mercredi 25 mars 2009

"Le Hamas a voté pour l'extrême droite sioniste"


Le titre de cet article et l'article lui-même figurent entre guillemets, parce je n'en suis pas l'auteur. Je relaie ici un article de Shalom Archav, dont je n'approuve pas tous les termes, mais dont je partage l'idée fondamentale, c'est à dire qu'au moins une partie de la direction du Hamas et les sionistes durs sont partenaires, symétriques, ayant besoin les uns des autres. A l'heure où le profil du gouvernement israélien se clarifie, cette réflexion ne manque pas d'intérêt.



"Le scrutin du 10 février 2009 aura doté Israël du gouvernement le plus à droite de son histoire. Ce résultat fut largement acquis grâce au Hamas. On a beaucoup glosé sur les mobiles du mouvement islamiste à rompre la trêve de six mois en cours avec Israël depuis juin 2008. Les statistiques des tirs (mortiers et roquettes Qassam) sur le Sud israélien fin 2008-début 2009 parlent de manière éloquente : juillet, 12 ; août, 11 ; septembre, 4 ; octobre, 2 ; novembre, 193 ; décembre, 602 ; janvier, 493 ; février, 36 . Pourquoi cet emballement ? Pourquoi cette accalmie ? Les Qassam occasionnent des dégâts matériels et des pertes humaines minimes. Mais il est insupportable de vivre à Sderot et aux alentours de la Bande de Gaza sous les alertes incessantes, 24 heures sur 24, durant des années, dans l’angoisse permanente pour soi-même et pour les siens. Si, sur un plan militaire, ces missiles bricolés font l’effet de piqûres de moustique, ils possèdent un impact psychologique dévastateur. Ils exercent sur l’opinion un effet politique majeur. Le gouvernement d’Israël ne pouvait les ignorer, surtout à la veille d’un scrutin. Le maximum des tirs intervient en pleine campagne électorale - malgré l’opération Plomb durci qui se déchaine. En février, miracle, leur cadence chute. Leur but aurait-il été atteint ?

Issu et héritier des Frères musulmans, le Hamas aspire à restaurer un islam prétendument authentique. Il ne croit pas à l’Etat nation mais à la nation de l’islam. Il ne vise pas à créer un Etat palestinien. Pour lui l’existence même d’Israël, Etat juif en Palestine, constitue une vivante insulte à la oumma. Elle humilie la communauté des croyants. Car la Palestine est un waqf, terre islamique inaliénable. Les Juifs y sont peut-être tolérés, mais sous la bannière de l’islam. Comme foi, pas comme peuple, encore moins comme nation. Dans cette perspective, la colonisation en Cisjordanie constitue paradoxalement pour le Hamas sa meilleure alliée stratégique. Par son grignotage incessant, son saucissonnage de l’espace, son peuplement juif de la terre palestinienne, la colonisation empêche l’émergence d’un Etat palestinien viable. Or, sur l’aire géographique comprise entre la mer et le Jourdain, la population arabe est en train de devenir majoritaire - si elle ne l’est déjà. Faute de pouvoir conquérir ses droits légitimes sur un Etat libre et souverain aux côtés d’Israël, le peuple palestinien les revendiquera sur l’ensemble de la Palestine ex mandataire. Tôt ou tard, par sa suprématie démographique, il scellera la fin de l’Etat d’Israël, l’Etat sioniste à majorité juive. Cela, le Hamas, le Fatah et tous les Palestiniens le savent. Cela, la gauche et le centre sionistes israéliens le savent, de même qu’une partie de la droite nationaliste. Seule s’aveugle sur cette vérité l’extrême droite sioniste et messianique, irréductible partisane du Grand Israël et de « la terre que Dieu a donné aux Juifs. »

Le Hamas mise sur ce miroir juif de lui-même. Par d’opportunes campagnes d’attentats, le terrorisme palestinien a toujours « voté » pour la droite sioniste car celle-ci héberge le parti des colons. Ainsi en 2001, il vota Sharon, alors leader du Likoud, contre Barak. En 2003, il revota Sharon contre Mitzna. Celui-ci proposait pourtant de négocier sans conditions avec Arafat. C’est encore le cas en 2009. Face aux offensives terroristes palestiniennes, les Israéliens serrent les rangs. Ils choisissent les partis de droite et de droite extrême, les plus déterminés à « casser du Palestinien. » La pluie des Qassam visait à faire voter les Israéliens en ce sens. Pari tenu. Le mouvement israélien Shalom Archav - Peace Now dénonce aujourd’hui le doublement de population juive programmé en Cisjordanie et le danger, sous la houlette du nouveau gouvernement Netanyahu (Likoud), que « l’expansion des colonies croisse rapidement avec l’intention clairement affirmée de rendre impossible toute solution à deux Etats. » Sur ce dernier point Hamas et droite sioniste se trouvent en parfait accord politique.

L’équipe de Kol Shalom".


Mots-clef : Proche-Orient, Hamas, Israël

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