mercredi 11 mars 2009

Fortis : Banque Publique ?


Les "oui", les "non" et les "peut-être" se succèdent en ce moment concernant l'avenir de Fortis. L'on n'évoque guère, parmi les scénarios possibles, celui proposé dans Tribune, l'organe de la CGSP (Centrale Générale des Services Publics, syndicat membre de la Fédération Générale du Travail de Belgique), par le Vice-Président Fédéral Alain Lambert. Sa proposition a pourtant le mérite du bon sens. Je la lui emprunte et vous la soumets.

FORTIS, une banque publique ?
La chance à saisir !
Le fiasco du dossier Fortis est aussi une belle occasion pour l’État belge. Celle de prendre ses responsabilités en matière de politique économique ; celle aussi d’offrir aux petits épargnants la sécurité financière qu’ils méritent, via une grande banque publique. Fortis, mais aussi Dexia, Ethias ou encore KBC, ce sont plus de 20 milliards d’euros que nos gouvernements ont mis sur la table pour sauver les banques de la déroute. Chez nous, comme partout dans le monde, on assiste à la mise sous perfusion d’un système capitaliste à bout de souffle !
Sans même s’interroger sur l’opportunité de sauver le capitalisme (rappelons-le quand même, cette doctrine impose à tous les mêmes lois que la guerre : chacun pour soi et que le plus fort - le plus riche - gagne ; tout va s’autoréguler), les gouvernements ouvrent largement les bourses publiques. Par contre, ces mêmes gouvernements invoquent les « nécessaires équilibres budgétaires » lorsqu’il s’agit de venir en aide aux plus démunis...
Et quand l’État met la main au portefeuille, qui doit se serrer la ceinture in fine ? Les services publics, bien sûr ! Tant les agents que les usagers. Des usagers des services publics qui sont généralement déjà parmi les plus faibles au sein de notre société.
Autrement dit, une fois de plus, Reynders, l’homme qui continue à parler à l’oreille des riches, affaiblit encore les plus démunis pour renforcer les mieux nantis parmi les nantis !
Car c’est bien le contribuable qui paie la facture de la faillite de la sacro- sainte « autorégulation des marchés » chère au néolibéralisme. Alors que les banques continuent à frauder le fisc sans vergogne par le biais des paradis fiscaux pour assurer leur sauvetage, l’État n’a pas hésité à s’endetter lourdement. Résultat, toujours pas de lutte contre la grande fraude fiscale et l’augmentation de la charge de la dette publique est passée à 450 millions d’euros, soit un coût annuel de 100 euros par ménage (selon le bureau fédéral du plan) ! Merci Didier Reynders.
Alors nous pensons que, puisque le contribuable paie, il doit en bénéficier : l’État est aujourd’hui propriétaire de Fortis à 100%, et bien qu’il le reste !
Pourquoi une banque publique ?
L’État pourra ainsi en maîtriser les flux financiers, participer aux bénéfices et les réinvestir dans des projets éthiques, utiles sur le plan social et en faire profiter les citoyens et les travailleurs. Pour justifier les milliards injectés dans les banques, notre libéral ministre des finances a expliqué vouloir avant tout protéger les épargnants. Peut-être. Mais en cédant ensuite cette banque après l’avoir assainie à BNP Paribas, il privatise une fois de plus une entreprise après en avoir collectivisé les pertes !
Protéger les petits épargnants, ce serait plutôt leur offrir la sécurité et la solidité d’une vraie banque publique. Le « non » des actionnaires de Fortis à BNP Paribas nous en donne l’occasion. En devenant une banque publique,Fortis devrait aussi se recentrer sur les missions essentielles d’une banque : récolter l’argent sous forme de dépôts et le transformer en crédits, afin d’encourager les investissements dans des projets éthiques de développement durable qui, à leur tour, viendront soutenir l’emploi.
Épargner, en toute sécurité...
En tant qu’organisme public, Fortis banque pourrait être gérée sans impératifs de profits à court terme.Elle pourrait alors bannir de ses préoccupations toute activité spéculative et ainsi éviter de faire courir à ses clients des risques qu’ils n’ont pas choisis. Souvenons-nous du temps où la loi belge distinguait clairement épargne et finance,interdisant même aux banques de mélanger les genres.Les épargnants avaient alors le choix de prendre des risques ou non avec leurs économies en choisissant les banques où les déposer. Aujourd’hui, ils n’ont plus le choix puisque la loi permet aux banques d’épargne de se lancer dans les spéculations financières sans aucun gardefou. Et elles ne s’en privent pas.Ainsi, même si les petits épargnants ne veulent pas spéculer, les banques le font avec leur argent mais certes pas pour eux : le but est bien de maximiser les profits de la banque, pas de l’épargnant. On a vu le résultat ! Une banque publique fonctionne avec une tout autre approche.
À chacun son métier...
Ce n’est pas le métier des pouvoirs publics, rétorqueront certains. Mais ce n’est pas ce qu’on leur demande répondrons-nous. L’Autorité publique n’est là que pour baliser les objectifs de l’institution bancaire : priorité aux projets économiques et sociaux et non à la réalisation de bénéfices à court terme. Les parlementaires auront un rôle primordial à jouer en exerçant un contrôle démocratique sur la banque publique qui doit rester au service de l’intérêt général, d’une économie durable et de l’emploi. Garder Fortis aux mains de l’État, ce serait aussi la garantie de maintenir le centre de décision en Belgique. Loin d’un retour en arrière, la création d’une banque publique se justifie aujourd’hui plus que jamais. Les banques
privées viennent elles-mêmes d’en faire la preuve ! La crise actuelle, véritable faillite du système capitaliste et de son dogme du marché autorégulé, fait elle-même la démonstration que les pouvoirs publics doivent, plus que jamais, maîtriser l’organisation de la société. Elle nous offre par là même une formidable occasion de réaffirmer haut et fort la légitimité des services publics en réponse aux besoins sociaux. Ne la manquons pas !
Alain Lambert,
Vice-président de la CGSP fédérale.

Mots-clef : banque, banque publique, cgsp, fortis, secteur public, finances

2 commentaires:

ian a dit…

j'ai une photo d'un grafitti prise au siege social de la fortis représentant un squelette de poisson sur le logo fortis, l'image est forte et ne nécessite pas de sous titre

le grafitti a été effacé dans les 24h qui suivirent son insription, je cherche à difuser cette photo dans la presse, je pense que cela ferait un bon poisson d'avril... avez vous des contacts à me proposer

ce ferait un beau pied de nez à l'arrogance de nos banquiers et politiciens

je la posterai bien aussi sur votre site, merci pour votre réponse

Tom Goldschmidt a dit…

Désolé, je ne vous ai pas répondu à l'époque, un peu débordé, j'espère que cette réponse vous parviendra... Mais je ne vois pas quel usage j'aurais pu faire de la photo...