mercredi 22 janvier 2014

Dieudonné : idées récentes et reçues.

Quelques remarques et réponses à propos de clichés souvent invoqués ces derniers temps à propos de Dieudonné M'bala M'bala...

"Interdire les spectacles de Dieudonné est une atteinte à la liberté d'expression ; on ne défend pas des droits fondamentaux en restreignant l'un d'entre eux."
"Liberté d'expression", sans plus, ne signifie rien de plus que la liberté d'exprimer, sans plus de précision. Le terme ne suffit pas à en délimiter les frontières. C'est pourquoi la Convention européenne des Droits de l'Homme spécifie « L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire. »

Une des bases du contrat social est en effet que la liberté de chacun est limitée par la liberté d'autrui, et il faut aussi respecter la liberté des parents de ne pas craindre que leurs enfants se fassent abattre parce qu'ils sortent d'une école juive.
Or, c'est bien d'appels à la haine qu'on parle. Dire "Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage", c'est regretter que les chambres à gaz ne soient plus là, et appeler à reprendre le travail par d'autres moyens. Quand on fait rire du martyre d'Ilan Halimi, torturé à mort par le gang des Barbares pour qui il était un "feuj" (juif), c'est diffuser que pareille horreur n'a en fait rien de grave.  Lancer dans une vidéo à Arno Klarsfeld "tu vas finir par te faire défoncer ta petite gueule de petite chatte d'appartement", c'est appeler à la défoncer. Faire acclamer Faurisson qui prétend que les chambres à gaz n'ont jamais existé, faire rire d'un comédien déguisé en détenu juif des camps de la mort, c'est s'en prendre au travail de tous ceux qui ont lutté pour que la bête immonde ne ressuscite pas.  Faire du joyeux "Chaud Cacao" d'Annie Cordy "Shoah Nanas", c'est faire danser sur des cadavres.

"Oui mais, faire interdire les spectacles, c'est de la censure préalable ! Ce n'est pas démocratique."

Les spectacles de Dieudonné ne sont pas des improvisations. Les textes sont écrits. En deux représentations, le "les chambres à gaz... Dommage" a été dit deux fois. On ne peut pas comparer cette situation avec celle d'un article qu'on interdirait avant qu'il soit écrit.

Est-ce à dire que l'interdiction des spectacles est une bonne chose ? Non, parce qu'elle renforce  l'illusion d'optique derrière laquelle s'abrite Dieudonné  : il serait un malheureux troubadour persécuté par le système (alors qu'il multiplie impunément les illégalités les plus énormes, nous y reviendrons). De plus, cette interdiction, il l'esquive facilement, puisque, paraît-il, "Asu Zoa", le spectacle qui remplace "Le Mur", dit en allusions et sous-entendus parfaitement clairs ce que "Le Mur" gueulait.
Christiane Taubira, ministre française de la Justice, pointait une autre piste que l'interdiction en écrivant :

"Ces ignominies sont des délits. Elles sont matière pour la Justice. La Justice n'a pas failli. Les procureurs ont poursuivi, les juges ont jugé. Les condamnations sont multiples. Il appartient aux magistrats d'apprécier le degré de gravité qu'induit la multirécidive. Mais il revient aussi à la Justice de veiller à l'exécution de ses décisions".  En d'autres termes, que Dieudonné, multirécidiviste impuni grâce à on ne sait quelle tolérance (aucune des condamnations déjà prononcées n’a été exécutée), soit enfin sanctionné.  Taubira ajoutait que cela ne suffit pas, qu'il faut "disputer pied à pied, pouce par pouce l'espace de vie commune, faire reculer cette barbarie ricanante, la refouler, occuper le terrain par l'exigence et la convivialité."

"Il ne faut pas parler de Dieudonné, c'est lui faire de la pub".


On ne lui fait pas sa pub. Elle est faite. 
Il n'a aucun besoin de nous, ni des journaux, ni des journaux télévisés, pour faire sa pub. Par les réseaux, par le bouche à oreille, par des amis extrêmement bien placés, par aussi des milieux politiques, sa pub fonctionne à mort sans cela. Certaines de ses vidéos ont passé le cap des deux millions et demi de vues. Depuis bien des années, il remplit à l'aise et en quelques jours des salles de 5.000 personnes et plus (spectacle annulé à Nantes : 5730 billets vendus à 43 euros l'unité, chiffre d'affaires brut 245.100 euros, sans compter le merchandising habituel prévu : DVD, t-shirts, posters, stylos, BD, casquettes, mugs etc.). Chiffre d'affaires 2012 de la maison de production gérée par sa compagne : 1,5 million d’euros (les spectacles), plus 318 000 (marchandises), bénéfice 230 000 euros. Plus la maison E-quenelle, relations publiques, bénéfice 18.100 €. (Dieudonné, ayant organisé son insolvabilité - ce qui est illégal - se déclare insolvable, alors qu'il doit des centaines de milliers d'euros). Il a 10.000 abonnés payants (prouvés) à son site à 58.80 euros par an soit 588.000 euros par an. Ses DVD figurent parmi les plus vendus de France. Alors, s'inquiéter devant cette vague, ce n'est pas faire de la pub, c'est sonner l'alarme.

Voilà pour ces quelques premières remarques. La suite dans quelques jours !

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Petite bifurcation sur un des potes à Dieudo... Pour comprendre la sectarisation croissante ou la fuite en avant de l'entourage de Dieudo et de Dieudo lui-même...
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140115.OBS2439/agnes-soral-vous-auriez-envie-de-vous-appeler-agnes-hitler.html

Anastasie.