mercredi 1 octobre 2008

Merci Marc Moulin


Coup de cafard, coup de blues, coup du sort, coup en traître : Marc Moulin nous a quittés, en coup de vent - peu après que je me sois dit "Je vais le contacter, ça fait des années que je ne l'ai plus vu". Je pique sur un forum ce joli hommage : " Moulin avant... Alors , comme ça t'es parti sans prévenir produire le prochain Nougaro avec Miles Davis chez Paradis productions ? Faudra nous faire écouter ça .... Merci Marc d'avoir tracé la voie , je te suis à l'oreille ".

A l'immense brassée d'hommages mérités rendus à ses talents, son humour, son intelligence, j'ajoute une toute petite pincée marginale : m'intéressant à la technique, j'avais apprécié que Marc - qualité plus rare qu'on pourrait le croire - ne soit pas de ces intellectuels / artistes pour qui un potentiomètre, c'est pour les techniciens. Il vivait avec joie le rapport entre l'instrument technologique et le créateur. Tôt dans les années '80, il parlait déjà avec un enthousiasme souriant des perspectives que lui ouvrait en musique son ordinateur Commodore, et m'avait répondu avec patience et passion lors d'une interview à propos de son studio personnel.
Pour revenir à des points sans doute plus fondamentaux, je copie honteusement Bernard Hennebert, de qui Marc Moulin avait préfacé récemment un livre, pour souhaiter que l'on republie son essai "La Surenchère - L'Horreur Médiatique", analyse de la dérive des média mais aussi de ce qui la porte, livre paru en 1997 chez Labor. Et tant qu'à rester dans le sillage de Hennebert, je cite comme lui ces lignes lucides qu'on n'a probablement pas mentionnées lors des hommages rendus par la RTBF : "...La RTBF, comme presque tous les services publics, est victime d’une libéralisation mal comprise et mal conçue. Aujourd’hui, on aperçoit enfin comment l’argent fait main basse sur les dernières sources de richesses qui ne lui appartenait pas encore (postes, chemins de fer, énergie, eau, etc...). La privatisation des services publics fonctionne sur le mode du pillage.
Voilà pourquoi à la RTBF, 25% des ressources en publicité orientent 75% au moins des programmes. Et voilà pourquoi Jean-Paul Philippot demande plus de pub et plus “d’indépendance” (comprenez: moins de comptes à rendre). Qu’on aime ou non la publicité, on n’a jusqu’ici quasiment jamais évité qu’elle produise cette “logique” dévastatrice. L’Allemagne, quasi seule, a réussi son passage à la publicité dans la radio-télévision de service public. Voilà pourquoi elle est aussi la seule à avoir arrêté la retransmission du Tour de France quand il n’a plus été possible de le défendre en tant que compétition sportive.
La pub n’est ni mauvaise, ni méchante. Elle n’a jamais empêché la qualité de l’info dans les grands quotidiens. Mais il faut la craindre dans les médias à zapette, ceux qui n’ont pas la force de résister à ses déviances.
Il faut donc sauver la RTBF, et qu’elle fasse retour au non-marchand, qui est son lieu de naissance et sa maison. Ce n’est pas utopique. Cela consistera à supprimer des programmes que seule la pub a fait naître, et des personnels et moyens que seule la pub a engagés.
".
Marc fut aussi Moulin à poivre par ses roboratives "Humoeurs" publiées dans Télémoustique, mais ici, il y a de quoi faire une grimace : on n'en trouve apparemment plus que trois sur le site du magazine. Pour les autres, cliquer sur leur titre ne m'a valu que des messages d'erreur ou des pages blanches ! Réparer d'urgence s'il vous plaît...
La photo - nostalgie - montre Marc, un Melodica à la main, et votre serviteur à Bilzen, lors du Festival de Jazz de 1971.


Mots-clef : Marc Moulin, media, musique, jazz, électro, RTBF, Télémoustique, Consoloisirs

2 commentaires:

Gauthier a dit…

Merci à toi de nous rappeler tous ces détails de la vie , présente et passée....

Tu me paraît bien maigre sur cette photo ô serviteur dévoué.....

Gauthier a dit…

parais avec un "S" évidemment.....