offenser les musulmans. » « Les écoles évitent l’enseignement de l’Holocauste. » La première chaîne de courriers électroniques apparaît sur le modèle de celle qui circule actuellement en France, annonçant le retrait généralisé des programmes scolaires sur l’Holocauste.

La confusion est à son comble. Shimon Samuels, directeur des relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, à Paris, se déclare, dans une lettre envoyée le 13 avril au ministre britannique de l’Éducation, « horrifié par les résultats du rapport de la Historical Association ». Citant certains extraits, il accuse le rapport de justifier une complicité avec l’antisémitisme. Ceux qui colportent la rumeur ont-ils vraiment lu le texte ?

Paula Katching, consultante et spécialiste de l’enseignement de la Shoah pour the Historical Association, interprète cet emballement : « Les personnes qui ont participé à ce phénomène n’ont pas lu le rapport TEACH. Seuls les ignorants ont mordu à l’hameçon, les experts savent que la Grande-Bretagne a été le premier pays à introduire l’enseignement obligatoire de l’Holocauste. Il n’a jamais été question de l’abandonner, au contraire... »

Pour mettre fin à la confusion, Gordon Brown, futur Premier ministre, intervient à plusieurs reprises à la fin du mois d’avril en réaffirmant le caractère obligatoire de l’enseignement de la Shoah en Angleterre. Presque deux mois plus tard, la rumeur continue pourtant à se propager. En France, cette fois.

Notes

[1] Le prénom a été modifié.

[2] Le prénom a été modifié.