samedi 28 mars 2009

Expulsions : une pétition.


C'est assez sympa que le syndicalisme ne soit pas seulement la défense de barêmes ou même d'emplois, mais vise parfois plus large et plus généreux. Le texte ci-dessous circule à la demande de la CGSP-Enseignement, qu'on applaudit bien fort. Il se rapporte à une situation que la Libre décrit plus en détail ici . Les professeurs et les élèves de l'athénée Léon Lepage se mobilisent pour empêcher l'expulsion, décidée par l'Office des Etrangers, de trois élèves et un ancien élève. Les trois premières ne parlent même pas la langue de leur pays, l'Albanie, vers lequel on veut les renvoyer. Elles sont en Belgique depuis dix ans. Le quatrième, réfugié venu du Kirghistan voici huit ans, qui vient d'entamer des études universitaires, risque d'être renvoyé pour raisons administratives à cause du décès de sa mère. Le préfet de l'athénée a dénoncé une logique absurde, administrative et inhumaine, qui touche des personnes intégrées auxquelles on n'a rien à reprocher.

Voici donc le texte :
"Vous savez peut-être déjà que 3 élèves de l'Athénée Léon Lepage (Beta, Rina et Dora HASMUJAJ) ainsi qu'un ancien élève (Niyaz KESHIKBAEV), actuellement étudiant à l'ULB, ont reçu un ordre de quitter le territoire.

Les élèves des classes concernées ont immédiatement rédigé une pétition qui a été signée par l'ensemble des élèves et des professeurs. De même, les professeurs ont rédigé des lettres de soutien à joindre à la procédure de recours.

La Régionale de Bruxelles de la CGSP Enseignement s'associe pleinement aux démarches entreprises par les enseignants et élèves de l'établissement et vous appelle à signer la pétition accessible en suivant le lien :
http://www.lapetition.be/en-ligne/-expulsion-lves-lepage-4036.html
Aussi, toute action de solidarité qui sera proposée à la Régionale, sera bien entendu couverte, qu'il s'agisse d'arrêt de travail, de concentration ou même de manifestation.
A titre informatif, voici le mail envoyé hier, par Philippe UYTTEBROEK, Président de la Régionale au Proviseur de l'établissement :

Monsieur Jean Marc Pierrard,

Voulez-vous bien informer l'ensemble des professeurs de l'Athénée Léon Lepage du soutien inconditionnel de la CGSP enseignement Régionale de Bruxelles dans la défense des trois élèves ayant reçu un avis d'expulsion à savoir Beta, Rina et Dora HASMUJAJ et un ancien élève Niyaz KESHIKBAEV. En ces temps durs pour tous et devant l'incurie gouvernemernementale à traiter de façon humaine et digne la politique d'asile dans ce pays il n'y a comme actions que la résistance et le soutien.

Pour la CGSP enseignement régionale de Bruxelles
Philippe UYTTEBROEK - Président
"

Mots-clef : régularisation, expulsions, étrangers, réfugiés

vendredi 27 mars 2009

L’antisémitisme et les boycotts


Une lettre ouverte a été écrite aux Etats-Unis par les "Activistes Juifs pour la Paix" en faveur de l'homme politique allemand Dierkes diffamé pour avoir appelé au boycott des produits israëliens (traduction française ci-dessous). Les auteurs cherchent à recueillir rapidement des signatures belges. Si vous êtes d'accord avec le texte, pouvez-vous envoyer votre signature à Mateo Alaluf
( malaluf@ulb.ac.be ) avant dimanche? Vous pouvez aussi, bien sûr, faire circuler la lettre.


"Sur l’antisémitisme, les boycotts et l’affaire Hermann Dierkes
Une lettre ouverte de militant/es juifs pour la paix

Nous sommes des militant/es pour la paix d’origine juive. Certains parmi nous s’identifient de cette façon ; d’autres pas. Mais nous nous opposons tous/tes à ceux qui prétendent parler au nom de tous les Juifs ou qui utilisent des accusations d’antisémitisme pour essayer de réprimer la contestation légitime.

Nous avons été indigné/es par les accusations à l’encontre de Hermann Dierkes, un syndicaliste et dirigeant du Parti de gauche (Die Linke) dans la ville allemande de Duisburg. En réaction à l’attaque israélienne récente contre Gaza, Dierkes a exprimé l’avis qu’une des façons dont les Palestiniens pourraient être aidés à obtenir justice serait de soutenir l’appel du Forum social mondial au boycott des marchandises israéliennes, de sorte à exercer une pression sur le gouvernement israélien.

Dierkes a été soumis à grande échelle à des dénonciations au vitriol l’accusant d’antisémitisme et d’appeler à une répétition de la politique de boycott des produits juifs prônée par les Nazis dans les années 1930. Dierkes a répondu en affirmant que « les mots d’ordre du FSM n’ont rien à voir avec les campagnes racistes antijuives de type nazi, mais visent seulement à changer la politique d’oppression des Palestiniens exercée par le gouvernement israélien. »

Personne n’a accusé Dierkes d’antisémtisme pour autre chose que son soutien au boycott. Et pourtant, il a été accusé de « pur antisémitisme » (Dieter Graumann, vice-président du Conseil juif central), de prononcer des mots équivalents à « une exécution de masse à la lisière d’une forêt ukrainienne » (Achim Beer, éditorialiste du Westdeutsche Allgemeine Zeitung), et de faire de la « propagande nazie » (Hendrik Wuest, secrétaire général de la CDU).

Nous, signataires, avons des points de vue différents sur l’opportunité et l’efficacité de l’appel au boycott des produits israéliens. Certain/es parmi nous pensent qu’un tel boycott est une composante essentielle d’une campagne de boycott, désinvestissement et sanctions qui peut mettre fin à quarante ans d’occupation israélienne ; d’autres pensent que le meilleur moyen d’exercer une pression sur le gouvernement israélien est un boycott plus sélectif, centré sur les institutions et firmes qui soutiennent l’occupation. Mais nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il est essentiel d’exercer une pression sur le gouvernement israélien si l’on souhaite que paix et justice l’emportent au Moyen-Orient, de même que nous sommes tous d’accord sur le fait qu’un appel au boycott d’Israël n’a rien à voir avec la politique nazie « N’achetez pas chez les Juifs ».

Il n’est pas plus antisémite de boycotter Israël pour mettre fin à l’occupation qu’il n’était anti-Blanc de boycotter l’Afrique du Sud pour mettre fin à l’apartheid. Les mouvements pour la justice sociale ont souvent appelé au boycott ou au désinvestissement, que ce soit contre le régime militaire en Birmanie ou contre le gouvernement du Soudan. Qu’ils soient opportuns ou pas, ces appels ne sont nullement discriminatoires.

La violence au Moyen-Orient a conduit, en effet, à certains actes d’antisémitisme en Europe. Il y a même eu à Rome un appel au boycott des boutiques appartenant à des Juifs, qui fut largement et adéquatement condamné. Nous déplorons un tel fanatisme. Les crimes d’Israël ne sauraient être attribués aux Juifs dans leur ensemble. Mais, en même temps, un boycott d’Israël ne saurait être présenté comme l’équivalent d’un boycott des Juifs dans leur ensemble.

Une forme aigüe et inquiétante de racisme qui se développe aujourd’hui en Europe est l’islamophobie et la xénophobie dirigées contre des immigrants de pays musulmans. Dierkes a été au premier plan des militant/es pour la défense des droits des immigré/es, tandis que certains de ceux qui accusent tous les critiques d’Israël d’être antisémites participent souvent eux-mêmes – à l’instar du gouvernement et de l’Etat d’Israël – à ces formes de racisme.

La Shoah a été un des événements les plus horribles de l’histoire contemporaine. C’est faire déshonneur à ses victimes que d’utiliser sa mémoire comme un gourdin pour réduire au silence ceux et celles qui critiquent à juste titre le traitement inqualifiable des Palestiniens par Israël.

Premiers signataires

Michael Albert, ZNet, USA
Phyllis Bennis, Institute for Policy Studies, USA
Ellen Cantarow, writer, USA
Noam Chomsky, Professor Emeritus MIT, USA
Lawrence Davidson, West Chester University, USA
Louis Kampf, Professor Emeritus MIT, USA
Joanne Landy, Campaign for Peace & Democracy, USA
Marvin Mandell, co-editor, New Politics, USA
Stephen R. Shalom, William Paterson University, USA
Stephen Soldz, co-founder, Coalition for an Ethical Psychology, USA
Howard Zinn, Professor Emeritus Boston University, USA"

Mots-clef :Israël, boycott, Palestine, Dierkes

jeudi 26 mars 2009

"Détail de l'histoire" : Le Pen a remis ça. (vidéo)


Pas à dire, le parrain de la fille de Dieudonné a de la suite dans les idées. En 1987, il avait affirmé que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire. Il avait remis ça en 2005 à la BBC, puis dans l'hebdo "Bretons" en avril 2008. Au journaliste qui lui objectait qu'on avait "déporté des gens pour les amener dans des camps juste pour les faire tuer", Jean-Marie Le Pen avait répondu : "Mais ça, c'est parce que vous croyez à ça. Je ne me sens pas obligé d'adhérer à cette vision-là."

Au passage, Le Pen avait montré qu'il n'avait pas plus d'amour pour les musulmans que pour les juifs, parlant de la «banlieue parisienne, où en sortant du métro vous vous trouvez à Tombouctou ou Casablanca». Il avait ajouté : «La population musulmane qui s'implante à Quimper ne met pas la coiffe. Elle met le voile. Et la Bretonne qui habite ce quartier de Quimper, elle met aussi le voile pour ne pas avoir de problèmes». Voilà ce que déclare le grand pote de Dieudo. Après ça, il y a encore des beurs de banlieue pour croire que Dieudonné est leur copain et leur porte-voix, c'est à désespérer des moyens de communication modernes.
Toujours est-il que JMLP a remis le couvert au Parlement Européen. Il est mécontent parce que les députés envisagent de l'empêcher de présider, en tant que doyen (s'il est réélu), leur session inaugurale d'après les élections européennes du 7 juin. Pour cela, il faudrait modifier le règlement interne du Parlement (NB : chose faite désormais). A la tribune, le leader du FN a tout fait pour aggraver son cas, mais la coupe est déjà tellement pleine que cela ne change pas grand'chose. Voici donc le cirque Le Pen version mars 2009.



Mots-clef : Le Pen, Dieudonné, chambres à gaz, négationnisme, extreme-droite, parlement européen, vidéo

mercredi 25 mars 2009

"Le Hamas a voté pour l'extrême droite sioniste"


Le titre de cet article et l'article lui-même figurent entre guillemets, parce je n'en suis pas l'auteur. Je relaie ici un article de Shalom Archav, dont je n'approuve pas tous les termes, mais dont je partage l'idée fondamentale, c'est à dire qu'au moins une partie de la direction du Hamas et les sionistes durs sont partenaires, symétriques, ayant besoin les uns des autres. A l'heure où le profil du gouvernement israélien se clarifie, cette réflexion ne manque pas d'intérêt.



"Le scrutin du 10 février 2009 aura doté Israël du gouvernement le plus à droite de son histoire. Ce résultat fut largement acquis grâce au Hamas. On a beaucoup glosé sur les mobiles du mouvement islamiste à rompre la trêve de six mois en cours avec Israël depuis juin 2008. Les statistiques des tirs (mortiers et roquettes Qassam) sur le Sud israélien fin 2008-début 2009 parlent de manière éloquente : juillet, 12 ; août, 11 ; septembre, 4 ; octobre, 2 ; novembre, 193 ; décembre, 602 ; janvier, 493 ; février, 36 . Pourquoi cet emballement ? Pourquoi cette accalmie ? Les Qassam occasionnent des dégâts matériels et des pertes humaines minimes. Mais il est insupportable de vivre à Sderot et aux alentours de la Bande de Gaza sous les alertes incessantes, 24 heures sur 24, durant des années, dans l’angoisse permanente pour soi-même et pour les siens. Si, sur un plan militaire, ces missiles bricolés font l’effet de piqûres de moustique, ils possèdent un impact psychologique dévastateur. Ils exercent sur l’opinion un effet politique majeur. Le gouvernement d’Israël ne pouvait les ignorer, surtout à la veille d’un scrutin. Le maximum des tirs intervient en pleine campagne électorale - malgré l’opération Plomb durci qui se déchaine. En février, miracle, leur cadence chute. Leur but aurait-il été atteint ?

Issu et héritier des Frères musulmans, le Hamas aspire à restaurer un islam prétendument authentique. Il ne croit pas à l’Etat nation mais à la nation de l’islam. Il ne vise pas à créer un Etat palestinien. Pour lui l’existence même d’Israël, Etat juif en Palestine, constitue une vivante insulte à la oumma. Elle humilie la communauté des croyants. Car la Palestine est un waqf, terre islamique inaliénable. Les Juifs y sont peut-être tolérés, mais sous la bannière de l’islam. Comme foi, pas comme peuple, encore moins comme nation. Dans cette perspective, la colonisation en Cisjordanie constitue paradoxalement pour le Hamas sa meilleure alliée stratégique. Par son grignotage incessant, son saucissonnage de l’espace, son peuplement juif de la terre palestinienne, la colonisation empêche l’émergence d’un Etat palestinien viable. Or, sur l’aire géographique comprise entre la mer et le Jourdain, la population arabe est en train de devenir majoritaire - si elle ne l’est déjà. Faute de pouvoir conquérir ses droits légitimes sur un Etat libre et souverain aux côtés d’Israël, le peuple palestinien les revendiquera sur l’ensemble de la Palestine ex mandataire. Tôt ou tard, par sa suprématie démographique, il scellera la fin de l’Etat d’Israël, l’Etat sioniste à majorité juive. Cela, le Hamas, le Fatah et tous les Palestiniens le savent. Cela, la gauche et le centre sionistes israéliens le savent, de même qu’une partie de la droite nationaliste. Seule s’aveugle sur cette vérité l’extrême droite sioniste et messianique, irréductible partisane du Grand Israël et de « la terre que Dieu a donné aux Juifs. »

Le Hamas mise sur ce miroir juif de lui-même. Par d’opportunes campagnes d’attentats, le terrorisme palestinien a toujours « voté » pour la droite sioniste car celle-ci héberge le parti des colons. Ainsi en 2001, il vota Sharon, alors leader du Likoud, contre Barak. En 2003, il revota Sharon contre Mitzna. Celui-ci proposait pourtant de négocier sans conditions avec Arafat. C’est encore le cas en 2009. Face aux offensives terroristes palestiniennes, les Israéliens serrent les rangs. Ils choisissent les partis de droite et de droite extrême, les plus déterminés à « casser du Palestinien. » La pluie des Qassam visait à faire voter les Israéliens en ce sens. Pari tenu. Le mouvement israélien Shalom Archav - Peace Now dénonce aujourd’hui le doublement de population juive programmé en Cisjordanie et le danger, sous la houlette du nouveau gouvernement Netanyahu (Likoud), que « l’expansion des colonies croisse rapidement avec l’intention clairement affirmée de rendre impossible toute solution à deux Etats. » Sur ce dernier point Hamas et droite sioniste se trouvent en parfait accord politique.

L’équipe de Kol Shalom".


Mots-clef : Proche-Orient, Hamas, Israël

Franc-Maçonnerie : Interdit Aux Esclaves Et Aux Femmes

En France, le principal courant maçonnique, le Grand Orient de France, a décidé samedi à une majorité de 56 % de refuser l’initiation de femmes ou l’affiliation de sœurs dans ses ateliers. (Edit : cette règle a enfin été abandonnée en 2010). Une majorité de ce courant reste donc toujours fidèle à un texte fondateur qui stipule que "Les personnes admises en tant que membres d’une loge doivent être des hommes bons et sincères, nés libres, d’âge mûr et pleins de sagesse, ni esclaves, ni femmes, ni hommes immoraux ou de scandale, des hommes de bonne réputation".

Pour un milieu qui, souvent, fustige les religions pour leur caractère rétrograde, il n'y a pas de quoi être fier... Libération révèle même que des loges locales qui avaient initié des femmes ont subi des sanctions. Le Monde cite ce commentaire d'un franc-maçon : "La loge est un endroit fermé, particulier, et nous souhaitons y travailler en masculinité", propos qui n'empêche pas cet initié de récuser tout "sexisme". On pourrait accepter cet argument pour une sortie entre vieux copains, pas pour une organisation qui veut oeuvrer au progrès de la société. Et un lecteur du même journal ricane : "le Grand Orient utilise pourtant, pour écarter les femmes, les mêmes arguments que les ascètes chrétiens et les imams. Ironique, non ?" N'oublions pas néanmoins que le Grand Orient n'est pas toute la franc-maçonnerie française. Vous trouverez aussi des précisions dans un article de la Libre, qui précise aussi dans quels termes ce débat se présente en Belgique.


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Mots-clef : franc-maçonnerie, loges, femmes, féminisme, grand orient

Dieudonné à Bruxelles, Dieudonné à Strasbourg ?




Dieudonné se place doublement sous les projecteurs de l'actualité : d'abord en se présentant comme candidat "antisioniste" aux élections européennes du 7 juin. Ensuite en venant à Bruxelles prononcer une conférence. Le bourgmestre de Saint-Josse a tenté d'empêcher la soirée pour des raisons d'ordre public, mais le Conseil d'Etat n'a pas jugé ces raisons suffisantes.
Les commentaires sur certains sites permettent une fois de plus de constater que décidément, Dieudonné a deux remarquables attachés de relations publiques : l'ignorance et la manipulation.

Nombre de ses défenseurs sont persuadés que si une série d'organisateurs annulent ses spectacles, c'est uniquement parce qu'on l'a, je cite, "banni tel un lépreux pour un sketch où il représente un colon juif extrémiste". Il faut donc rappeler que le 26 décembre dernier, "Dieudo", qui avait déjà défendu Gollnisch quand celui-ci avait été attaqué pour propos négationnistes, a fait acclamer Robert Faurisson, condamné à plusieurs reprises pour ses thèses niant la Shoah ( « le mythe des chambres à gaz est une gredinerie", « Il n'a jamais existé une seule chambre à gaz d'exécution chez les allemands, pas une seule"). Il lui a fait remettre un prix par un technicien déguisé en déporté juif (décidément, Desproges avait raison, on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui). Même Jean-Marie Le Pen, présent dans la salle, a trouvé cela "peut-être un petit peu choquant".
Combien dans le public de Dieudonné savent-ils que celui-ci a été exclu de l'association Euro-Palestine pour ses fréquentations d'extrême-droite et négationnistes ?
Voilà pour l'ignorance. La manipulation, on l'a vue à l'oeuvre après le baptême de la fille de Dieudonné, dont le parrain n'est autre que le même Jean-Marie Le Pen. Après l'événement, on a vu circuler une vidéo, un extrait de spectacle dans lequel Dieudonné brouillait les cartes et présentait cette histoire de parrainage - sans jamais la nier explicitement - comme une invention destinée à faire parler de lui. Résultat, on a eu droit à des centaines de commentaires sur le thème "Dieudo est génial, il a fait gober ce canular à ces imbéciles de journalistes" - bien que Le Pen, tout comme des religieux catholiques, aient bien confirmé que oui, le parrainage en question n'était pas un canular mais bien une réalité. Notons en marge que la cérémonie était dirigée par l’abbé Laguérie, intégriste qui avait célébré en 1996 les obsèques du bourreau pro-nazi Paul Touvier.

De beaux voyages...

Faurisson, que Dieudonné accueille sur les photos ci-dessus, faisait partie en 2006 des négationnistes qui se sont rendus en Iran pour participer à la conférence organisée par Ahmadinejad.. Tiens, coïncidence, Dieudonné s'est lui aussi rendu en Iran en 2006, et il a participé la même année à une manifestation de soutien au régime iranien avant de retourner en visite de grande sympathie à Téhéran en 2007. Ce qui serait piquant si ce n'était ignoble, c'est que Dieudonné se présente comme un défenseur de la liberté d'expression, et qu'il sympathise avec un régime dont Amnesty International note : "Ces dernières années, de nombreuses personnes ont été victimes d'arrestation arbitraire, de procès inéquitable et d'emprisonnement pour avoir simplement exprimé leurs convictions.(...) Au nombre des autres sujets de préoccupation d'Amnesty International, citons la détention prolongée, souvent assortie d'un maintien au secret, le recours à la torture et aux mauvais traitements contre les prisonniers et notamment l'application de peines cruelles, inhumaines et dégradantes". L'Union Européenne a condamné "la fermeture de journaux, de magazines et de l’agence de presse "Iranian Labour News Agency" ainsi que les arrestations et les persécutions dont font l’objet des journalistes, des blogueurs et des défenseurs des droits de l’homme". Dieudonné se rend aussi, en 2006, et joue, en 2008, en Syrie, dont Amnesty International note que les tribunaux "prononcent souvent des peines d'emprisonnement très sévères à l'encontre des personnes soupçonnées d'être des opposants au régime", et où les journalistes et blogueurs ont souvent les honneurs des cellules. Le chevalier de la libre expression fera le voyage de 2006 en compagnie d'Alain Soral (dont l'itinéraire a erré du Parti Communiste au Front National et à la fondation de sa propre association « néonationaliste »), de Thierry Meyssan (oui, l'homme de "L'Effroyable Imposture", ) et de Fréderic Chatillon, jadis étoile du Groupe Union Défense, le GUD, formation de l'extrême droite française dont la dialectique s'exprimait notamment par la batte de base-ball. (Il est vrai que la libre expression, Dieudonné en a montré sa conception quand il a affirmé - évidemment sans aucune preuve - que Bruel soutenait personnellement l'armée israélienne (sic) et que le chanteur trouvait normal "qu'on tue des enfants palestiniens". Bruel, qui avait fait jouer ensemble, en symbole de paix, un pianiste israélien et un pianiste palestinien, n'a pas apprécié, et cette diffamation a valu une condamnation à Dieudonné).

... et de curieuses alliances

C'est donc une inquiétante nébuleuse qui se coagule autour de l'humoriste politicien : le gratin du Front National côtoie (dans un espace VIP, quand même) les jeunes des banlieues lors de spectacles-meetings, les conspirationnistes du 11 septembre font leur jonction avec l'ultra-droite (logique, ça), un site catholique intégriste qui soutient l'évêque négationniste Williamson (oui, celui de la gaffe du Pape) exulte devant le baptême célébré par l'abbé Laguérie et salue en Dieudonné un "national-révolutionnaire"... Cette ratatouille ne plaît pas à tout le monde, y compris chez ceux auxquels le public de Dieudo est susceptible de prêter l'oreille : le rappeur Joey Starr déclare : "On se demande s'il n'a pas confondu combat et fonds de commerce", le comédien Thomas N'gijol (qui est d'origine camerounaise, comme Dieudonné) s'exclame : "Il y a une arabe sur les affiches du FN, Dieudo fricote avec Le Pen, et y'a un rasta (NB : Doc Gynéco) à L'UMP... Moi je sais pas où je vais finir, c'est vrai ! Au Ku Klux Klan, peut-être ? ". N'empêche que ces voix discordantes sont loin de couvrir les rugissements d'un public conquis d'avance parce qu'il croit se reconnaître dans le manipulateur qui arpente la scène. Dieudonné, drapé dans la bannière de l'antisionisme, banalise auprès de ces jeunes une extrême-droite qui pourtant a autant de haine pour les beurs et les blacks que pour les juifs, qui titre toujours que "L'Immigration Ruine la France" ou que "Sarkozy veut métisser les français, pas les arabes", etc. Jeu de manipulations complexes dans lesquels on trouve aussi bien des personnages douteux en quête d'un nouvel avenir politique que des Etats à la recherche de leviers en Europe. Dieudonné se présente comme un candidat anti-sioniste, c'est un escroc et il importe que, comme la liste Euro-Palestine, les organisations qui soutiennent la lutte des Palestiniens le dénoncent comme tel.
Mots-clef : Dieudonné, Saint-Josse, élections européennes, Soral, Meyssan, GUD, FN, Le Pen, anti-sionisme

Robert Johnson : Sweet Home Chicago


Une voix haut perchée, plutôt fine, une guitare acoustique Gibson L1, et 27 ans d'existence : c'est peu, selon les standards d'aujourd'hui, pour laisser une trace dans l'histoire de la musique. Robert Johnson (1911 - 1938) n'eut pas besoin de plus pour laisser un sillage qui éblouit encore. Vous trouverez plus de détails à son sujet ici et sur bien d'autres pages : l'oeuvre de ce musicien est l'une des fondations du blues et du rock. Innombrables sont les adaptations de ses compositions, comme par exemple ce "Sweet Home Chicago".

Keith Richards, des Rollingstones, a paraît-il demandé la première fois qu'il a entendu Johnson " Who's the other guy playing with him ? ", "Qui est l'autre type qui joue avec lui ? " - or Johnson jouait seul...
Cette vidéo comporte quelques "trous" dans le son, mais les images d'époque ont trop de charme...



Mots-clef :

mardi 24 mars 2009

Buddy Guy, Eric Clapton etc : Sweet Home Chicago


Vous avez bien la version originale de Robert Johnson dans l'oreille, celle qui figure dans l'article précédent ? OK. Laissez passer quelques années, nous voici à Dallas en 2004, pour le Crossroad Guitar Festival. Et revoici "Sweet Home Chicago". Aux guitares, Buddy Guy (en grande forme !) et Eric Clapton, mais aussi Robert Cray (noir à la chemise blanche), Jim Vaughan (blanc à la chemise noire - frère de feu Stevie Ray Vaughan) ; le monsieur très cool qui porte un chapeau et un costume est Hubert Sumlin, moins connu mais grande pointure.



Mots-clef : Buddy Guy, Eric Clapton, Jim Vaughan, Robert Cray, Robert Johnson, Hubert Sumlin, blues, sweet home chicago

mercredi 11 mars 2009

Vidéo : Miles Davis, Coltrane etc. : So What


Premier morceau de l'album Kind Of Blue (1959), "So What" est un tournant du jazz, improvisation modale sur une grille d'accords simplissime, par des musiciens qui se fatiguaient des labyrinthes harmoniques du bop.

Miles Davis - of course -, maître de cérémonie, à la trompette, John Coltrane - of course - au saxo, Winton Kelly au piano, chacun hallucinant dans son genre... Davis qui revient dans le solo de piano, rien qu'avec les deux notes du riff... Le thème qui survit à la fin sur la basse solitaire de Paul Chambers, soutenue par la seule batterie de Jimmy Cobb... Beauté, exploration, fièvre sereine.





Mots-clef : Miles Davis, John Coltrane, Kind of Blue, So What, modal, jazz

Vidéo : So What, Herbie Hancock and Friends


Hé oui, encore le "So What" de la vidéo précédente ! Encore que ... ce n'est pas tout à fait le même, et ce n'est rien de le dire ! Cette fois, le maître de cérémonie s'appelle Herbie Hancock, et si l'ombre de Davis plane sur la scène, l'esprit comme le tempo sont pour le moins plus âpres que dans sa version, à faire rugir le public qui encaisse cette coulée de lave.

Tony Williams aux drums, Wayne Shorter au sax, Wallace Roney à la trompette (est-ce l'une de celles qu'il reçut de Miles ?), Ron Carter à la basse, et évidemment au piano, Hancock qui décolle d'une façon incroyable aux environs de 8'00.





Mots-clef : Herbie Hancock, Tony Williams, Wayne Shorter, Wallace Roney, Ron Carter, jazz, so what

Pétition : régularisation des sans-papiers !


« Je soutiens les sans-papiers sur leur chemin vers la dignité... ». Un badge et une pétition en faveur de l’application de l’accord de gouvernement sur la régularisation des sans-papiers. Pour rappeler au Premier Ministre, à la Ministre de la politique d’asile et de migration mais aussi à l’ensemble des membres du gouvernement les engagements qu’ils ont pris en mars 2008.

Pour une régularisation juste des sans-papiers !
Pour l’application de l’accord de gouvernement !
Pour des critères clairs !
Pour la prise en compte de l’ancrage durable !

Lancée le 16 janvier 2009, cette pétition avait reçu ce 11 mars reçu 11657 signatures. Le texte complet et la possibilité de signer électroniquement se trouvent ici. Attention, si vous vous demandez "Mais ne l'ai-je pas déjà signée ?", il est possible de lancer une recherche dans la liste des signataires, pour éviter les doublons.

Mots-clef : sans-papiers, pétition

Fortis : Banque Publique ?


Les "oui", les "non" et les "peut-être" se succèdent en ce moment concernant l'avenir de Fortis. L'on n'évoque guère, parmi les scénarios possibles, celui proposé dans Tribune, l'organe de la CGSP (Centrale Générale des Services Publics, syndicat membre de la Fédération Générale du Travail de Belgique), par le Vice-Président Fédéral Alain Lambert. Sa proposition a pourtant le mérite du bon sens. Je la lui emprunte et vous la soumets.

FORTIS, une banque publique ?
La chance à saisir !
Le fiasco du dossier Fortis est aussi une belle occasion pour l’État belge. Celle de prendre ses responsabilités en matière de politique économique ; celle aussi d’offrir aux petits épargnants la sécurité financière qu’ils méritent, via une grande banque publique. Fortis, mais aussi Dexia, Ethias ou encore KBC, ce sont plus de 20 milliards d’euros que nos gouvernements ont mis sur la table pour sauver les banques de la déroute. Chez nous, comme partout dans le monde, on assiste à la mise sous perfusion d’un système capitaliste à bout de souffle !
Sans même s’interroger sur l’opportunité de sauver le capitalisme (rappelons-le quand même, cette doctrine impose à tous les mêmes lois que la guerre : chacun pour soi et que le plus fort - le plus riche - gagne ; tout va s’autoréguler), les gouvernements ouvrent largement les bourses publiques. Par contre, ces mêmes gouvernements invoquent les « nécessaires équilibres budgétaires » lorsqu’il s’agit de venir en aide aux plus démunis...
Et quand l’État met la main au portefeuille, qui doit se serrer la ceinture in fine ? Les services publics, bien sûr ! Tant les agents que les usagers. Des usagers des services publics qui sont généralement déjà parmi les plus faibles au sein de notre société.
Autrement dit, une fois de plus, Reynders, l’homme qui continue à parler à l’oreille des riches, affaiblit encore les plus démunis pour renforcer les mieux nantis parmi les nantis !
Car c’est bien le contribuable qui paie la facture de la faillite de la sacro- sainte « autorégulation des marchés » chère au néolibéralisme. Alors que les banques continuent à frauder le fisc sans vergogne par le biais des paradis fiscaux pour assurer leur sauvetage, l’État n’a pas hésité à s’endetter lourdement. Résultat, toujours pas de lutte contre la grande fraude fiscale et l’augmentation de la charge de la dette publique est passée à 450 millions d’euros, soit un coût annuel de 100 euros par ménage (selon le bureau fédéral du plan) ! Merci Didier Reynders.
Alors nous pensons que, puisque le contribuable paie, il doit en bénéficier : l’État est aujourd’hui propriétaire de Fortis à 100%, et bien qu’il le reste !
Pourquoi une banque publique ?
L’État pourra ainsi en maîtriser les flux financiers, participer aux bénéfices et les réinvestir dans des projets éthiques, utiles sur le plan social et en faire profiter les citoyens et les travailleurs. Pour justifier les milliards injectés dans les banques, notre libéral ministre des finances a expliqué vouloir avant tout protéger les épargnants. Peut-être. Mais en cédant ensuite cette banque après l’avoir assainie à BNP Paribas, il privatise une fois de plus une entreprise après en avoir collectivisé les pertes !
Protéger les petits épargnants, ce serait plutôt leur offrir la sécurité et la solidité d’une vraie banque publique. Le « non » des actionnaires de Fortis à BNP Paribas nous en donne l’occasion. En devenant une banque publique,Fortis devrait aussi se recentrer sur les missions essentielles d’une banque : récolter l’argent sous forme de dépôts et le transformer en crédits, afin d’encourager les investissements dans des projets éthiques de développement durable qui, à leur tour, viendront soutenir l’emploi.
Épargner, en toute sécurité...
En tant qu’organisme public, Fortis banque pourrait être gérée sans impératifs de profits à court terme.Elle pourrait alors bannir de ses préoccupations toute activité spéculative et ainsi éviter de faire courir à ses clients des risques qu’ils n’ont pas choisis. Souvenons-nous du temps où la loi belge distinguait clairement épargne et finance,interdisant même aux banques de mélanger les genres.Les épargnants avaient alors le choix de prendre des risques ou non avec leurs économies en choisissant les banques où les déposer. Aujourd’hui, ils n’ont plus le choix puisque la loi permet aux banques d’épargne de se lancer dans les spéculations financières sans aucun gardefou. Et elles ne s’en privent pas.Ainsi, même si les petits épargnants ne veulent pas spéculer, les banques le font avec leur argent mais certes pas pour eux : le but est bien de maximiser les profits de la banque, pas de l’épargnant. On a vu le résultat ! Une banque publique fonctionne avec une tout autre approche.
À chacun son métier...
Ce n’est pas le métier des pouvoirs publics, rétorqueront certains. Mais ce n’est pas ce qu’on leur demande répondrons-nous. L’Autorité publique n’est là que pour baliser les objectifs de l’institution bancaire : priorité aux projets économiques et sociaux et non à la réalisation de bénéfices à court terme. Les parlementaires auront un rôle primordial à jouer en exerçant un contrôle démocratique sur la banque publique qui doit rester au service de l’intérêt général, d’une économie durable et de l’emploi. Garder Fortis aux mains de l’État, ce serait aussi la garantie de maintenir le centre de décision en Belgique. Loin d’un retour en arrière, la création d’une banque publique se justifie aujourd’hui plus que jamais. Les banques
privées viennent elles-mêmes d’en faire la preuve ! La crise actuelle, véritable faillite du système capitaliste et de son dogme du marché autorégulé, fait elle-même la démonstration que les pouvoirs publics doivent, plus que jamais, maîtriser l’organisation de la société. Elle nous offre par là même une formidable occasion de réaffirmer haut et fort la légitimité des services publics en réponse aux besoins sociaux. Ne la manquons pas !
Alain Lambert,
Vice-président de la CGSP fédérale.

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