mercredi 3 décembre 2008

Ixelles : Massacre à la Bourde



Or donc, les vaillantes troupes déployées par la société ACIS se sont lancées aujourd'hui à l'assaut du charmant bâtiment néogothique dont une Commission de Concertation avait pourtant demandé la restauration. Voyez le chapitre précédent, le post : "Ixelles : Massacre à la Bétonneuse" (juste en dessous). Mais les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévu.

Bien que dans un état crève-coeur, le bâtiment ou ce qu'il en reste tient encore debout. Mais...

Mais n'empêche, les objectifs du jour ont été largement dépassés : les démolisseurs ont ... fait s'écrouler une portion du mur qui sépare le parc de la Maison de Retraite des demeures voisines, parsemant de gravats les jardins, en contrebas, de deux maisons dont les habitants sont évidemment ravis, trucidant un arbre innocent et suscitant de vives interrogations sur la capacité de résistance du restant de ce très long mur. (Cliquez l'image pour contempler ce moment de consternation dans toute sa splendeur).

Notons qu'au moment de l'exploit, aucun responsable ne se trouvait sur le chantier. De plus, alors qu'un architecte d'ACIS nous avait écrit le 13 octobre, en réponse à nos signes d'inquiétude : "ce mur qui ne présente aucun signe de faiblesse...", les ouvriers nous ont montré l'état lamentable du mortier en répétant que ce mur est "complètement pourri".

On imagine le résultat si un voisin s'était trouvé dans son jardin... Après cette franche réussite, les organisateurs planifieraient actuellement un tremblement de terre, un tsunami, et enfin un incendie de l'îlot, pendant lequel le futur directeur de la Maison de Retraite, tel Néron face à Rome en flammes, jouerait de la lyre sur la terrasse de son immeuble.
N'empêche que cette plaisanterie se fait sous la bannière de la société Galère SA, qui se présente comme l'une des principales firmes belges de construction, réalisatrice de tunnels routiers, de bâtiments publics, de tarmacs d'aéroport... Après ça, si j'apprends que mon avion va se poser sur un tarmac signé Galère, je saute en parachute.


Mots-clef : Ixelles, urbanisme, acis, Galère, patrimoine, Bruxelles, bruxellisation

lundi 1 décembre 2008

Ixelles : Massacre à la Bétonneuse


Il était une fois à Ixelles (Bruxelles) une petite rue... très petite, ou du moins très étroite, très serpenteuse, qui s'appelait la Petite Rue Malibran (du nom d'une feue cantatrice qui logea, chanta et aima non loin).

On y trouvait un petit parc pour enfants.
Des chats errants heureux.
Et souvent à la belle saison des musiciens qui tapaient sur des bambous en buvant des petits verres.



La Petite Rue Malibran était bordée d'un côté de maisonnettes coquettes, et de l'autre d'un bâtiment peu commun, en briques rouges, ancien, plein de caractère et très joli, dont vous verrez une partie si vous lisez la suite.

Tout cela était beau. Trop beau pour durer.



Car ce bâtiment faisait partie d'une Maison de Retraite et de Soins, dont
on s'aperçut un jour qu'elle pouvait devenir plus rentable. Evidemment, on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs, ni du fric sans casser du patrimoine. En 2006, la société ACIS (Association Chrétienne des Institutions Sociales et de Santé, Namur) obtint un permis d'urbanisme pour modifier ce vaste ensemble (6.964 m ² de logements), en clair : pour en démolir ce qu'elle pouvait en démolir.
Car, première bizarrerie de ce dossier, la très longue façade longeant la Petite Rue Malibran était classée, mais seulement en partie. La moitié "faisant le coin" avec la (grande) Rue Malibran était protégée, l'autre pas. Bien malin qui aurait pu dire pourquoi, les deux moitiés étant aussi différentes que les Dupond et Dupont. Le sort de la moitié non protégée fut réglé à coups de bulldozer, elle fut remplacée par un cube de béton. Cohérence avec l'environnement : zéro.

Pour la deuxième moitié, on appliqua l'irremplaçable recette que chante Claude Semal : "On a gardé la façade et bazardé le reste".

Résultat, bien sûr,

Le hiatus consternant
Entr' les deux bâtiments
Est tout à fait flagrant
Petite Rue Malibran.

Mais ce n'est pas tout...

A l'arrière de la Maison de Retraite et de Soins ( "MRS" ) se trouve un parc. Tout cela faisait un bel intérieur d'îlot, chargé d'ans, de lierre et d'atmosphère. Inutile de dire qu'une fois le cube de béton gris pondu, le charme néo-gothique de l'îlot fut broyé :





Mais parmi ce qui subsistait demeurait un vestige du passé, précieux, chéri des habitants, visible de loin : un bâtiment arrière, donc situé dans le parc, romantique en diable. Et pour cette construction, rien à craindre : la société ACIS s'était engagée à le restaurer !
Cette condition figurait dans le permis d'urbanisme, donc c'était sûr et certain (oserons-nous dire : "C'était du béton" ? ), le bâtiment serait non seulement maintenu, mais plus beau qu'avant, croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer.
Puisque c'était promis, pas de raison de s'inquiéter ; donc quand, dès le permis obtenu, ACIS eut pour premier soin de démolir la toiture de ce bâtiment, on se dit que ce devait être pour son bien, pour mieux le restaurer. Bien sûr, on n'avait pas placé de protection, pas même une bâche à la place du toit, il y pleuvait et neigeait, mais ces ingénieurs, ces architectes, c'est des pros, ils savent ce qu'ils font !


Ils le savaient. Nous pas. En 2008 (on en était en gros au milieu des travaux prévus), ACIS déposa une demande de modification au permis. Il n'y était plus question de rénover le bâtiment arrière, mais de le démolir et le remplacer par du béton gris ! Explication : tout compte fait, ce bâtiment était en trop mauvais état. Comme si on n'avait pas pu s'en rendre compte en 2005, quand les plans furent finalisés ! Et comme si la suppression du toit pendant deux ans n'était pour rien dans la dégradation ! Une Commission de Concertation (Commune, Institut Bruxellois de Gestion de l'Environnement, Service Monuments et Sites, Administration de l’Aménagement du Territoire et du Logement, Société de Développement Régional pour Bruxelles ) remit un avis défavorable à la modification, donc défavorable à la démolition, donc favorable au projet initial. On y lisait entre autres :
- ...qu'il s'agit d'un bâtiment arrière, sans doute destiné à l'origine à d'anciennes écuries et présentant un caractère pittoresque (...) ;
- qu'il convient de manière générale de préserver ce type de bâtiment constituant un témoin du bâti ancien de cette partie du territoire communal ;
- qu'il y a lieu de privilégier sa restauration, telle qu'elle était prévue dans le permis d'urbanisme délivré en 2006 ;
- qu'à défaut de sa restauration, il y a lieu d'en conserver sa trace par une stabilisation de la ruine ;
- que, si cela ne s'avère pas réalisable, la destination de cet espace à une zone de pleine terre plantée doit être privilégiée.

Peu après, une quinzaine de riverains signaient une lettre demandant que l'avis de la Commission soit respecté et que soient donc privilégiées soit la restauration promise en 2006, soit à défaut la stabilisation d'une ruine. Cette dernière solution, économique, devait pouvoir constituer un moyen terme acceptable pour tous.
Mais voilà, les bons ne gagnent que dans les westerns. En novembre 2008, la Commune d'Ixelles s'est refusée à suivre l'avis consultatif de la Commission de Concertation, ce qui est assez exceptionnel. ACIS a reçu l'autorisation de démolir. Seule limite : elle ne pourra pas construire un nouveau bâtiment à la place de l'ancien, elle devra mettre un espace planté.
Pour l'instant. Car ces événements prouvent qu'un permis d'urbanisme, à Ixelles, n'offre guère de garantie. Le maintien de la ruine avait pour avantage, à part l'esthétique et le maintien partiel du caractère de l'ilôt, de rendre impossible toute construction nouvelle à cet endroit. Sa disparition rendra possible le scénario suivant : une fois le bâtiment arrière démoli, ACIS pourra attendre quelques années, le Collège et le personnel de l'Urbanisme auront changé à Ixelles, l'oubli sera passé sur le dossier, on pourra alors demander discrètement une nouvelle modification du permis, et un nouveau cube de béton fleurira.

Recourir à la loi ? Selon un juriste spécialisé, la démolition du toit sans permis est une infraction et peut faire l’objet de poursuite devant le juge pénal. Ce qui signifie vraisemblablement qu'au bout d'années de procédure, la société responsable serait condamnée à une amende qui passerait inaperçue dans la masse de pareil budget. Ce n'est pas ça qui ferait repousser le bâtiment démoli. Quand on pense qu'un petit voleur, infiniment moins coupable, peut se retrouver en tôle...

Jadis, un monsieur Montesquieu avait écrit un livre intitulé « De l’Esprit des Lois ». Cela vous a aujourd’hui un de ces airs ringards…
Un peu comme la chanson de Dutronc :

Mais un jour, près du jardin,
Passait un homme qui, au revers de son veston,
Portait une fleur de béton.
Dans le jardin une voix chanta:
"De grâce, de grâce,
Monsieur le Promoteur,
De grâce, de grâce,
Préservez cette grâce".

En tout cas, comme le note sur son site l'ARAU (Atelier de Recherche et d'Action Urbaines), "Contrairement à ce que prétendent certains, la bruxellisation, bien que moins flagrante aujourd’hui, est toujours à l’œuvre."





Mots-clef : Urbanisme, Bruxelles, Ixelles, bruxellisation, environnement, commission de concertation, permis

mercredi 12 novembre 2008

..."si grossièrement interrompu..."


"Before We Were So Rudely Interrupted". D'accord, c'est le titre d'un album des Animals, mais d'où vient cette phrase devenue légendaire : "Before I was so rudely interrupted" ? Elle est citée dans des dizaines de textes, mais apparemment personne ne se souvient de sa jolie histoire, qui n'a rien à voir avec le rythm 'n blues et est née dans des circonstances bien plus tragiques qu'une session d'enregistrement...

L'expression est due à Bill Connor (photo), chroniqueur à partir de 1935 dans les pages du London Daily Mirror. Connor, sous le pseudonyme de Cassandra, était connu pour égratigner jusqu'au sang ses victimes avec une plume trempée dans le vitriol. La guerre le força à changer d'arme, il quitta son bureau pour l'habitacle d'un tank, puis reprit le stylo, mais au service d'information de l'armée. La paix revenue, il réintégra la Rédaction du Mirror, et entama sa première colonne par ces mots "Comme je le disais avant d'être si grossièrement interrompu,..." ("As I was saying before I was so rudely interrupted..."), interrompu bien sûr par la déclaration de guerre. Une légende urbaine attribue aujourd'hui la phrase à une speakerine de la BBC, ce que la BBC elle-même a démenti, mais sans rétablir la vérité. Plus de détails sur Bill Connor dans les archives de Time Magazine .
Enfin, si l'album des Animals porte ce titre, c'est parce qu'il fut enregistré, en 1977, après une longue séparation du groupe.

Mots-clef : guerre mondiale, grande-bretagne, journalisme, citations, Histoire

La Shoah gommée dans les écoles britanniques ???


"Cette semaine en Angleterre tous les programmes relatifs à la commémoration de la Shoah ont été retirés de certains établissements scolaires, avec pour motif que cela ’heurte’ la population musulmane, qui renie l’existence de la Shoah". Info ou intox ?

On ne peut pas passer son temps à démasquer ici tous les canulars qui circulent sur le Web, mais celui-ci est particulièrement consternant. L'information est fausse et a été abondamment démentie (comment peut-on croire que le Ministère britannique de l’Education prendrait une pareille décision ?).
Cette information date de mars 2007, et donc cela fait un bon moment que "cette semaine" est passée. Ensuite, il ne s'agit pas de "tous les programmes relatifs à la commémoration de la Shoah", ni du motif explicitement invoqué, mais de (selon la presse anglaise de l'époque - le Times de Londres) :

"Teachers are dropping controversial subjects such as the Holocaust and the Crusades from history lessons because they do not want to cause offence to children from certain races or religions, a report claims. (...) The report, produced with funding from the Department for Education, said that where teachers and staff avoided emotive and controversial history, their motives were generally well intentioned. (...)However, it was concerned that this could lead to divisions within school, and that it might also put pupils off history." (Times On Line)

"Des instituteurs évitent dans les leçons d'histoire des sujets matière à controverse tels que la Shoah et les Croisades, parce qu'ils ne veulent pas offenser les enfants de certaines races ou religions, affirme un rapport. (...) Ce rapport, produit avec l'appui du Ministère de l'Education, disant que là où des professeurs et le personnel évitait une histoire controversée et à contenu émotionnel, leurs motifs partaient généralement d'une bonne intention (...) Néanmoins, ce rapport se préoccupait de ce que ceci pouvant conduire à des divisions à l'intérieur des écoles, et aussi mener des élèves à se désintéresser de l'histoire."

Source :
http://www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/education/article1600686.ece


Voyez des explications détaillées, avec références précises, ici . Comme beaucoup de hoaxes (canulars) relayés à l’infini par des mails de personnes qui ne les vérifient pas, il s’agit d’une déformation, mal intentionnée, qui vise clairement à accroître les tensions entre communautés.

Mots-clef : shoah, antisémitisme, grande-bretagne, times, histoire, éducation

mardi 11 novembre 2008

Environnement : Vers le Désastre ?


Claude Lorius a été le premier à établir un lien expérimental entre changements climatiques et concentrations des gaz à effet de serre. Il reçoit en cette fin 2008 l'une des plus prestigieuses récompenses internationales dans le domaine de l'environnement, le prix Blue Planet. Le journal Le Monde l'interviewe à cette occasion. De quoi vous gâcher la soirée ...

"Honnêtement, je suis très pessimiste... d'ici la fin du siècle un bond climatique qui pourrait être équivalent à celui que la planète a franchi en dix mille ans ... C'est sûr, nous aurons des catastrophes, des cataclysmes, des guerres. Les inondations, les sécheresses, les famines s'amplifieront,... La moindre velléité de mettre une taxe sur les 4×4 rend les politiques fébriles de devenir impopulaires... J'étais confiant dans notre capacité à trouver une solution. Aujourd'hui, je ne le suis plus... sauf à espérer un sursaut inattendu de l'homme. ". Seule trace d'optimisme de ce scientifique de premier plan : il pense ... que l'homme va survivre ! Mais dans quel contexte !
En tout cas, ce n'est pas sans un changement radical de politique qu'on évitera la catastrophe. Et un changement radical de politique implique des changements politiques
radicaux ...
Lire l'interview.

Mots-clef : Environnement, effet de serre, Le Monde, politique, énergie

mercredi 5 novembre 2008

Un Fantôme sur CNN


Interviewer un correspondant en direct, dialoguer avec lui en studio, cela n'a rien d'original. Quand Wolf Blitzer, pendant la nuit des élections US, s'entretient avec Jessica Yellin qui se tient face à lui, voilà qui paraît fort classique, sauf que l'image de l'interviewée est un peu étrange, entourée d'un léger halo, et que quelques secondes plus tôt, là où se tient maintenant la jeune femme, il n'y avait rien...

En fait, la correspondante n'est PAS en studio. Elle a semblé (voir la vidéo ci-dessous) s'y matérialiser au moment où le présentateur l'a annoncée, mais en réalité, elle est à Chicago, et le studio CNN est à New York. Ce qui fait face à Blitzer, c'est une projection holographique. Le dialogue a bien lieu en direct, mais l'image de l'interviewée est reconstituée par 35 caméras placées selon des angles soigneusement choisis pour reconstituer en trois dimensions toute la silhouette de Jessica Yellin. Les images sont ensuite traitées par une vingtaine d'ordinateurs. Evidemment, cette prouesse technique a dû coûter une fortune, mais que ne ferait-on pas pour attirer de l'audience en pareille soirée ? Au delà du gadget "Guerre des Etoiles", cette technique recèle très probablement de nombreuses possibilités applicables quand son prix aura baissé. Encore l'exploit avait-il lieu dans le cadre austère d'une émission d'information politique, mais on peut rêver à ce qu'elle donnera dans un programme moins sérieux, puisqu'on pourra agrandir, rapetisser, dilater l'image de la personne "téléportée", la placer dans le lustre ou sur l'épaule du présentateur... Bon, bien sûr, cela engloutit des millions alors que des tas de gens n'ont pas accès à l'eau potable. Ça vous dérange ?


Mots-clef : télévision, TV, CNN, hologramme, interview, media

mardi 4 novembre 2008

Coussins pour PC


Cela paraît tout à fait idiot, ce ne l'est pas. Installer votre portable sur un coussin n'est pas dû à une tendance à le gâter, mais à une précaution : le dessous d'un portable peut devenir très chaud... au point d'occasionner des dégâts si on le dépose sur les cuisses et contre le bas-ventre.

La chaleur dégagée peut ne pas faire sentir immédiatement ses effets, qui peuvent affecter entre autres la fertilité masculine. J'ai même lu sur un blog (mais on lit tant de choses sur les blogs) le cas d'un malheureux réalisant trop tard que sa virilité n'était plus brûlante, mais douloureusement brûlée. Plusieurs compagnies (Targus, Belkin, Intelligentforms...) mettent désormais en vente des coussins aux propriétés isolantes (celui de la photo est apparemment plus efficace que discret). Si vous utilisez souvent votre portable sur un canapé, dans l'avion, dans le train, l'investissement ne sera peut-être pas inutile.

Mots-clef : ordinateurs portables, portables, santé, chaleur, coussin

Printemps de Prague + 40 (Colloque)


Le Printemps de Prague (et les chars soviétiques), Solidarnosc (et Jaruzelski), les dissidences (et leur répression)... Un temps fabuleux de fièvre et d'espoir, où nous voulions voir se dessiner les contours d'un socialisme démocratique qui ne pouvait plus tarder... Le bilan n'est pas tout à fait ce qu'on espérait. Mais quel fut l'impact de cette floraison sur les gauches en Belgique et à l'Ouest ?

C'est la question dont on débattra pendant deux jours à l'ULB (Université Libre de Bruxelles) ces 21 et 22 novembre. Titre exact de la rencontre "L'Autre Printemps : Les changements en Europe de l'Est et les gauches à l'Ouest (1965- 1985)". L'affiche est constellée d'étoiles de première grandeur (pour ceux qui s'intéressent à cette problématique) : Jean-Marie Chauvier, Peter Uhl, Catherine Savary, Louis Van Geyt, Bruno Vinikas, José Gotovitch, Jacques Moins, Willy Estersohn, Jules Pirlot, Claude Renard, Marc Abramowicz, Robert Falony, Susa Nudelhole, Jean Paul Van Keerberghen, Paul Van Praag, Nadine Gouzée-Cermak, François Martou, Eva Hudova, Cécile Rolin, René Marchandise, Georges Dobbeleer, Jos Beni, Mateo Alaluf, Pieter Lagrou. Détails ici .

Mots-clef : Printemps de Prague, Solidarnosc, dissidents, Europe de l'Est, URSS, gauche

dimanche 2 novembre 2008

Du Poison dans l'Huile ?



Dans les supermarchés, du poison s'offre désormais au rayon des huiles ! L'appétissant liquide doré recèle en fait de l'huile de moteur ! En tout cas, c'est la teneur d'un mail que, scénario commun, on renvoie d'une boîte à lettres à des dizaines d'autres ("Faites suivre à tout votre carnet d'adresses !"). En résumé (le texte complet figure plus bas), la société Lesieur aurait acheté sciemment de l'huile frelatée parce que celle-ci était bon marché, et cette huile aurait contenu de l'huile de moteur ! L'intox est-elle dans l'huile ou dans l'information ?
(Photo du plat empruntée sur ce blog, merci !)



Des tests auraient démontré que cette huile était frelatée, mais (je cite)
" Ces empoisonneurs dont l'avidité autant que la veulerie sont sans limite, ont néanmoins décidé d'utiliser sciemment cette huile pour composer leurs produits de merde. Le pire, c'est qu¹ils ont eu l'accord des autorités (françaises et européennes) qui ont décrété que tant que les produits n'en contenaient pas plus de 10%, personne ne devait tomber trop malade
".


L'info part pourtant d'une source éminemment respectable : le Canard Enchaîné, hebdomadaire français connu pour ses "tuyaux" qui embarrassent souvent bien des institutions et des gens en place. Mais ici, à partir d'un fait réel, le Canard semble avoir plongé beaucoup trop loin, et l'auteur du mail en a rajouté quelques hectolitres.
On peut d'ailleurs se poser une question : l'affaire remonte à avril. On est en octobre. Cette info a été reprise sur des milliers de sites et de blogs, et par Libé, Le Point, Le Figaro, etc. - qui n'ont pas recoupé, et adoptent depuis un silence embêté. Comment se fait-il que l'on n'ait pas recensé, suite à cette terrible contamination, le moindre malaise ?
En fait, la société importatrice Saipol a constaté la fraude et a averti la Répression des Fraudes, deux semaines après l'importation. Apparemment, l'huile en question ne présente pas d'intérêt financier particulier.
Quant à la nocivité, je me suis livré à une tentative de calcul à la grosse louche.
Les teneurs en huile minérale atteignaient selon les analyses 4060 ppm (milligrammes par kilo) dans les huiles brutes et "de 0 à1100 ppm" dans l’huile raffinée.

Soit au maximum, pour un kilo d'huile contaminée, 1.1 gramme d'huile minérale. Comme la tolérance de l'UE va jusqu'à 10% d'huile ukrainienne, cela fait 1.1 gramme pour 10 kilos d'huile commercialisée, à supposer que les 10% d'huile provenant d'Ukraine soient atteints, soit environ une proportion d'un dix-millième. Quelle quantité gargantuesque de mayonnaise faut-il ingurgiter pour avaler dix kilos d'huile, donc 1.1 gramme d'huile minérale ? La consommation moyenne d'un adulte est en Europe de 1 gr d'huile par jour et par kilo de poids. Soit une absorption d'un dix-millième de gramme (0.0001 gr.) d'huile minérale par kilo (0.0080 gr pour un individu de 80 kilos), si l'on ne consomme que de l'huile contenant de l'huile provenant de la fraude.
Le tract parle de faire ingurgiter 100 grammes d'huile par habitant de la France. Cela représente 100 jours, au bout desquels ce Français qui n'aurait consommé, quotidiennement, que de l'huile contenant de l'huile provenant de la fraude aura absorbé en tout 0.8 gr. d'huile minérale, dont les analyses publiées par les laboratoires consultés affirment qu'elle ne contient pas de produit dangereux, ce à quoi je n'ai trouvé aucun démenti.
Le tract parle d'huile de moteur, ce qui a été démenti formellement. En fait il s'agit d'huile minérale à haute viscosité, et "Huile minérale" ne signifie pas automatiquement "huile de moteur" (ou comme dans certaines versions "huile de vidange" ! ). On utilise de l'huile minérale contre la constipation des bébés, c'est je suppose une huile assez différente de la 15-40...
Selon le tract, le stock d'huile contaminée serait de 40.000 tonnes. J'ai d'ailleurs lu le double dans une autre version. Les chiffres de la Répression des Fraudes sont 16.000 + 2.800.
En Belgique, le sénateur Josy Dubié a posé une question orale à la
Ministre des PME, des Indépendants, de l'Agriculture, et de la Politique Scientifique Mme Laruelle à propos de cette affaire.
Plus de détails ? Voyez
ici
et ici
puis ici
encore ici
encore un...
et ici
et celui-ci
un dernier pour la route ?
Le texte original :
Boycotter Lesieur, Amora, Fruit d¹or, Saupiquet,
> et tous les empoisonneurs cyniques...une nécéssité? !?
>
> Rappelons brièvement les faits :
>
> - La société Saipol, propriétaire de la marque Lesieur, et grossiste en
> huile, a acheté à vil prix un lot de 40 000 tonnes d¹huile de tournesol
> ukrainienne.
> - Exerçant son métier, cette société a revendu avec profit cette huile à
> d¹autres multinationales de l'agroalimentaire.
> - Un contrôle a posteriori a mis en évidence la présence frauduleuse dans
> ce lot
> d'huile minérale destinée à la lubrification des moteurs.
> - Même s¹il n¹est pas établi que ce mélange peu ragoûtant soit méchamment
> toxique, eussions nous eu affaire à des gens responsables que ce lot eût
> immédiatement rejoint la seule destination qui lui seyait : la poubelle.
> - Que croyez-vous qu¹il arriva ? Ces empoisonneurs dont l¹avidité autant
> que la veulerie sont sans limite, ont néanmoins décidé d¹utiliser sciemment
> cette huile pour composer leurs produits de merde.
> - Le pire, c'est qu¹ils ont eu l¹accord des autorités (françaises et
> européennes) qui ont décrété que tant que les produits n¹en contenaient pas
> plus de 10%, personne ne devait tomber trop malade.
> - Ils ont 40000 tonnes à écouler, un peu plus de 5000 pour la seule France.
> Cela fait environ 100 grammes de saloperie par habitant
> à faire ingurgiter !
> - La Grèce, dont les autorités semblent moins irresponsables que les
> nôtres, vient de réagir et d¹interdire l¹utilisation de tous les lots depuis
> le 1er janvier.
> Mais chez nous, dans nos hypermarchés, il y a donc en ce moment dans des
> produits contaminés à l'huile de moteur !
> C'est le Canard Enchaîné qui a révélé l¹affaire il y a 2 semaines, avec des
> reprises le jour même dans la presse nationale. Puis plus rien, tout le
> monde s'en fout.
> La semaine dernière, le Canard publie une liste de marques et des types de
> produits concernés. Aucune réaction cette fois:
> Enfin hier, le Canard publie des notes internes de l'ANIA (Association
> Nationale des Industries Alimentaires), qui montrent l'envers du décor,
> comment les industriels vivent la crise, en chiant dans leur froc et priant
> que l¹info ne soit pas reprise et que le temps efface rapidement cette
> histoire.
> Il a été décidé hier en réunion de crise à l'ANIA de ne pas répondre au
> Canard enchainé formellement. Un projet de communiqué de presse, préparé la
> semaine dernière, a été réactualisé.
> Le communiqué de presse ne sera pas diffusé en proactif. Nous attendons la
> prochaine parution du Canard Enchaîné et les éventuelles reprises par la
> presse pour réagir.²
> ³Par rapport à l¹article de mercredi dernier,cette nouvelle parution
> n¹apporte pas d¹éléments clés supplémentaires et n'est pas à la Une du
> journal. En revanche, de nombreuses marques sont citées, ainsi qu¹une liste
> à la Prévert de nombreux produits incorporant de l'huile de tournesol, ce
> qui n¹était pas le cas la semaine dernière mais que l'on craignait
>
> Ces gens là sont capables d¹importer n'importe quelle denrée alimentaire de
> l'autre bout du monde, dans le seul but de gagner de l'argent. Ils n'ont
> plus la moindre emprise sur la 'traçabilité' des produits qu¹ils achètent
> ainsi, qui peuvent être trafiqués, bourrés de pesticides ou de n'importe
> quelle autre merde. Et qu¹ils ne viennent pas prétendre le contraire,
> puisque cette sombre affaire en fournit une preuve éclatante.
>
> D'ailleurs un produit importé au prix le plus bas est une quasi certitude
> de mauvaise qualité doublée d¹exploitation des humains qui ont servi à le
> produire, triplée d'une pression sur l'emploi et le salaire des salariés
> français.
>
> Ce sont les mêmes qui vendent leurs produits au prix fort en geignant sur
> la hausse des matières premières, et nous gavent de pubs ineptes avec
> enfants blonds et mamans épanouies qui éprouvent un plaisir intense à
> bouffer leurs saloperies suremballées dans d'affriolants plastiques aux
> couleurs vives.
> Il faut lutter contre ces pratiques ! Ils faut lutter contre ces salopards
> ! Et il faut rappeler à Monsieur Delanoë que c¹est ça, le libéralisme !
> Comme on l'a vu, leur plus grande trouille est que le nom des marques
> s'ébruite, ce qui pourrait occasionner une baisse de leurs ventes et de
> leurs sacro-saints profits, qui les aveuglent à un point tel qu'ils sont
> capables pour cela d¹empoisonner leurs clients sans remords.

> Alors dénonçons les, ces sinistres pleutres ! Et vous camarades lecteurs,
> relayez l'information ! Selon vos moyens, parlez-en autour de vous, dans
> vos blogs, dans vos journaux, et surtout, CITEZ LES MARQUES, c¹est de ça
> dont ils ont la trouille !

(NB : les informations étant fausses, nous ne reprenons pas la liste des marques. De plus, pour citer Hoaxkiller, "les marques citées dans le message en circulation ne sont pas celles contenant assurément de l'huile contaminée mais une liste arbitraire de marques appartenant à l'importateur et à certains de ses clients, aussi en les boycottant le consommateur risque tout autant d'abandonner des produits contenant une huile pure au profit de produits qu'il cherche à éviter, quand bien même il en resterait encore dans les rayons des hypermarchés.")

Mots-clef :
huile, huile frelatée, huile de moteur, Saipol, Lesieur, boycott, hoax, intox

samedi 1 novembre 2008

Ecosocialisme : Le Rouge et le Vert


Pas facile, en politique, de marier les concepts "gauche" et "écologie". Au niveau des grands partis, on se rappelle les douloureuses convulsions par lesquelles, en Belgique, le PS et Ecolo se sont détachés l'un de l'autre après de bréves épousailles. Mais dans les nébuleuses où circulent les petites organisations radicales, ce n'est pas toujours le grand amour entre Verts et Rouges.

A la gauche de la gauche règne une vision inspirée de Marx, et les marxistes ont glosé par centaines sur le "développement des forces productives". Voilà qui suscite la méfiance de certains écologistes. A leurs yeux, le projet socialiste n'est que le revers de la médaille productiviste, et aboutirait à épuiser les ressources naturelles avec autant d'aveuglement que le fait actuellement le capitalisme. (Il est vrai que l'exemple désolant de l'URSS semble leur donner raison). C'est la décroissance qu'il faut organiser ! A quoi les marxistes répliquent qu'ils n'ont rien à voir avec le désastre stalinien, que la croissance des forces productives ne signifie rien en soi, qu'ils veulent l'accompagner d'un bouleversement des rapports sociaux qui permettra justement de rompre avec le productivisme destructeur qui règne actuellement, et que la décroissance n'est qu'une illusion réactionnaire qui amènerait à abandonner tout progrès social.
Faut-il plaider pour une fin de la croissance ? La question sera posée à Bruxelles, le samedi 8 novembre. La LCR belge organise un Colloque "Climat et écosocialisme", et l'un des ateliers de l'après-midi portera sur la question d'éventuelles limites à la croissance. Mais d'autres thèmes intéressants seront abordés entre 10 h et 18 h, par une quinzaine de conférenciers et animateurs. Détails ici.

Mots-clef :

Ceci n'était pas une pipe...


La plupart des hoaxes (canulars, rumeurs circulant sur l'Internet) sont inintéressants. Autant en épingler un, qui circule depuis longtemps, mais qui a au moins le mérite de faire sourire. Lorsque Neil Armstrong posa le pied sur la lune en 1969, il déclara bien sûr : "Un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l'humanité". Mais il aurait ajouté "Bonne chance Mr Gorsky !" Qui était Gorsky ???

Monsieur et Madame Gorsky étaient les voisins de Neil Armstrong lorsqu'il était petit. Et un jour, jouant dans son jardin, le futur astronaute serait entré discrètement dans la propriété d'à côté pour récupérer sa balle et aurait surpris, par la fenêtre d'une chambre, cette phrase prononcée d'un ton irrité par Mme Gorsky à l'égard de son mari : "Une fellation ("oral sex") ??? Tu en auras une le jour où le gosse d'à côté marchera sur la Lune ! ". Il n'aurait pas oublié, et aurait rappelé à son ex-voisin la promesse de son épouse, de la Lune à la Terre, en ce jour historique de 1969.
Superbe histoire, totalement fausse. Neil Armstrong l'a toujours démentie. De plus, on peut réécouter l'enregistrement de la conversation entre la NASA et son envoyé spécial, Monsieur Gorsky n'y apparaît pas. Ce qui n'empêche pas l'histoire de continuer à circuler. Au moins, se non e vero, e bene trovato...

Mots-clef : Humour, Neil Armstrong, Lune

Blues : BB King, Beck et Clapton en public... (vidéos)


Si vous n'aimez pas le blues, si les solos brûlants vous laissent de glace, vous n'avez aucune raison de lire la suite.


J'ai été un peu surpris, en regardant ce duo BB King - Jeff Beck (Paying The Cost To Be The Boss), par la technique de ce dernier : voyez les gros plans sur sa main droite (ça démarre aux environs de 3:00, il remet ça vers 4:00), il utilise apparemment un plectre au pouce, plus par moments deux autres doigts. Il paraît que c'est sa technique favorite. Pas commun, et éblouissant. (voir importantes précisions ci-dessous *)


Par contre, ici (Further On Up The Road), en duo avec Clapton, Beck tient un plectre (solo à 1:50) entre pouce et index, comme tout le monde quoi...



Enfin, offrons-nous le plaisir de retrouver
Beck et Clapton, plus Doyle Bramhall II, en public dans "Cause We've Ended As Lovers", composition de Stevie Wonder que Beck avait enregistrée sur "Blow By Blow" (reprise par entre autres ... Gato Barbieri), et ici Beck, bien que jouant beaucoup moins de notes à la seconde que Clapton, est bouleversant.



Sachez enfin que parmi ses plus importantes influences, Beck classe ... Cliff Gallup et Johnny Meeks, guitaristes de Gene Vincent (que j'ai vu mais trop jeune pour me rappeler si c'était avec les "vrais" Blue Caps). Muddy Waters disait "The Blues had a child and they named it Rock 'n Roll". Ici, c'est un peu "Rock 'n roll had a child and they named it the Blues..."
(*) Jerry Lee Marcel, sur la liste LCDB@yahoogroupes.fr, me fournit les explications que voici, merci à lui :
"La technique onglet (thumbpick) + un ou deux doigts, agrémentés ou non d'onglets (fingerpicks) n'est pas inhabituelle. On connait bien sur Merle Travis, Chet Atkins, mais aussi Ike Everly (le père des Everly Brothers). Cliff Gallup s'est approprié cette technique. Aujourd'hui Brent Mason est le plus médiatisé des proposants de cette technique, mais il y a quelques milliers de guitaristes de rockab' qui l'utilisent, souvent en complément d'autres techniques la plus courante en country est médiator + majeur. C'est la technique officielle de James Burton, mais aussi Arlen Roth et Brad paisley, etc.
En blues, le plus connu est Amos Garrett, qui utilise deux fingerpicks à l'index et au majeur; ceux ci sont des fingerpicks de dobro, aplatis et montés sur l'ongle (alors que la posture normale est sur la pulpe)
Tu as vu Gene quand tu étais petit, çà doit être il y a très longtemps :-) . Moi aussi.
Ce serait très étonnant que tu l'aie vu avec Gliff Gallup, car celui-ci n'est resté que quelques mois avec Gene, et s'est empressé de retourner dans sa cambrousse, détestant les tournées et être hors de sa famille. Dans ces quelques mois il a gravé quelques uns de plus beaux actes guitaristiques de l'histoire. (race with the devil, Lotta lovin', etc) et est devenu la référence absolue pour des milliers de gringalets genre George Harrison, Jeff Beck, Brian Setzer, etc..."


Mots-clef : Blues, guitare, Jeff Beck, BB King, Eric Clapton

Elvi$$$$$$


La revue Forbes vient de publier sa liste annuelle des morts les plus riches, et après avoir été brièvement détrôné par Kurt Cobain (chanteur de Nirvana) en 2006, Elvis a réintégré sa place de Crésus des disparus. Virginmedia note avec un humour délicat "Il est de nouveau fermement sur le trône - c'est normal, c'est là qu'il est mort".


Economiquement, The Pelvis tient la grande forme : il a rapporté en un an 52 millions de dollars, 3 de plus que l'an dernier. Lui qui n'avait "que" 5 millions sur son compte à sa mort en 1977 - ce qui était toujours mieux que son premier salaire, gagné comme camionneur. De nouvelles générations découvrent l'idole 55 ans après ses débuts, ses disques continuent à partir comme des petits pains, les produits à son image aussi, les visiteurs se bousculent à Graceland et une radio uniquement consacrée à Elvis Aaron Presley a même vu le jour. On peut y entendre Robert Plant (ex-chanteur de Led Zeppelin) raconter la rencontre entre son groupe mythique et le mythe vivant. Il décrit Elvis comme tout autre chose qu'une marionnette sans cervelle - un être plein d'humour, de modestie, de dynamisme, et d'une culture encyclopédique concernant la musique qu'il aimait - .
Pour en revenir à la liste Forbes, le deuxième nom qui y figure est infiniment moins connu, c'est celui de Charles Schulz. Qui ? C'est le monsieur qui a créé les Peanuts : Snoopy, Charlie Brown, Lucy etc. Ensuite viennent Heath Ledger, Einstein (!)... John Lennon, septième du classement, verse ses sous posthumes à des mouvements pacifistes (9 millions annuels de dollars ne sont visiblement pas suffisants pour pacifier la planète).
Sexisme pas mort (lui) ! Une seule femme figure dans la liste des dix fantômes les plus rupins, l'increvable (ahem) Marylin Monroe. Mais avec 6 maigres millions de dollars et une 9ème place...

Mots-clef : Elvis Presley, Forbes, Dead celebrity rich list

mercredi 1 octobre 2008

Merci Marc Moulin


Coup de cafard, coup de blues, coup du sort, coup en traître : Marc Moulin nous a quittés, en coup de vent - peu après que je me sois dit "Je vais le contacter, ça fait des années que je ne l'ai plus vu". Je pique sur un forum ce joli hommage : " Moulin avant... Alors , comme ça t'es parti sans prévenir produire le prochain Nougaro avec Miles Davis chez Paradis productions ? Faudra nous faire écouter ça .... Merci Marc d'avoir tracé la voie , je te suis à l'oreille ".

A l'immense brassée d'hommages mérités rendus à ses talents, son humour, son intelligence, j'ajoute une toute petite pincée marginale : m'intéressant à la technique, j'avais apprécié que Marc - qualité plus rare qu'on pourrait le croire - ne soit pas de ces intellectuels / artistes pour qui un potentiomètre, c'est pour les techniciens. Il vivait avec joie le rapport entre l'instrument technologique et le créateur. Tôt dans les années '80, il parlait déjà avec un enthousiasme souriant des perspectives que lui ouvrait en musique son ordinateur Commodore, et m'avait répondu avec patience et passion lors d'une interview à propos de son studio personnel.
Pour revenir à des points sans doute plus fondamentaux, je copie honteusement Bernard Hennebert, de qui Marc Moulin avait préfacé récemment un livre, pour souhaiter que l'on republie son essai "La Surenchère - L'Horreur Médiatique", analyse de la dérive des média mais aussi de ce qui la porte, livre paru en 1997 chez Labor. Et tant qu'à rester dans le sillage de Hennebert, je cite comme lui ces lignes lucides qu'on n'a probablement pas mentionnées lors des hommages rendus par la RTBF : "...La RTBF, comme presque tous les services publics, est victime d’une libéralisation mal comprise et mal conçue. Aujourd’hui, on aperçoit enfin comment l’argent fait main basse sur les dernières sources de richesses qui ne lui appartenait pas encore (postes, chemins de fer, énergie, eau, etc...). La privatisation des services publics fonctionne sur le mode du pillage.
Voilà pourquoi à la RTBF, 25% des ressources en publicité orientent 75% au moins des programmes. Et voilà pourquoi Jean-Paul Philippot demande plus de pub et plus “d’indépendance” (comprenez: moins de comptes à rendre). Qu’on aime ou non la publicité, on n’a jusqu’ici quasiment jamais évité qu’elle produise cette “logique” dévastatrice. L’Allemagne, quasi seule, a réussi son passage à la publicité dans la radio-télévision de service public. Voilà pourquoi elle est aussi la seule à avoir arrêté la retransmission du Tour de France quand il n’a plus été possible de le défendre en tant que compétition sportive.
La pub n’est ni mauvaise, ni méchante. Elle n’a jamais empêché la qualité de l’info dans les grands quotidiens. Mais il faut la craindre dans les médias à zapette, ceux qui n’ont pas la force de résister à ses déviances.
Il faut donc sauver la RTBF, et qu’elle fasse retour au non-marchand, qui est son lieu de naissance et sa maison. Ce n’est pas utopique. Cela consistera à supprimer des programmes que seule la pub a fait naître, et des personnels et moyens que seule la pub a engagés.
".
Marc fut aussi Moulin à poivre par ses roboratives "Humoeurs" publiées dans Télémoustique, mais ici, il y a de quoi faire une grimace : on n'en trouve apparemment plus que trois sur le site du magazine. Pour les autres, cliquer sur leur titre ne m'a valu que des messages d'erreur ou des pages blanches ! Réparer d'urgence s'il vous plaît...
La photo - nostalgie - montre Marc, un Melodica à la main, et votre serviteur à Bilzen, lors du Festival de Jazz de 1971.


Mots-clef : Marc Moulin, media, musique, jazz, électro, RTBF, Télémoustique, Consoloisirs

samedi 5 janvier 2008

Le Hoax de la Station Delta


C'est pour son malheur que Daniel Fontyn, 48 ans à l'époque, est passé le soir du 27 avril 2007 dans les couloirs déserts de la station de métro Delta, à Bruxelles. Il y a eu des mots avec un groupe de jeunes gens ivres, qui l'ont roué de coups et l'ont laissé pour mort. La victime ne peut aujourd'hui plus marcher, a perdu la mémoire et ne peut plus vivre seul, ni gérer ses affaires. Sa vie va désormais se dérouler dans un home. Aujourd'hui, un mail vengeur circule, reproduit sur d'innombrables sites : "HONTE A LA JUSTICE BELGE !" On y lit en grosses lettres que les agresseurs n'ont été condamnés qu'à des peines avec sursis et ne passeront donc pas un seul jour en prison. Scandale ou intox ?

C'est évidemment faux.
A. Les agresseurs ont été condamnés le 19 décembre 2007 à des peines de 3 à 5 ans de prison avec sursis pour ce qui excède la préventive. Citons la Dernière Heure du 10 janvier 2008 :"Détails (si l'on décortique la peine, les sursis, la détention préventive) : Nicolas M., 19 ans, devra purger une peine de 20 mois de prison. Il est toujours détenu à la prison de Forest. Jérémy S., 19 ans, devra purger encore 18 mois de prison (avec conditions). Il est toujours à la prison de Forest. Nicolas P., 19 ans, a obtenu un sursis... Il est donc en liberté. Manoë R., 19 ans, qui n'a jamais fait un seul jour de prison, a été condamné à une peine de 150 h de travail. Il est donc libre". (N.B. Ce dernier a été condamné non pour agression, mais pour non-assistance à personne en danger).
B. Le 9 mai, la Cour d'Appel a alourdi les peines : 8, 7 et 6 ans de prison. La peine en jours de travail a été aggravée. Aucun mail n'a circulé pour le signaler. Et le premier circule évidemment toujours

Remarques : 1. Le premier jugement était paru dans toute la presse, l'auteur ne pouvait l'ignorer. Ce mensonge fleure bon la manipulation : "Merci à Laurette pour sa merveilleuse justice, merci aux socialistes et aux autres pour leur politique laxiste au possible, merci aux médias pour faire bien trop souvent l'impasse sur des événements aussi terrifiants que celui-ci, et surtout : merci aux citoyens de continuer à voter pour les mêmes imbéciles, encore et encore" . Ah bon, il faut voter pour qui ?
2. Ce message ne dit pas un mot sur l'insécurité que la STIB laisse régner dans ses stations. La scène a été filmée, mais il n'y avait personne pour intervenir. Ce sont des passants qui ont découvert la victime, inanimée, et qui ont appelé des secours. La STIB a pourtant les moyens : en huit ans, la fréquentation de ses lignes a augmenté de 70% ; elle a commandé en janvier 2008 pour 250 millions d'euros de matériel roulant, et d'autres emplettes vont suivre. Quant aux grandes gares de chemin de fer, elles tiennent souvent, le soir, de la Cour des Miracles.
3. Comme si souvent, ce mail circule comme une traînée de poudre. Autant on apprend facilement à cliquer "Forward", autant presque personne n'a envie de vérifier une info avant de la transférer. C'est pourtant facile de taper quelques mots dans un moteur de recherche. Ici, la vérification était encore plus facile : il suffisait d'ouvrir le site d'un journal belge et de rechercher le mot "Delta".

Et bien sûr, si vous signalez à quelqu'un qu'il a transmis un "hoax" (rumeur, canular Internet) à tout son carnet d'adresses, ne comptez pas trop sur lui pour qu'il transmette le démenti à ses correspondants - qui transmettront le hoax à toutes leurs connaissances, qui elles-mêmes...-.

Photo DHnet.be


Mots-clef : métro, delta, faits divers, violence, justice.