jeudi 4 mai 2017

Roumanoff, La brebis Le Pen et l'agneau Macron


Anne Roumanoff a dépeint l'actualité politique française sous forme de fable. Je trouve qu'avec son talent, elle aurait pu pasticher La Fontaine :
"Une louve s'était déguisée en brebis
Un renard, pour sa part, se grima en agneau.
Propos de miel, de fiel, promesses, beaux habits :
Ce pour se faire élire Prince des animaux".
Mais c'est quand même chouette :


La brebis Le Pen et l'agneau Macron

Le troupeau réclamait du changement,
les moutons disaient : "On voit toujours les mêmes!
Il faut changer de système!"
Les représentants du passé,
le taciturne hibou Fillon, l'oiseau rêveur Hamon
et Mélenchon le bouledogue révolté,
furent renvoyés dans leurs prés carrés.


Les moutons eurent alors le choix 
entre une brebis et un agneau.
Enfin plus exactement entre une louve déguisée en brebis
et un renard qui se faisait passer pour un agneau gentil.

La louve, fille d'un loup borgne qui avait échoué à devenir roi,
s'était travestie en brebis pour attirer les électeurs.
Elle murmurait aux moutons : "N'ayez pas peur.
Ne croyez pas ce que disent de moi ces minables canards,
je suis la candidate de tous ceux qui en ont marre.
Je suis patriote! Je ne suis pas raciste,
je vous protégerai des islamistes.
Je ne suis pas contre la démocratie
puisque je fais plein de selfies."

Beaucoup de moutons séduits
regardaient la brebis avec sympathie.
"Au point où on en est, on verra
bien ce que ça donnera."
La brebis habilement s'allia avec un furet
qui, par le pouvoir alléché,
décida de renier ses convictions
pour satisfaire ses ambitions.
Ce curieux attelage de la louve déguisée en brebis
et du furet gnangnan qui avait trahi
espérait réduire l'agneau en bouillie.

L'agneau était beau, il souriait souvent
et semblait tout à fait charmant.
Pourtant l'agneau aux longues dents
n'était, en rien, un innocent.
C'était un renard rusé vraiment très intelligent,
qui surfait avec habileté sur l'air du temps.
Songez qu'il avait réussi, en moins d'un an,
à faire renoncer le président sortant,
à anéantir ses concurrents
et à entraîner dans son élan
des millions de partisans.
Plus que des convictions bien ancrées,
l'agneau avait une séduction très développée.
Son credo, partout martelé?
Le renouveau, la modernité,
le rajeunissement, le changement.
L'agneau semblait parfois fragile pourtant.
Ainsi quand il s'emportait, il se mettait à bêler,
et l'on s'apercevait qu'il n'avait pas encore mué.
On se demandait alors si le biquet avait l'étoffe d'un bélier
ou si c'était juste un agneau de lait trop vite poussé.
Gonflé de son importance, l'agneau se refusa à toute alliance,
mais aller seul à un tel combat,
n'était-ce pas une forme d'arrogance?

Des millions de moutons, désabusés par cette situation,
refusaient de choisir entre les deux animaux.
Chacun développait son argumentation :
– Mon vote ne changera rien, la brebis ne sera jamais élue de toute façon!
– L'agneau n'est pas assez gauche pour moi!
– Non, il est trop à droite, il n'aura pas ma voix.
– Le lundi est férié, je ne serai pas là.

C'est une lourde responsabilité
que de choisir de ne pas se prononcer.
Cinq ans pourtant, ça peut être long… très très long.
Pensez-y bien, monsieur Mélenchon.
En attendant, huit jours avant les élections,
nul ne sait encore qui de cette farce sera le dindon.
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